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OnconnaĂźt la rĂ©ponse du Christ lorsqu’on lui pose la question du plus grand commandement de la loi : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cƓur, de toute ton Ăąme et de toute ta pensĂ©e. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme. De ces deux commandements
“Le plus grand des trois, c’est l’amour” “Or maintenant demeurent la foi, l’espĂ©rance, l’amour, ces trois-​lĂ ; mais le plus grand des trois, c’est l’amour.” — 1 CORINTHIENS 1313. 1. Qu’a dĂ©clarĂ© un anthropologue Ă  propos de l’amour? UN ANTHROPOLOGUE de renommĂ©e mondiale a dĂ©clarĂ© “Pour la premiĂšre fois dans l’histoire de notre espĂšce, nous nous rendons compte que de tous les principaux besoins psychologiques de l’homme, le plus grand est le besoin d’amour. Il est le centre de tous les besoins humains, tout comme le soleil est le centre de notre systĂšme planĂ©taire. ... L’enfant qui a Ă©tĂ© privĂ© d’amour est trĂšs diffĂ©rent, du point de vue biochimique, physiologique et psychologique, d’un enfant qui a Ă©tĂ© aimĂ©. MĂȘme sa croissance est diffĂ©rente. Nous savons Ă  prĂ©sent que l’ĂȘtre humain est nĂ© pour mener une existence oĂč vivre et aimer sont synonymes. Bien sĂ»r, ceci n’est pas nouveau. Ce n’est que la confirmation du Sermon sur la montagne.” 2. a En quels termes l’apĂŽtre Paul a-​t-​il montrĂ© l’importance de l’amour? b Quelles questions mĂ©ritent maintenant considĂ©ration? 2 Effectivement, comme ce savant l’a reconnu, cette vĂ©ritĂ© concernant l’importance que l’amour revĂȘt pour le bonheur des humains n’est pas nouvelle. Les scientifiques viennent peut-ĂȘtre seulement de la dĂ©couvrir, mais elle est exprimĂ©e dans la Parole de Dieu depuis plus de 19 siĂšcles. C’est pourquoi l’apĂŽtre Paul put Ă©crire “Or maintenant demeurent la foi, l’espĂ©rance, l’amour, ces trois-​lĂ ; mais le plus grand des trois, c’est l’amour.” 1 Corinthiens 1313. Savez-​vous en quoi l’amour est plus grand que la foi et l’espĂ©rance? Pourquoi peut-​on dire que l’amour est le plus grand des attributs de Dieu et des fruits de son esprit? Quatre sortes d’amour 3. Quels exemples d’amour romanesque trouve-​t-​on dans la Bible? 3 La facultĂ© d’aimer dont les humains sont dotĂ©s est une expression de la sagesse de Dieu et de l’intĂ©rĂȘt empreint d’amour qu’il leur porte. Les Grecs de l’AntiquitĂ© avaient quatre mots pour dĂ©signer l’“amour”. L’un d’eux Ă©tait Ă©rĂŽs, qui dĂ©signe l’amour romanesque liĂ© Ă  l’attrait sexuel. Les rĂ©dacteurs des Écritures grecques chrĂ©tiennes ne l’ont pas employĂ©, quoique la Septante utilise des termes qui en sont dĂ©rivĂ©s en Proverbes 718 et 3016, et qu’il soit question de l’amour romanesque dans certains passages des Écritures hĂ©braĂŻques. Par exemple, nous lisons qu’Isaac “tomba amoureux” de RĂ©becca GenĂšse 2467. Un exemple tout Ă  fait remarquable de ce genre d’amour apparaĂźt dans l’histoire de Jacob qui, semble-​t-​il, tomba amoureux de la ravissante Rachel dĂšs qu’il la vit. D’ailleurs, “Jacob servit sept ans pour Rachel, mais Ă  ses yeux ils parurent comme quelques jours Ă  cause de son amour pour elle”. GenĂšse 299-11, 17, 20. Le Cantique des cantiques dĂ©crit aussi l’amour romanesque d’un berger et d’une jeune fille. Mais on ne saurait trop insister sur le fait que ce genre d’amour, qui peut procurer beaucoup de satisfaction et de joie, ne doit se manifester qu’en accord avec les justes principes de Dieu. Selon la Bible, c’est uniquement par l’amour de sa femme lĂ©gitime qu’un homme peut ĂȘtre “constamment grisĂ©â€. — Proverbes 515-20. 4. Quels exemples d’amour familial les Écritures donnent-​elles? 4 Il y a aussi le puissant amour familial. Les Grecs dĂ©signaient cette affection naturelle fondĂ©e sur les liens du sang par le mot storgĂȘ. C’est cet amour qui est Ă  l’origine du dicton “La voix du sang parle plus haut que les autres.” Nous en avons un exemple remarquable dans l’amour que Marie et Marthe Ă©prouvaient pour leur frĂšre, Lazare. Il leur Ă©tait trĂšs cher, car elles pleurĂšrent beaucoup sa mort soudaine. Et quelle ne fut pas leur joie quand JĂ©sus le ramena Ă  la vie Jean 111-44! L’amour maternel est un autre exemple de ce genre d’amour voir 1 Thessaloniciens 27. C’est pourquoi, afin de souligner la profondeur de son amour pour Sion, JĂ©hovah dĂ©clara qu’il Ă©tait plus grand encore que celui d’une mĂšre pour son enfant. — ÉsaĂŻe 4915. 5. Comment le manque d’affection naturelle est-​il manifeste de nos jours? 5 Le manque d’“affection naturelle” est une indication que nous vivons “les derniers jours”, marquĂ©s par des “temps dĂ©cisifs et durs”. 2 TimothĂ©e 31, 3. Il amĂšne des jeunes Ă  s’enfuir de chez eux, et des adultes Ă  nĂ©gliger leurs parents ĂągĂ©s voir Proverbes 2322. Il se traduit Ă©galement par un nombre alarmant d’agressions d’enfants — certains Ă©tant si violemment battus par leurs parents qu’ils doivent ĂȘtre hospitalisĂ©s. Le manque d’amour se voit aussi par le fait que de nombreux parents ne disciplinent pas leurs enfants. Laisser les enfants agir Ă  leur guise n’est pas une marque d’amour, mais revient Ă  suivre la voie de la facilitĂ©. Un pĂšre qui aime vraiment ses enfants les discipline quand cela s’avĂšre nĂ©cessaire. — Proverbes 1324; HĂ©breux 125-11. 6. Donnez des exemples bibliques d’affection entre amis. 6 ConsidĂ©rons maintenant le mot grec philia, qui dĂ©signe l’affection sans aucune connotation sexuelle entre amis, deux femmes ou deux hommes mĂ»rs par exemple. Nous en avons un excellent exemple dans l’amour que David et Jonathan Ă©prouvaient l’un pour l’autre. Lorsque Jonathan fut tuĂ© Ă  la guerre, David le pleura en ces termes “Je suis dans l’angoisse pour toi, mon frĂšre Jonathan, tu Ă©tais pour moi plein de charme. Ton amour Ă©tait pour moi plus merveilleux que l’amour des femmes.” 2 Samuel 126. Nous apprenons aussi que le Christ Ă©tait particuliĂšrement attachĂ© Ă  l’apĂŽtre Jean, qui est connu comme le disciple “pour qui JĂ©sus avait de l’affection”. — Jean 202. 7. Quel genre d’amour le mot agapĂȘ dĂ©signe-​t-​il, et comment cet amour se manifeste-​t-​il? 7 Quel mot grec Paul a-​t-​il utilisĂ© en 1 Corinthiens 1313, oĂč il mentionne la foi, l’espĂ©rance et l’amour, puis ajoute que “le plus grand des trois, c’est l’amour”? Le mot employĂ© ici est agapĂȘ, le mĂȘme que l’apĂŽtre Jean employa quand il dĂ©clara “Dieu est amour.” 1 Jean 48, 16. Il s’agit d’un amour guidĂ© ou dominĂ© par les principes. Il peut ou non s’accompagner d’affection et de tendresse, mais correspond Ă  un sentiment dĂ©sintĂ©ressĂ© qui pousse Ă  faire du bien aux autres quels que soient leurs mĂ©rites ou les avantages qu’on peut en retirer. C’est cet amour qui incita Dieu Ă  donner celui qu’il avait de plus cher, son Fils unique, JĂ©sus Christ, “afin que quiconque exerce la foi en lui ne soit pas dĂ©truit, mais ait la vie Ă©ternelle”. Jean 316. Comme Paul nous le rappelle fort justement, “à peine ... quelqu’un mourra-​t-​il pour un homme juste; pour un homme bon, oui, peut-ĂȘtre quelqu’un osera-​t-​il mourir. Mais Dieu nous recommande son propre amour en ce que Christ est mort pour nous alors que nous Ă©tions encore pĂ©cheurs”. Romains 57, 8. En effet, l’amour agapĂȘ pousse celui qui l’éprouve Ă  faire du bien aux autres quelle que soit leur position sociale et quoi qu’il lui en coĂ»te. Plus grand que la foi et l’espĂ©rance — Pourquoi? 8. Pourquoi l’amour agapĂȘ est-​il plus grand que la foi? 8 Mais pourquoi Paul dit-​il que cet amour agapĂȘ est plus grand que la foi? Il Ă©crit en 1 Corinthiens 132 “Si j’ai le don de prophĂ©tie, et que je connaisse tous les saints secrets et toute connaissance, et si j’ai toute la foi de maniĂšre Ă  transporter des montagnes, mais que je n’aie pas l’amour, je ne suis rien.” Voir Matthieu 1720. De fait, si nos efforts pour acquĂ©rir la connaissance et croĂźtre dans la foi Ă©taient motivĂ©s par un dĂ©sir Ă©goĂŻste, ils ne nous vaudraient aucun bienfait de la part de Dieu. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, JĂ©sus montra que certains prophĂ©tiseraient en son nom, expulseraient des dĂ©mons en son nom et feraient de nombreuses Ɠuvres de puissance en son nom’, mais qu’ils n’auraient pas son approbation pour autant. — Matthieu 722, 23. 9. Pourquoi l’amour est-​il plus grand que l’espĂ©rance? 9 Pourquoi l’amour agapĂȘ est-​il Ă©galement plus grand que l’espĂ©rance? Parce que l’espĂ©rance peut ĂȘtre Ă©gocentrique, nourrie par une personne qui se soucie avant tout de son avantage personnel, alors que l’amour “ne cherche pas son propre intĂ©rĂȘt”. 1 Corinthiens 134, 5. En outre, l’espĂ©rance — comme celle de survivre Ă  la “grande tribulation” et d’entrer dans le monde nouveau — disparaĂźt quand elle se concrĂ©tise Matthieu 2421. C’est ce que Paul explique en ces termes “Car nous avons Ă©tĂ© sauvĂ©s dans cette espĂ©rance; mais une espĂ©rance qui se voit n’est pas une espĂ©rance; en effet, quand quelqu’un voit une chose, est-​ce qu’il l’espĂšre? Mais si nous espĂ©rons ce que nous ne voyons pas, nous continuons Ă  l’attendre avec endurance.” Romains 824, 25. L’amour, quant Ă  lui, endure tout, et il ne passe jamais 1 Corinthiens 137, 8. L’amour dĂ©sintĂ©ressĂ© agapĂȘ est donc plus grand que la foi ou l’espĂ©rance. Plus grand que la sagesse, la justice et la puissance? 10. Pourquoi peut-​on dire que l’amour est le plus grand des quatre principaux attributs de Dieu? 10 ConsidĂ©rons maintenant les quatre principaux attributs de JĂ©hovah Dieu la sagesse, la justice, la puissance et l’amour. Peut-​on dire Ă©galement que l’amour est le plus grand d’entre eux? Sans aucun doute. Pour quelle raison? Parce que l’amour est la force qui est Ă  l’origine des actions de Dieu. C’est pourquoi l’apĂŽtre Jean Ă©crit “Dieu est amour.” Effectivement, JĂ©hovah est la personnification de l’amour 1 Jean 48, 16. Nulle part dans les Écritures nous ne lisons que Dieu est sagesse, justice ou puissance. Par contre, il y est dit que JĂ©hovah possĂšde ces qualitĂ©s Job 1213; Psaume 1475; Daniel 437. Ces quatre attributs sont parfaitement Ă©quilibrĂ©s en lui. Par amour, JĂ©hovah accomplit ses desseins en se servant, ou en tenant compte, de ses trois autres attributs. 11. Qu’est-​ce qui a incitĂ© JĂ©hovah Ă  crĂ©er l’univers, ainsi que les crĂ©atures spirituelles et les humains? 11 Qu’est-​ce qui a incitĂ© JĂ©hovah Ă  crĂ©er l’univers, ainsi que les esprits et les humains intelligents? Sa sagesse? Sa puissance? Non, car Dieu se servit de ces deux attributs simplement pour crĂ©er. Par exemple, nous lisons “JĂ©hovah avec sagesse a fondĂ© la terre.” Proverbes 319. De plus, son attribut qu’est la justice ne l’obligeait pas Ă  crĂ©er des personnes dotĂ©es d’un sens moral et du libre arbitre. C’est son amour qui le poussa Ă  partager les joies de l’existence intelligente. C’est aussi par amour qu’il trouva un moyen pour ĂŽter la condamnation que la justice fit peser sur les humains Ă  cause de la transgression d’Adam Jean 316. C’est encore l’amour qui incita JĂ©hovah Ă  vouloir que les humains obĂ©issants vivent dans le Paradis terrestre Ă  venir. — Luc 2343. 12. Que devraient nous inspirer la puissance, la justice et l’amour de Dieu? 12 Dieu Ă©tant tout-puissant, nous n’osons pas le rendre jaloux. Paul demande “Excitons-​nous la jalousie de JĂ©hovah’? Sommes-​nous plus forts que lui?” 1 Corinthiens 1022. Bien sĂ»r, JĂ©hovah est “un Dieu jaloux”, non pas au mauvais sens du terme, mais en ce qu’il “rĂ©clame un attachement exclusif”. Exode 205; Traduction ƒcumĂ©nique de la Bible. Nous autres chrĂ©tiens, nous sommes impressionnĂ©s par les nombreuses manifestations de la sagesse inscrutable de Dieu Romains 1133-35. Le profond respect que nous avons pour sa justice doit nous tenir Ă©loignĂ©s du pĂ©chĂ© volontaire HĂ©breux 1026-31. Mais l’amour est sans conteste le plus grand des quatre principaux attributs de Dieu. Et c’est cet amour dĂ©sintĂ©ressĂ© de JĂ©hovah qui nous attire Ă  lui et nous donne le dĂ©sir de lui plaire, de l’adorer et de participer Ă  la sanctification de son saint nom. — Proverbes 2711. Le plus grand des fruits de l’esprit 13. Quelle place l’amour occupe-​t-​il parmi les fruits de l’esprit de Dieu? 13 Quelle place l’amour occupe-​t-​il parmi les neuf fruits de l’esprit de Dieu Ă©numĂ©rĂ©s en Galates 522, 23? Ce sont, dit Paul, “l’amour, la joie, la paix, la longanimitĂ©, la bienveillance, la bontĂ©, la foi, la douceur, la maĂźtrise de soi”. À juste titre, il place donc l’amour en premier. Est-​ce Ă  dire que l’amour est plus grand que la joie, la qualitĂ© qu’il mentionne juste aprĂšs? Oui, car on ne peut Ă©prouver une joie durable sans amour. En rĂ©alitĂ©, si le monde est loin d’ĂȘtre joyeux, c’est Ă  cause de l’égoĂŻsme, du manque d’amour qui le caractĂ©rise. Par contre, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont de l’amour entre eux, et ils aiment leur PĂšre cĂ©leste. Il n’y a donc rien d’étonnant Ă  ce qu’ils soient joyeux. Il Ă©tait d’ailleurs annoncĂ© qu’ils pousseraient des cris joyeux, Ă  cause du bon Ă©tat du cƓur’. — ÉsaĂŻe 6514. 14. Pourquoi peut-​on dire que l’amour est plus grand que la paix? 14 L’amour est aussi plus grand que la paix, autre fruit de l’esprit. À cause du manque d’amour, le monde est le théùtre de dĂ©saccords et de luttes multiples. Toutefois, les serviteurs de JĂ©hovah sont en paix entre eux sur toute la terre. Dans leur cas se vĂ©rifient ces paroles du psalmiste “JĂ©hovah lui-​mĂȘme bĂ©nira son peuple par la paix.” Psaume 2911. S’ils possĂšdent cette paix, c’est parce qu’ils ont la marque distinctive des vrais chrĂ©tiens, savoir l’amour Jean 1335. L’amour seul peut surmonter tous les facteurs de division, que ce soit sur le plan racial, national ou culturel. Il constitue “un parfait lien d’union”. — Colossiens 314. 15. Comment le rĂŽle inĂ©galĂ© de l’amour ressort-​il quand on compare cette qualitĂ© Ă  la longanimitĂ©? 15 Le rĂŽle inĂ©galĂ© de l’amour ressort aussi quand on le compare Ă  la longanimitĂ©, l’endurance patiente du mal ou de la provocation. Être longanime, c’est ĂȘtre patient et lent Ă  la colĂšre. Qu’est-​ce qui fait que les gens sont impatients et prompts Ă  s’irriter? N’est-​ce pas le manque d’amour? À l’inverse, notre PĂšre cĂ©leste est longanime et “lent Ă  la colĂšre”. Exode 346; Luc 187. Pour quelle raison? Parce qu’il nous aime et “ne veut pas que quelqu’un soit dĂ©truit”. — 2 Pierre 39. 16. Quelle place l’amour occupe-​t-​il par rapport Ă  la bienveillance, Ă  la bontĂ©, Ă  la douceur et Ă  la maĂźtrise de soi? 16 Nous avons vu plus haut pourquoi l’amour est plus grand que la foi, et, pour les mĂȘmes raisons, il est supĂ©rieur aux derniers fruits de l’esprit, c’est-Ă -dire la bienveillance, la bontĂ©, la douceur et la maĂźtrise de soi. Toutes ces qualitĂ©s sont nĂ©cessaires, mais elles ne nous seraient d’aucun profit sans l’amour. C’est ce que Paul fait remarquer en 1 Corinthiens 133, oĂč il Ă©crit “Si je donne tout mon avoir pour nourrir autrui, et si je livre mon corps pour me glorifier, mais que je n’aie pas l’amour, cela ne me sert Ă  rien.” Par ailleurs, c’est l’amour qui produit les qualitĂ©s que sont la bienveillance, la bontĂ©, la foi, la douceur et la maĂźtrise de soi. VoilĂ  pourquoi Paul poursuit en disant que l’amour est bon et qu’“il supporte tout, croit tout, espĂšre tout, endure tout”. D’autre part, “l’amour ne passe jamais”. 1 Corinthiens 134, 7, 8. Sans conteste, les autres fruits de l’esprit sont des manifestations, ou des facettes, de l’amour, qui est mentionnĂ© en premier. Vraiment, des neuf fruits de l’esprit, l’amour est rĂ©ellement le plus grand. 17. Quelles dĂ©clarations bibliques confirment que l’amour est le plus grand des fruits de l’esprit? 17 Paul confirme que l’amour est le plus grand des fruits de l’esprit de Dieu quand il dit “Ne devez rien Ă  personne, sinon de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime son semblable a accompli la loi. En effet, le code Ă©crit ... se rĂ©sume en cette parole, Ă  savoir Tu devras aimer ton prochain comme toi-​mĂȘme.’ L’amour ne fait point de mal au prochain; l’amour est donc l’accomplissement de la loi.” Romains 138-10. De façon on ne peut plus appropriĂ©e, le disciple Jacques appelle cette loi ordonnant d’aimer son prochain comme soi-​mĂȘme “la loi royale”. — Jacques 28. 18. Quels autres tĂ©moignages montrent que l’amour est la plus grande qualitĂ© qui soit? 18 Disposons-​nous encore d’autres tĂ©moignages attestant que l’amour est la plus grande qualitĂ© qui soit? Certainement. ConsidĂ©rons ce qui se passa quand un scribe demanda Ă  JĂ©sus “Quel est le premier de tous les commandements?” Il s’attendait peut-ĂȘtre Ă  ce que JĂ©sus Ă©nonce l’un des Dix Commandements. Mais JĂ©sus cita DeutĂ©ronome 64, 5, et lui rĂ©pondit “Le premier c’est Entends, ĂŽ IsraĂ«l, JĂ©hovah, notre Dieu, est un seul JĂ©hovah, et tu dois aimer JĂ©hovah, ton Dieu, de tout ton cƓur, et de toute ton Ăąme, et de tout ton esprit, et de toute ta force.’” Puis JĂ©sus ajouta “Voici le second Tu dois aimer ton prochain comme toi-​mĂȘme.’ Aucun autre commandement n’est plus grand que ceux-lĂ .” — Marc 1228-31. 19. Quels sont certains des fruits remarquables de l’amour agapĂȘ? 19 Non, Paul n’exagĂ©rait pas quand, aprĂšs avoir mentionnĂ© la foi, l’espĂ©rance et l’amour, il dĂ©clara “Le plus grand des trois, c’est l’amour.” La manifestation de l’amour nous permet d’entretenir de bonnes relations avec notre PĂšre cĂ©leste et avec nos semblables, y compris avec les membres de la congrĂ©gation et de notre famille. L’amour a pour effet de nous Ă©difier. Et le prochain article montrera les nombreux bienfaits que l’amour vĂ©ritable peut procurer. Que rĂ©pondriez-​vous? ◻ En quoi l’amour est-​il plus grand que la foi et l’espĂ©rance? ◻ Qu’est-​ce que l’amour agapĂȘ, et comment se manifeste-​t-​il? ◻ Pourquoi l’amour est-​il le plus grand des quatre principaux attributs de Dieu? ◻ Sous quels rapports l’amour est-​il plus grand que les autres fruits de l’esprit? [Illustration, page 13] L’amour a incitĂ© Dieu Ă  crĂ©er les humains pour qu’ils vivent dans un paradis terrestre. EspĂ©rez-​vous y ĂȘtre un jour?
\n l amour est l accomplissement de la loi
0201/2016 14:42. Notre jeĂ»ne de 14 jours est fini, nous devons garder dans nos cƓurs les recommandations Ă  caractĂšre obligatoires du PĂšre, Ă©tant l’amour, l’unitĂ© et la sanctification.Le livre de 1 corinthiens 16 :9 nous dit « car une porte grande et d'un accĂšs efficace m'est ouverte, et les adversaires sont nombreux ».Le PĂšre nous a fait des promesses et nous
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RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s L’étude reprend la philosophie inaugurĂ©e par La rĂ©ciprocitĂ© des consciences 1942 en fonction de philosophies plus rĂ©centes de l’intersubjectivitĂ© E. LĂ©vinas et F. Jacques. AprĂšs avoir montrĂ© comment le caractĂšre fondamental de la rĂ©ciprocitĂ© fonde la causalitĂ© des personnes et se fonde sur le Dieu personnel et tripersonnel, elle revient d’une maniĂšre critique sur une possible mise en tutelle d’une pensĂ©e personnaliste par une pensĂ©e religieuse. L’amour n’aurait-il pas laissĂ© en retrait la rĂ©ciprocitĂ©, la personne la relation, la communion la communication, enfin l’intime le social ? On ne saurait pourtant oublier Maurice NĂ©doncelle. Il a dĂ©fendu avec raison une prioritĂ© de la rĂ©ciprocitĂ© sur l’altĂ©ritĂ©, dans l’intersubjectivitĂ© ; de la personne sur la nature, dans la thĂ©ologie ; de la souffrance sur le pĂ©chĂ©, dans la thĂ©odicĂ©e. The article takes up again the philosophy inaugurated by La RĂ©ciprocitĂ© des consciences 1942, taking into account more recent philosophical philosophies about intersubjectivity E. Levinas and F. Jacques. After clarifying how the basic character of reciprocity is the founding stone of the causality of the persons and is founded on the personal God in three persons, the study goes back to a criticism of a possible supervision of a personnalist way of thinking by a religious way of thinking. Love may have left reciprocity in the background, just like persons and relation, communion and communication, and finally privacy and the social field. Yet Maurice NĂ©doncelle cannot be left aside. He quite rightly defended the priority of reciprocity over alterity, within intersubjectivity; of the person over nature within theology; of suffering over sinning in the de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1 J. LACROIX retenait cette dĂ©signation en classant M. NĂ©doncelle parmi les philosophies de l’exist ... 2 Quand un philosophe accueille et distille Ă  sa maniĂšre dans sa philosophie le message surnaturel ... 1Maurice NĂ©doncelle 1905-1975 fut doyen de notre FacultĂ© de thĂ©ologie catholique entre 1956 et 1967. S’il y a enseignĂ© l’apologĂ©tique Ă  partir de 1945, il acquit une notoriĂ©tĂ© Ă  la fois par ses travaux sur le catholicisme anglais et ses recherches philosophiques sur l’intersubjectivitĂ©, celles-ci inaugurĂ©es par une thĂšse soutenue Ă  la Sorbonne en 1942 La rĂ©ciprocitĂ© des consciences. PubliĂ© Ă  plusieurs reprises dans la collection Philosophie de l’esprit », aux cĂŽtĂ©s de Lavelle et Le Senne, ses fondateurs, mais aussi de Forest, LachiĂšze-Rey, Nabert, Marcel, etc., NĂ©doncelle verra sa pensĂ©e qualiïŹĂ©e de philosophie chrĂ©tienne 1 », expression qu’il a lui-mĂȘme revendiquĂ©e et sur laquelle il s’est expliquĂ© 2. 3 La prĂ©sente initiative a Ă©tĂ© prise Ă  la suite d’une demande composer une notice et rĂ©unir quelque ... 2Bien que le centenaire de sa naissance soit restĂ© dans l’oubli, ou parce qu’il l’a Ă©tĂ©, l’idĂ©e m’est venue de relire sa philosophie de l’intersubjectivitĂ© Ă  partir de dĂ©veloppements plus rĂ©cents de l’intersubjectivitĂ© dans la philosophie 3. On nĂ©gligera donc les Ă©tudes relatives au catholicisme anglais, mĂȘme si la philosophie religieuse de H. Newman et de F. von HĂŒgel ne pouvait laisser indiffĂ©rent un penseur qui se refusait Ă  sĂ©parer la question de l’intersubjectivitĂ© et la question de Dieu. 3Avant de montrer comment s’est opĂ©rĂ© le passage d’une question Ă  l’autre, puis quelle en serait l’actualitĂ© ou l’inactualitĂ© philosophique, il convient de dĂ©ïŹnir le sens de la relecture annoncĂ©e. I. LE SENS D’UNE RELECTURE 4Il serait imprudent de prĂ©sumer chez une majoritĂ© des lecteurs une connaissance mĂȘme sommaire des thĂšses exposĂ©es dans La rĂ©ciprocitĂ© des consciences. Je n’entends pourtant pas sortir simplement NĂ©doncelle de l’ignorance ou de la mĂ©connaissance, en proposer une lecture de substitution, rĂ©pĂ©tition ou rectiïŹcation ; seulement rĂ©parer un oubli, rĂ©veiller un souvenir ou Ă©carter un malentendu. Relire une Ɠuvre est la lire dans un nouvel horizon de comprĂ©hension. Si cette lecture ne s’arrĂȘte pas Ă  faire apparaĂźtre la cohĂ©rence de l’Ɠuvre, elle cherchera Ă  en rĂ©vĂ©ler l’intĂ©rĂȘt de diffĂ©rentes façons en fonction des questions qu’elle pose ou qui sont Ă  lui poser ; en fonction de son traitement des sources ou de ses rapports Ă  un contexte ; en fonction encore de sa rĂ©ception ou non dans la communautĂ© et le monde de ses lecteurs contemporains ou postĂ©rieurs. C’est cette toute derniĂšre relecture qui nous retiendra reprendre le discours de NĂ©doncelle sur la rĂ©ciprocitĂ© interpersonnelle dans l’horizon d’une intersubjectivitĂ© communicante Ă©laborĂ©e, parfois de maniĂšre contradictoire, dans plusieurs philosophies signiïŹcatives de notre temps. 5Relire une Ɠuvre requiert toujours de la respecter. La nĂŽtre, chacun le reconnaĂźtra, n’a pas fait Ă©cole. Elle n’a guĂšre laissĂ© de traces dans la littĂ©rature philosophique ni hĂ©ritages, ni emprunts, ni inïŹ‚uence. Lorsqu’on cherche des antĂ©cĂ©dents Ă  la pensĂ©e de la rĂ©ciprocitĂ© des sujets, un autre nom s’impose, qui appartient Ă  la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente M. Buber. Ainsi privĂ©e d’appuis identiïŹables dans le prĂ©sent, une relecture de NĂ©doncelle ne risque-t-elle pas de cĂ©der Ă  une sollicitation arbitraire ? Trois choix doivent en effet ĂȘtre Ă©cartĂ©s Ă©tablir un rapport terme Ă  terme entre la pensĂ©e de NĂ©doncelle et des philosophies plus rĂ©centes ; soumettre la reprise de cette pensĂ©e Ă  une problĂ©matique qui lui Ă©tait Ă©trangĂšre ; inversement, la couper d’une dimension qu’elle tenait pour essentielle. Alors que la premiĂšre hypothĂšse ne prĂ©serverait pas la cohĂ©rence propre Ă  toute vraie philosophie, la seconde substituerait ici le langage Ă  l’existence comme lieu primordial de l’intersubjectivitĂ©, lĂ  oĂč la troisiĂšme sĂ©parerait la rĂ©ciprocitĂ© des sujets de celui que NĂ©doncelle afïŹrmait en ĂȘtre l’origine et la ïŹn absolues, Dieu. 6Si aucune de ces trois interprĂ©tations ne satisferait au respect dĂ» Ă  une Ɠuvre, comment demeure-t-il possible d’anticiper l’horizon actuel de l’intersubjectivitĂ© dans et pour une relecture de la philosophie de NĂ©doncelle ? Un regard rĂ©trospectif doit permettre uniquement de mettre en lumiĂšre des corrĂ©lations conceptuelles qui ont Ă©tĂ© plus tard dĂ©veloppĂ©es ou, au contraire, abandonnĂ©es. SĂ©lective, par contrainte autant que par dĂ©cision, l’interprĂ©tation assumera les obligations communes envers un texte. Les premiĂšres corrĂ©lations rĂ©uniront l’altĂ©ritĂ© et la rĂ©ciprocitĂ©, l’identitĂ© et la diffĂ©rence, l’intersubjectivitĂ© et la connaissance, le subjectif et le collectif. Les secondes feront reconnaĂźtre en Dieu et en lui seul la source Ă  la fois originaire et salutaire de l’intersubjectivitĂ©. La dĂ©marche annoncĂ©e se conïŹrme donc. Aussi prĂ©disposĂ© soit-il, seul un retour scrupuleux sur l’intersubjectivitĂ© selon NĂ©doncelle, ressaisie dans son immanence puis dans sa transcendance, permettra d’en dĂ©couvrir les ressemblances et dissemblances avec d’autres modĂšles philosophiques plus proches de nous. De la patience est requise pour discerner ce que notre philosophe a ouvert ou fermĂ©, mais aussi ce qui a Ă©tĂ© refermĂ© aprĂšs lui, avec le discrĂ©dit jetĂ© sur les philosophies dites religieuses ou chrĂ©tiennes. II. L’INTERSUBJECTIVITÉ CHEZ NÉDONCELLE 4 Une preuve Ă©loquente en est donnĂ©e par M. NÉDONCELLE, Philosophie de la religion », dans R. KLIBA ... 5 M. NÉDONCELLE, La rĂ©ciprocitĂ© des consciences. Essai sur la nature de la personne, Paris, Éd. Monta ... 7NĂ©doncelle a beaucoup Ă©crit durant les quelque trente annĂ©es qui ont suivi sa ThĂšse et sur les questions engagĂ©es par celle-ci. Il a repris ces questions Ă  leur racine, le fait fondamental et indĂ©montrable de la rĂ©ciprocitĂ©. Il en a explorĂ© les consĂ©quences personnalistes Ă  travers des Ă©tudes sur la ïŹdĂ©litĂ©, l’amour ou la priĂšre. Il les a aussi Ă©largies vers d’autres questions, en particulier celle du rapport des personnes Ă  l’ĂȘtre. Il leur a enïŹn intĂ©grĂ© des rĂ©ïŹ‚exions suscitĂ©es par l’actualitĂ© philosophique, y compris les Ă©crits de J. Lacan et de E. LĂ©vinas. Il faut relever l’étendue de la culture de NĂ©doncelle, largement europĂ©enne 4. Les limites, toutes relatives, de la prĂ©sente Ă©tude la justiïŹent pourtant de privilĂ©gier deux ouvrages La rĂ©ciprocitĂ© des consciences et Vers une philosophie de l’amour et de la personne. Quelques autres titres apporteront parfois conïŹrmations ou complĂ©ments 5. 1. L’intersubjectivitĂ© dans son immanence 8Remettant Ă  un second parcours la relation de l’intersubjectivitĂ© Ă  Dieu, par la mĂ©diation des valeurs et des maux, notre premier parcours doit parler successivement de la rĂ©ciprocitĂ© a, de la personne b, de la connaissance c, ïŹnalement de la sociĂ©tĂ© d. Le choix de ces thĂšmes et de leur ordre rĂ©pond pour une part au caractĂšre rĂ©trospectif de notre Ă©tude. La derniĂšre partie en montrera les raisons. 9Une lecture mĂȘme distraite des seuls titres et sous-titres des livres de NĂ©doncelle indique que le centre de sa pensĂ©e a Ă©tĂ© la personne. C’est la personne qui est vouĂ©e Ă  un amour aspirant Ă  l’éternitĂ©. Sans aucune dĂ©pendance Ă  l’égard du mouvement suscitĂ© par E. Mounier, la philosophie de NĂ©doncelle a Ă©tĂ© et s’est laissĂ© identiïŹer sous le vocable de personnalisme chrĂ©tien promotion d’une personne pour laquelle se pose la question du salut mais qui demeure Ă  distance de toute collectivitĂ© ou communautĂ©. Si l’identitĂ© personnelle de l’étant humain a Ă©tĂ© et est restĂ© le pivot de cette philosophie, celle-ci a trouvĂ© son commencement dans un donnĂ© fondamental, un fait primitif et indĂ©montrable l’existence d’une rĂ©ciprocitĂ© humaine », la relation mutuelle des consciences » RC 16. La relation premiĂšre du sujet, qui n’attend aucune justiïŹcation, n’est pas au monde mais Ă  autrui et elle apparaĂźt rĂ©ciproque. L’altĂ©ritĂ© passe dans la rĂ©ciprocitĂ© toute perception d’autrui implique un minimum de rĂ©ciprocitĂ© » AP 109. Le Moi se trouve placĂ© immĂ©diatement devant un Toi qui lui prĂ©sente non une limite mais un idĂ©al cf. RC 72. Le Nous est un prĂ©supposĂ© avant de devenir un rĂ©sultat. 6 M. NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie. Le dĂ©ïŹ personnaliste, Louvain et Paris, Nauwelaerts ... 7 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 91. 8 Ibid., p. 134. 10a L’intersubjectivitĂ© dĂ©ïŹnie par la rĂ©ciprocitĂ© des consciences se rĂ©vĂšle antĂ©rieure aux relations qui l’extĂ©riorisent dans une ïŹnalitĂ© ou un objet, par exemple une relation contractuelle. En retour, amour et communion expriment au mieux cette rĂ©ciprocitĂ© qui atteint sa ïŹn en elle-mĂȘme. L’amour, volontĂ© de promotion mutuelle » RC 319, suppose une unitĂ© entre agapĂš et eros. Toute antinomie doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e entre dĂ©vouement et sentiment, donner et recevoir. Les deux mouvements ont une Ă©gale dignitĂ©. Dans le don de soi, Ă©crit NĂ©doncelle, il y a donc une mise en valeur du toi par le moi, c’est-Ă -dire une agapĂš ; et une mise en valeur du moi par le toi, c’est-Ă -dire un eros. » AP 119 L’auteur rappelle avec insistance que la rĂ©ciprocitĂ© est constitutive d’un vĂ©ritable amour. Il ne dĂ©roge jamais Ă  l’intuition qui fut Ă  l’origine de sa ThĂšse. On le vĂ©riïŹe dans son interprĂ©tation de la causalitĂ© et de la gĂ©nĂ©rositĂ©. La causalitĂ© n’est pas seulement naturelle. Elle est aussi personnelle c’est une causalitĂ© mutuelle ou intersubjective. Il s’y produit, cas unique, une coĂŻncidence du mĂȘme et de l’autre. C’est grĂące Ă  cette causalitĂ© que la rĂ©ciprocitĂ© devient un processus qui est une crĂ©ation de soi par soi grĂące Ă  une crĂ©ation de soi par l’autre » AP 112 chacun en voulant l’autre se veut lui-mĂȘme » RC 42. La rĂ©ïŹ‚exivitĂ© naĂźt dans la rĂ©ciprocitĂ©, la personnalitĂ© dans l’intersubjectivitĂ©. Si la rĂ©ciprocitĂ© manque au contraire Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ©, qui consent Ă  un amour non partagĂ©, NĂ©doncelle conclut que cette derniĂšre est Ă  la fois moralement nĂ©cessaire » et mĂ©taphysiquement insufïŹsante » si elle Ă©tait seule, elle se dĂ©truirait » RC 256. Un amour donnĂ© ne constituera jamais un amour accompli s’il n’est pas reçu. Tout comme l’amour, la communion dĂ©fend la primautĂ© de la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective. Mais alors que la ThĂšse l’opposait Ă  la participation et Ă  l’assimilation, relations qui rĂ©duisent les personnes respectivement Ă  leurs attributs et Ă  la nature cf. RC 39, au lieu de soutenir l’altĂ©ritĂ© d’un Je et d’un Tu dans l’identitĂ© d’un Nous, les derniers textes la diffĂ©rencient de la communication. Entre les deux moments, NĂ©doncelle avait jugĂ© nĂ©cessaire d’ajouter une doctrine de l’ĂȘtre Ă  sa description de l’intersubjectivitĂ© une tentative d’approfondissement plutĂŽt qu’une conversion 6 ». Si l’ĂȘtre pose une relation entre les Ă©tants qui prĂ©cĂšde toute autre relation, y compris l’intersubjectivitĂ©, il ne saurait se substituer Ă  celle-ci, en rĂ©cuser le caractĂšre premier dans l’expĂ©rience et pour la raison. L’ĂȘtre est possibilitĂ© de communication en vue de la communion 7 ». Inversement, Ă©crit NĂ©doncelle, la communicabilitĂ© n’est pas pensable ni rĂ©elle sans la communion qui est son paradis perdu ou attendu 8 ». Alors que la communion est interpersonnelle, la communication est opĂ©rationnelle. Elle n’est pas circulaire mais transitive. Elle cherche Ă  extĂ©rioriser, objectiver, transmettre. Si la connaissance du monde s’établit entre communion et communication, l’identitĂ© des personnes relĂšve exclusivement de la communion intersubjective, jusqu’à limiter celle-ciĂ  la dyade. Le propos si tranchant des premiĂšres pages de la ThĂšse pourra ĂȘtre attĂ©nuĂ©, il ne sera pas dĂ©menti Au-delĂ  de l’amitiĂ© commence la foule » RC 17. 9 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 82. 11b L’identitĂ© des personnes dĂ©rive donc de la causalitĂ© intersubjective. La vraie causalitĂ©, comme la vraie altĂ©ritĂ©, est personnelle. C’est seulement par mĂ©taphore qu’elle se trouve appliquĂ©e Ă  l’infrahumain cf. RC 277. MĂȘme lorsque l’ordre personnel sera rĂ©parti entre deux aspects, l’un relatif Ă  la personnalitĂ© de l’étant, l’autre Ă  l’anonymat de l’ĂȘtre, le terme de causalitĂ© ne sera d’abord attribuĂ© qu’au premier aspect 9. Tout concourt Ă  ne jamais distraire l’attention de la constitution de la personne. Le Toi et le Moi sont l’un pour l’autre Ă  la fois cause et effet. Le Nous est aussi bien consĂ©quent qu’antĂ©cĂ©dent. La rĂ©ciprocitĂ© s’exprime, sans s’aliĂ©ner, en une perpĂ©tuelle circularitĂ©. NĂ©doncelle, libre de complaisance et mĂȘme d’application envers la philosophie de l’École, entend affranchir le concept de personne de celui de substrat. Celle-ci n’est pas le support individuel d’une nature spirituelle mais la prĂ©sence unique que je trouve en autrui et en moi par la conscience » RC 54. Elle n’est toutefois pas davantage une pure conscience de soi, une afïŹrmation spontanĂ©e de soi Ă  partir de soi. L’autonomie que je me donne, est-il notĂ©, est ontologiquement Ă  la mesure des prĂ©sences que j’ai reçues » AP 111. C’est une autonomie hĂ©tĂ©ronome ou une autonomie sans autarcie, pour le dire en prenant quelque distance Ă  l’égard du lexique de NĂ©doncelle. Lui-mĂȘme parle rĂ©guliĂšrement d’ identitĂ© hĂ©tĂ©rogĂšne » AP 43, 109, 245 en vue de rĂ©unir l’identitĂ© du Nous avec la singularitĂ© du Moi et du Toi cf. RC 81, l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de chaque personne Ă©tant de plus en plus afïŹrmĂ©e face Ă  leur identitĂ© collĂ©giale. L’appel de chacun Ă  une singularitĂ© personnelle l’oblige Ă  chercher son accomplissement par lui-mĂȘme selon une perspective Ă  la fois unique et universelle » AP 75. Chacun se veut lui-mĂȘme en se voulant l’autre d’un autre ; et inversement, convient-il de prĂ©ciser, pour que la singularitĂ© personnelle ne disparaisse pas dans l’identitĂ© interpersonnelle. 10 Cf. M. NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice et dynamisme temporel des 11 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 81 je souligne. Voir ici p. 79-83 Dialectique et ... 12 Ibid., p. 82. 13 Ibid. 12c L’intersubjectivitĂ© se dĂ©couvre efïŹciente Ă  la fois sous le mode interpersonnel de l’identitĂ© et sous le mode personnel de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©. Mais sa causalitĂ© ne s’exerce-t-elle pas aussi au-delĂ  des personnes, soit dans leurs activitĂ©s, Ă  commencer par l’activitĂ© de connaissance ? Si l’épistĂ©mologie ne retient pas particuliĂšrement l’intĂ©rĂȘt de NĂ©doncelle, la question trouve chez lui quelques Ă©chos. DĂšs le commencement, la personne est dĂ©ïŹnie comme perspective unique et universelle. À ce titre, elle se rend prĂ©sente non seulement Ă  une autre conscience mais Ă  toute la rĂ©alitĂ©, selon toutefois une attention singuliĂšre cf. RC 67. ApparaĂźt plus tard l’expression originale de connaissance altruiste », mais avec un double sens possible. D’une part, les donnĂ©es supposent un don cf. AP 258, de sorte qu’il y aurait lieu d’évoquer une connaissance coopĂ©rative. D’autre part, seule la communion de soi avec autrui permet vĂ©ritablement de le connaĂźtre 10. Ailleurs encore, NĂ©doncelle fait valoir une synergie, une co-crĂ©ation des partenaires, une mutualitĂ© inventive qui s’exerce sur eux ou au-delĂ  d’eux 11 ». Action et connaissance s’inscrivent dans cet au-delĂ . Le terme de partenaires est appelĂ© par celui de dialogue. Alors que le dialogue n’était pas distinguĂ© prĂ©cĂ©demment de la communion, il entre ici dans le champ de la connaissance. Or, si l’interpersonnel, constitutif du dialogue, prĂ©cĂšde le cognitif, le dialogue sans dialectique, est-il prĂ©cisĂ©, risque de dĂ©choir rapidement dans l’incohĂ©rence 12 » Le premier cherche Ă  relier causalement les sujets, la seconde Ă  expliquer identiquement la multitude des opĂ©rations subjectives 13. » Nous avons lĂ  une consĂ©quence de la distinction avancĂ©e entre la relation d’étant Ă  Ă©tant, entendue comme interpersonnelle, et la relation des Ă©tants Ă  l’ĂȘtre, rendue Ă  l’anonymat, oĂč revient la diffĂ©renciation entre communion et communication. 13d AprĂšs avoir distinguĂ© la rĂ©ciprocitĂ© des consciences comme fait de la raison, puis en avoir suivi les effets sur l’identiïŹcation des personnes et la construction du savoir, le premier fortement attestĂ©, le second plutĂŽt problĂ©matique, il reste Ă  dĂ©terminer les contours sociaux de la rĂ©ciprocitĂ©. Celle-ci, on l’a dĂ©jĂ  relevĂ©, se limite Ă  la dyade, un mot cher Ă  NĂ©doncelle. Ses auditeurs, je l’ai constatĂ©, n’ont pas oubliĂ© la restriction la multitude commence aussitĂŽt aprĂšs la dyade. La formule inïŹ‚exible du progrĂšs spirituel n’est que le monologue ou le dialogue, jamais le bruit confus de la foule » AP 226. Si le philosophe afïŹrme que l’Ɠuvre consolide la rĂ©ciprocitĂ© Ă  travers institutions et symboles, il s’emploie le plus souvent Ă  minimiser, voire disqualiïŹer, les manifestations collectives, singuliĂšrement dans sa Philosophie de l’amour et de la personne. La communion des esprits doit se substituer Ă  la communautĂ© de l’espĂšce. À l’histoire des communautĂ©s spontanĂ©es, ou mĂȘme voulues par les personnes, dĂ©clare NĂ©doncelle, nous avons superposĂ© la seule histoire qui Ă©mane directement de l’esprit et qui puisse le consoler ou l’orienter la succession des biographies et l’analyse des consciences » AP 230. Il y a lĂ , assurĂ©ment, une critique non voilĂ©e de Hegel. La rĂ©alitĂ© spirituelle s’arrĂȘte Ă  l’esprit subjectif. L’esprit objectif introduirait une contradiction. L’autonomie de la volontĂ© s’accomplit exclusivement dans l’ordre interpersonnel. Alors que la morale est commandĂ©e par la personne, qui doit se donner pour se possĂ©der mais aussi se possĂ©der pour se donner, la sagesse en politique demande de ne pas trop compter sur la vie collective cf. AP 265-266. La sociĂ©tĂ©, inaugurĂ©e avec la prĂ©sence du tiers, ne participe pas Ă  l’intersubjectivitĂ©. 2. L’intersubjectivitĂ© selon sa transcendance 14 M. NÉDONCELLE, Conscience et Logos. Horizons et mĂ©thodes d’une philosophie personnaliste, Paris, Éd ... 14Si tout commence avec la rĂ©ciprocitĂ© humaine, celle-ci ne commence pas par elle-mĂȘme. Le fait primitif n’est pas la vĂ©ritĂ© premiĂšre. Ni le Nous ni le Moi ne se sufïŹsent Ă  eux-mĂȘmes. La donation implique un donateur. La conscience est le rapport d’une immanence Ă  une transcendance » RC 92-93. NĂ©doncelle Ă©crit La phĂ©nomĂ©nologie du cogito concret nous impose de reconnaĂźtre cette prioritĂ© divine en nous comme une condition dont la conscience initiale est obscure, puis comme une conclusion dont la nĂ©cessitĂ© rationnelle est inĂ©vitable 14. » S’il convient de distinguer Ă  plus d’un titre le divin et Dieu, l’un conduit Ă  l’autre. AprĂšs avoir acheminĂ© la rĂ©ïŹ‚exion de la rĂ©ciprocitĂ© Ă  la personnalitĂ©, sans avoir encore atteint les cent pages, la ThĂšse s’engageait dans la dĂ©couverte de l’absolu divin ». Elle ne la quittera plus. Qu’elle s’arrĂȘte sur la nature ou sur l’esprit, sur les valeurs ou sur les maux, ce sera pour revenir vers Dieu puis s’achever dans la mĂ©taphysique de la charitĂ© », oĂč l’attente d’une destinĂ©e personnelle entre dans la reconnaissance du Dieu interpersonnel. Au risque de simpliïŹer abusivement le chemin qui mĂšne de l’immanence intersubjective Ă  la transcendance divine, nous y distinguerons deux Ă©tapes la premiĂšre, Ă  partir des valeurs, vers Dieu comme origine absolue ; la seconde, Ă  partir des maux, vers Dieu comme ïŹn absolue. Ici et lĂ , Dieu se dĂ©couvre comme absolu personnel plutĂŽt que cosmique, mĂȘme si NĂ©doncelle, on l’a vu, a ïŹnalement ouvert sa pensĂ©e de l’existence Ă  une pensĂ©e de l’ĂȘtre. a Une origine absolue 15La distinction et transition entre le divin et Dieu appartient Ă  la premiĂšre Ă©tape du chemin religieux de la personne. Elle se prĂȘte cependant Ă  deux interprĂ©tations, le divin Ă©tant dĂ©terminĂ© soit comme absolu de valeur, soit comme principe d’harmonie. La ThĂšse connaissait seulement la premiĂšre possibilitĂ©. Dieu est le toi prĂ©sent Ă  tous les moi, dĂ©clarait alors l’auteur, le centre de toutes les consciences, le partenaire invisible de tous les contrats, le nous incréé qui prĂ©cĂšde tous les nous créés et les rend identiques en lui » RC 121. Cette sĂ©rie de descriptions dĂ©ïŹnies s’appuie sur le Nous et le Moi, l’intersubjectivitĂ© et la personne, en aucun cas sur l’ĂȘtre ou la nature. La premiĂšre philosophie de NĂ©doncelle, premiĂšre si l’on excepte des textes de jeunesse, plus individualistes que personnalistes, n’applique la causalitĂ© divine qu’à la causalitĂ© intersubjective. Dieu lui-mĂȘme, insiste NĂ©doncelle, je ne le connais que dans mon Ăąme » RC 105. Dieu ne se prĂ©sente pas en deçà de la rĂ©ciprocitĂ© des consciences. Dieu n’est reconnu Dieu, vĂ©ritablement, qu’en tant que cause de l’ordre interpersonnel. Inversement, l’ordre interpersonnel ne saurait se donner Ă  lui-mĂȘme, ni donc se soutenir par lui-mĂȘme. L’immanence des consciences entre elles et Ă  elles-mĂȘmes implique une transcendance Ă  la fois suprapersonnelle » et pluripersonnelle » cf. RC 100. La ThĂšse avance cette afïŹrmation bien avant de prĂ©senter sa philosophie des valeurs. Celle-ci inscrira les valeurs dans une perspective thĂ©iste en les identiïŹant Ă  autant d’attributs divins. L’essentiel aura Ă©tĂ© acquis auparavant, au terme non d’un raisonnement mais d’une intuition qui, dans une Ă©conomie du don, reconnaĂźt comme immĂ©diatement le donateur. On ne dĂ©montre pas l’existence de Dieu en sortant de l’intersubjectivitĂ©. On acquiesce simplement mais rĂ©solument Ă  son attestation en habitant cette intersubjectivitĂ©. 15 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 54. Les p. 49-61 de cet ouvrage Les sources sensible ... 16 Ibid., p. 55. 17 Ibid., p. 57. 16Lorsque NĂ©doncelle en arrive Ă  diffĂ©rencier deux approches du divin, l’une Ă  partir de l’ordre de l’ĂȘtre, l’autre Ă  partir des valeurs de la personne, c’est encore pour soumettre la premiĂšre Ă  la seconde. Ces approches ne sont pas parallĂšles mais successives. Le divin se rĂ©vĂšle dans l’ĂȘtre avant de se rĂ©vĂ©ler dans l’existence et pour s’y rĂ©vĂ©ler. Dieu ne se fait pas reconnaĂźtre directement dans l’intelligibilitĂ© du monde. Celle-ci permet seulement de dĂ©couvrir un absolu impersonnel ou principe d’harmonie ». Disons, conclut notre auteur, qu’il est le signe avant-coureur de Dieu, le maximum qu’on peut atteindre Ă  partir de la perception sensible et de la rĂ©ïŹ‚exion ontologique qui la prend pour base 15 ». Si l’explication avec l’École se montre ici Ă©vidente, elle se greffe sur la tentative d’offrir un Ă©largissement ontologique au personnalisme, qui n’entraĂźne ni Ă  y renoncer ni Ă  le trahir. C’est en effet par une rĂ©ïŹ‚exion sur la personne, poursuit l’auteur, qu’un Dieu personnel peut ĂȘtre accessible au philosophe 16 ». Allons-nous donc retrouver la personne pour accĂ©der enïŹn du divin Ă  Dieu ? Si l’étude ici suivie conduit de l’ĂȘtre aux valeurs, celles-ci ne sufïŹsent pas Ă  Ă©lever la rĂ©ïŹ‚exion jusqu’à Dieu. Elles le laissent seulement transparaĂźtre. Elles en restent au divin. En ce sens, prĂ©cise l’auteur, la valeur est la communicabilitĂ© anonyme de Dieu, identique Ă  Lui Ă  partir de Lui, diffĂ©rente de Lui en tant qu’elle est l’acte mĂ©diateur de sa prĂ©sence par qui n’est pas Lui 17 ». En regard de Dieu, les valeurs supportent un double sens, selon qu’elles sont orientĂ©es vers Lui ou selon qu’elles sont reconnues venir de Lui. D’un cĂŽtĂ© se tient l’athĂ©isme, qui s’arrĂȘte aux valeurs ou au divin, de l’autre cĂŽtĂ© le thĂ©isme, qui connaĂźt Dieu au delĂ  du divin et discerne ses attributs dans les valeurs. 18 NÉDONCELLE, Conscience et Logos, p. 122. 19 Ibid., p. 149 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 59. 20 Ibid., p. 150. 17La ThĂšse insistait sur l’indĂ©cision dans laquelle nous laissent les valeurs ultimes, le beau, le vrai et le bien, allant jusqu’à dire qu’elles peuvent ĂȘtre le diable voilĂ© » aussi bien que le Dieu voilĂ© » RC 216. Les Ă©crits ultĂ©rieurs accordent donc aux valeurs une dĂ©termination plus forte, tout en y distinguant deux possibilitĂ©s d’interprĂ©tation, l’une athĂ©e, l’autre thĂ©iste, l’élĂ©vation du divin Ă  Dieu atteignant son accomplissement lorsque la valeur ultime s’identiïŹe Ă  un amour absolu, nĂ©cessairement interpersonnel. La raison pressent toutefois, note NĂ©doncelle, que l’amour s’arrĂȘterait Ă  mi-chemin et se rendrait irrationnel s’il n’était lui-mĂȘme une conscience vivante, oĂč les nĂŽtres trouvent leur source, leur soutien et leur terme » AP 94. Si seul celui qui accueille Dieu se recueillant en lui reconnaĂźt les valeurs ultimes comme des attributs divins, subsiste en tout homme et en toute culture un minimum de perception invincible des attributs de Dieu 18 », en tant que valeurs de l’intersubjectivitĂ©. À dĂ©faut d’accĂ©der Ă  l’existence de Dieu, l’athĂ©e ne cesse d’en viser l’essence, soit l’amour absolu. C’est pourquoi, se rĂ©fĂ©rant Ă  une tradition allant de saint Anselme Ă  Blondel, NĂ©doncelle dĂ©clare Ă  plusieurs reprises que penser, c’est en dĂ©ïŹnitive penser Dieu 19 », prĂ©cisant l’athĂ©isme n’a de valeur positive qu’à l’intĂ©rieur du thĂ©isme, pour lui interdire les repos prĂ©maturĂ©s 20 ». b Une fin absolue 21 Cf. NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice
, p. 28. 22 Cf. PUCELLE, Maurice NĂ©doncelle », p. 122. 18La seconde Ă©tape sur le chemin de l’intersubjectivitĂ© humaine vers la transcendance divine occupait les deux derniers chapitres de la ThĂšse sous le titre commun de mĂ©taphysique de la charitĂ© ». Le premier chapitre s’attachait au mal, le second Ă  la destinĂ©e. Acquiescer Ă  la communion des esprits comme valeur absolue et essence divine ne saurait faire oublier l’épreuve du mal ni ïŹnalement de la mort. S’il est impossible de penser sans penser Dieu, on ne saurait en afïŹrmer l’existence et ignorer ce qui semble contredire sa bontĂ© et sa puissance, partant mettre en doute ce qui est apparu fondateur et ultime, l’amour absolu. Une premiĂšre opposition au dĂ©veloppement de la communion et de la personne surgit de l’extĂ©rioritĂ© et de l’indiffĂ©rence inhĂ©rentes Ă  la nature. Mais une seconde, la seule qui soit radicale, provient des rĂ©voltes et des souffrances de l’esprit. Si NĂ©doncelle ne place pas Ă  Ă©galitĂ© l’amour et la haine, se gardant contre tout dualisme, l’expĂ©rience l’oblige Ă  dire, sous une formulation contrĂŽlĂ©e, que la perversion est une volontĂ© infructueuse du mal pour le mal » RC 203. Le problĂšme du rapport entre Dieu et le mal se trouve alors ramenĂ© Ă  deux propositions qui s’éloignent chacune des rĂ©ponses classiques d’abord, l’aspect le plus Ă©nigmatique du mal n’est pas celui du mal voulu librement, mais du mal subi injustement » RC 266, celui-ci restant irrĂ©ductible Ă  celui-lĂ  ; ensuite, la charitĂ© [divine] porte le poids de la faute et de la souffrance qu’elle abolit » RC 274. ConïŹrmant l’identiïŹcation de la causalitĂ© divine Ă  une causalitĂ© de personne Ă  personne, le philosophe subordonne l’efïŹcience Ă  la ïŹnalitĂ© ; non que Dieu use du mal comme moyen de construction de la personne mais parce qu’il assure, malgrĂ© le mal, la rĂ©capitulation de la personne. Le temps n’est plus Ă  une rĂ©ïŹ‚exion sur la causalitĂ© et la volontĂ© de Dieu Ă  l’égard du mal mais Ă  la prioritĂ© donnĂ©e Ă  une pensĂ©e de la charitĂ© sur une pensĂ©e de l’ĂȘtre. Dieu est cause de personnes engagĂ©es dans une lutte contre le mal » ; Il ne veut pas le mal, mais la dĂ©faite du mal » RC 280. Lorsque le personnalisme de NĂ©doncelle fera une place Ă  l’ĂȘtre, ce sera pour lui associer l’écart qui Ă  la fois sĂ©pare la crĂ©ature du CrĂ©ateur et l’appelle vers Lui 21. Mais si l’ĂȘtre porte le manque de la crĂ©ature et le masque du CrĂ©ateur, il n’a aucune part avec le mal. Aussi pessimiste a-t-on pu juger la pensĂ©e de NĂ©doncelle 22, la distance de l’inïŹni et du ïŹni ne se confondra pas, chez lui non plus, avec la contradiction de l’amour et de la misĂšre. 19L’assomption interpersonnelle du mal par la causalitĂ© divine se prolonge dans la destinĂ©e derniĂšre des personnes. L’absolu invincible [qui] ne peut ĂȘtre qu’une charitĂ© » RC 122 endure tout et soutient tout, communiant avec chaque conscience en vue de l’acheminer Ă  son accomplissement. ReconnaĂźtre l’achĂšvement de la conscience est avĂ©rĂ© toutefois plus difïŹcile que reconnaĂźtre la prĂ©sence de Dieu. S’il y a une pensĂ©e nĂ©cessaire de Dieu, il n’y a qu’une probabilitĂ© de l’espĂ©rance » RC 292 certaines raisons de croire plutĂŽt que de ne pas croire en une destinĂ©e ultime des consciences. La rĂ©ïŹ‚exion conduite sur leur rĂ©ciprocitĂ© s’étend jusque lĂ . Nous avons toutes les probabilitĂ©s de croire, conclut NĂ©doncelle, que l’identitĂ© personnelle continue en Dieu au-delĂ  de la mort et que la ïŹdĂ©litĂ© issue de nous n’est qu’une image imparfaite de la ïŹdĂ©litĂ© de Dieu pour ceux qu’il aime » RC 305. Les raisons d’espĂ©rer l’immortalitĂ© se rĂ©vĂšlent d’abord thĂ©ologiques, ensuite anthropologiques nos lueurs proviennent d’un examen de la conscience collĂ©giale et d’une adhĂ©sion Ă  l’absolu divin » RC 324. La raison premiĂšre, Ă  portĂ©e diffĂ©renciĂ©e mais universelle, Ă©nonce que le nous initial formĂ© par Dieu et l’ñme est indestructible » RC 307, parce que Dieu lui-mĂȘme est indestructible. Mais si la cause de notre destinĂ©e Ă©ternelle est divine, son essence est Ă©galement divine. L’unique destin de l’humanitĂ© est en Dieu aprĂšs la mort, nous voyons que Dieu nous regarde, et c’est ce qui fait notre destin » RC 306. Quant aux autres raisons, elles se complĂštent mutuellement sans devenir jamais coercitives en tant que causalitĂ© rĂ©ciproque, collĂšge des esprits, l’amour aspire Ă  l’éternitĂ©, mais la personne est aussi cause de soi en Ă©tant cause de l’autre, elle se dĂ©termine comme synthĂšse de soi, perspective unique et universelle. III. L’INTERSUBJECTIVITÉ APRÈS NÉDONCELLE 20Le titre donnĂ© Ă  la derniĂšre partie de l’étude ne signiïŹe pas que la philosophie de l’intersubjectivitĂ© ne peut plus ĂȘtre la mĂȘme avant et aprĂšs NĂ©doncelle. Sa pensĂ©e, on l’a dit, a Ă©tĂ© contournĂ©e. Elle ne s’est pas imposĂ©e. Le titre retenu n’implique pas davantage d’exposer, pour lui opposer, certaines approches plus rĂ©centes de l’intersubjectivitĂ©, celles par exemple Ă©laborĂ©es en fonction de l’intentionnalitĂ© de la conscience ou de l’interaction du discours. Évoquer ces analyses dessinera simplement un horizon philosophique qui a offert un avenir diffĂ©rent Ă  l’intersubjectivitĂ©, et par lĂ  dĂ©couvrira ce qui, depuis NĂ©doncelle, en a Ă©tĂ© explicitĂ© ou inversement dĂ©laissĂ©. Notre auteur a, par avance, participĂ© Ă  une communautĂ© intellectuelle mais il en est restĂ© Ă©galement dĂ©tachĂ©, en raison de sa pensĂ©e religieuse puis de sa pensĂ©e personnaliste. Pour le montrer, on commencera par rĂ©capituler sa philosophie et par dĂ©crire l’horizon dans lequel nous l’avons lue et allons la relire. Le nom de NĂ©doncelle est demeurĂ© attachĂ© au titre de sa thĂšse doctorale. Il a Ă©tĂ© le philosophe de la rĂ©ciprocitĂ© des consciences. Il s’est appliquĂ© Ă  penser l’identitĂ© de la personne Ă  partir de la rĂ©ciprocitĂ© interpersonnelle une crĂ©ation ou causalitĂ© de soi par l’autre et de l’autre par soi. L’autre de la conscience n’est pas d’abord le monde mais autrui. Autrui se prĂ©sente non comme l’absolument autre mais comme le partenaire. Il y a quelque chose de premier pour la raison aussi bien que pour l’expĂ©rience l’intersubjectivitĂ© entendue selon son sens le plus exigeant, la rĂ©ciprocitĂ©. Mais celle-ci ne livre tout son sens que dans la dyade, l’échange entre deux personnes. EnïŹn, l’intersubjectivitĂ© atteint son accomplissement dans l’amour ou la communion, qui est dĂ©sir de promotion mutuelle. Or, l’identiïŹcation de la rĂ©ciprocitĂ© des consciences Ă  une volontĂ© d’amour commande l’assomption de la pensĂ©e personnaliste par une pensĂ©e religieuse. L’amour veut l’absolu et l’ultime, l’Éternel et l’éternitĂ©. L’athĂ©isme n’est ïŹnalement qu’un thĂ©isme arrĂȘtĂ© en chemin, ïŹxant l’absolu Ă  la valeur, confondant Dieu avec le divin. 23 Voir NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 365-374 L’intersubjectivitĂ© d’aprĂšs Martin B ... 24 Voir E. LÉVINAS, Autrement qu’ĂȘtre ou au-delĂ  de l’essence, La Haye, Martinus Nijhoff, 1974, p. 142 ... 25 Voir E. LÉVINAS, TotalitĂ© et InïŹni. Essai sur l’extĂ©rioritĂ©, Martinus Nijhoff, 4e Ă©d. 1971, p. 229 ... 26 Notre visĂ©e, qui suppose une opĂ©ration comparative, peut se satisfaire d’un seul titre pour chacun ... 21À la mort de Maurice NĂ©doncelle, une philosophie de l’intersubjectivitĂ© s’est dĂ©jĂ  largement Ă©tablie dans la philosophie française avec Emmanuel LĂ©vinas 23. Les deux philosophes sont nĂ©s la mĂȘme annĂ©e. Le second vient alors de publier Autrement qu’ĂȘtre ou au-delĂ  de l’essence, oĂč il pousse Ă  l’extrĂȘme la prioritĂ© de la dissymĂ©trie sur la rĂ©ciprocitĂ© dans l’intersubjectivitĂ©. LĂ  oĂč TotalitĂ© et InïŹni fondait l’action et la pensĂ©e sur l’injonction morale adressĂ©e par autrui au sujet, sous la condition maintenue de leur sĂ©paration, le nouvel ouvrage n’hĂ©sitait plus Ă  parler d’extradition de soi par autrui, d’expiation de soi pour autrui 24. Il ne sera pas nĂ©cessaire d’aller jusque lĂ  pour redessiner les contours de l’intersubjectivitĂ© aprĂšs NĂ©doncelle, la logique nous important davantage que la chronologie. Il sufïŹra de considĂ©rer comment l’intersubjectivitĂ©, en particulier celle de l’amour, a Ă©tĂ© pensĂ©e Ă  partir de l’intentionnalitĂ© de la conscience 25. Notre recherche d’un horizon contemporain du pensable invite cependant Ă  privilĂ©gier un second foyer, sous le signe cette fois de l’interaction du discours. Ici, l’intersubjectivitĂ© mise en Ɠuvre dans le langage, avec la rĂ©ciprocitĂ© pour forme et pour norme, s’est afïŹrmĂ©e comme exigence Ă©thique seule capable de donner une assise Ă  la connaissance. Ainsi substituĂ©e Ă  la conscience transcendantale de Kant, l’intersubjectivitĂ© communicationnelle cherche Ă  rendre une validitĂ© universelle Ă  l’éthique et, par lĂ , Ă  garantir en raison l’ensemble des pratiques humaines. Le dĂ©bat reste cependant ouvert sur la possibilitĂ© ou non d’inscrire cette intersubjectivitĂ© dans l’expĂ©rience sociale. On se reportera Ă  la critique formulĂ©e par le français F. Jacques Ă  l’encontre de l’allemand J. Habermas 26. Le double horizon philosophique ainsi dessinĂ©, en fonction d’une phĂ©nomĂ©nologie de l’amour et d’une analyse du langage, permet de revenir d’abord sur la philosophie religieuse de NĂ©doncelle, ensuite sur sa philosophie personnaliste. 1. AprĂšs la philosophie religieuse 27 D. JANICAUD, Le tournant thĂ©ologique de la phĂ©nomĂ©nologie française, Paris, Éd. de l’Éclat, 1990, p ... 22L’inversion de la dĂ©marche suivie jusqu’à maintenant se justiïŹe par un dĂ©tachement gĂ©nĂ©ralisĂ© advenu entre la question de l’intersubjectivitĂ© et la question de Dieu. Il conduirait Ă  douter d’un intĂ©rĂȘt quelconque Ă  revenir sur la philosophie religieuse de NĂ©doncelle. Un indice de cet intĂ©rĂȘt n’a-t-il pas toutefois Ă©tĂ© apportĂ© par la mise en scĂšne d’un tournant religieux de la phĂ©nomĂ©nologie ? Une afïŹrmation inconditionnelle de la Transcendance » LĂ©vinas se serait substituĂ©e Ă  la patiente interrogation du visible 27 » Merleau-Ponty. AprĂšs un arrĂȘt marquĂ© sur le Dieu de la Bible et des chrĂ©tiens, on apportera un complĂ©ment sur le mal. 28 NÉDONCELLE, Existe-t-il une philosophie chrĂ©tienne ?, p. 101. Voir IntersubjectivitĂ© et ontologie, ... 29 G. PETITDEMANGE renvoie aux origines lituaniennes de LĂ©vinas en parlant d’ un judaĂŻsme de la grand ... 23Selon NĂ©doncelle, la philosophie ne peut demeurer indiffĂ©rente Ă  l’égard de Dieu. Elle se trouve placĂ©e devant une alternative ou le reconnaĂźtre, ou le mĂ©connaĂźtre. L’intersubjectivitĂ© humaine ne saurait se refermer sur elle-mĂȘme. Mais Dieu lui-mĂȘme ne peut ĂȘtre qu’une intersubjectivitĂ©. Il n’y a donc pas tant une thĂ©ologie philosophique, soit une philosophie acheminĂ©e Ă  afïŹrmer Dieu et Ă  le dire, qu’une philosophie religieuse, soit une philosophie contenue intĂ©gralement dans l’échange ouvert entre l’intersubjectivitĂ© et Dieu. L’intersubjectivitĂ© aspire Ă  Dieu. Dieu est une intersubjectivitĂ©. L’immanence ne se sufïŹt pas Ă  elle-mĂȘme. La transcendance ne se confond pas avec une autosufïŹsance. L’amour est dĂ©sir de Dieu. L’ĂȘtre de Dieu est amour. La philosophie est en droit de comprendre ceci autant que cela avant mĂȘme la thĂ©ologie. Sans la reconnaissance d’un toi divin qui suscite l’ĂȘtre des personnes, Ă©crit d’un cĂŽtĂ© NĂ©doncelle, nous n’aurions donc aucune garantie de la prĂ©sence radicale d’autrui et de la continuitĂ© absolue de l’univers personnel » AP 133. Dieu Ă©tant personnel, Ă©crit-il de l’autre cĂŽtĂ©, il faut donc admettre ou bien que nous sommes coĂ©ternels et nĂ©cessaires Ă  Dieu, ou bien que la divinitĂ© est en ellemĂȘme un collĂšge de consciences » RC 100. Dieu est collĂ©gial. Il est un Nous. Il est TrinitĂ©. L’emploi de la conjonction donc » dans les deux derniĂšres citations conïŹrme l’attention de NĂ©doncelle Ă  discourir en philosophe. Philosophe religieux, il se dira philosophe chrĂ©tien, rien ne devant arrĂȘter le philosophe dans sa rĂ©ïŹ‚exion. Philosophie et thĂ©ologie demeurent en osmose ». Elles se diffĂ©rencient moins par l’objet de leurs Ă©noncĂ©s, voire par l’autoritĂ© de leurs raisons, que par leur mĂ©thode et leur ïŹnalitĂ© la philosophie ne connaĂźt que des idĂ©es et leur histoire ; la thĂ©ologie se rapporte Ă  des Ă©vĂ©nements et Ă  des personnes. L’une est rĂ©ïŹ‚exive, l’autre interpellative. La philosophie ne vaudrait pas une heure de peine, conclut notre auteur, si elle ne prĂ©parait l’interpellation 28 ». L’horizon philosophique contemporain a-t-il connu et comment une articulation entre intersubjectivitĂ© et divinitĂ© ? Si c’est le cas, autorise-t-il encore Ă  parler de philosophie religieuse ? On interrogera successivement LĂ©vinas et Jacques. Le premier a sollicitĂ© des rĂ©fĂ©rences juives 29, le second des rĂ©fĂ©rences chrĂ©tiennes. a L’altĂ©ritĂ© de Dieu 30 LÉVINAS, TotalitĂ© et InïŹni, p. 21. 31 Ibid., p. 10. 32 Ibid., p. 30. 24Le rapport entre l’intersubjectivitĂ© et la divinitĂ© se prĂ©sente chez LĂ©vinas dans les termes de l’altĂ©ritĂ© d’autrui et de l’altĂ©ritĂ© de Dieu. En vĂ©ritĂ©, TotalitĂ© et InïŹni parlait de l’InïŹni et de l’Autre plutĂŽt que de Dieu. Il serait suspect de chercher Ă  diffĂ©rencier les deux altĂ©ritĂ©s comme Ă  identiïŹer l’InïŹni Ă  Dieu. L’éthique est la mĂ©taphysique et aussi la religion, simplement, rigoureusement. LĂ©vinas dĂ©clarera plus tard que la gloire de l’InïŹni s’atteste seulement dans le service d’autrui, au plus haut par son appel Ă  ma responsabilitĂ©, Ă©galement au plus bas par sa condition de misĂšre, celle de l’étranger, de la veuve et de l’orphelin. La phĂ©nomĂ©nalitĂ© du phĂ©nomĂšne s’identiïŹe alors au visage une apparition de l’altĂ©ritĂ© Ă  la fois dans le regard et la parole d’autrui, celui qui assigne le sujet Ă  une responsabilitĂ© insubstituable et illimitĂ©e. Le visage est la maniĂšre dont se prĂ©sente l’Autre, dĂ©passant l’idĂ©e de l’Autre en moi 30 ». Nous proposons d’appeler religion, Ă©crit ainsi LĂ©vinas, le lien qui s’établit entre le MĂȘme et l’Autre, sans constituer une totalitĂ© 31 ». Toute la religion se rĂ©capitule dans un Ă©noncĂ© unique, qui est une Ă©nonciation Me voici ». Si la religion est responsabilitĂ© du sujet pour autrui, elle suppose un athĂ©isme, une sĂ©paration du sujet Ă  l’égard d’autrui, une rupture de la participation Ă  partir de laquelle le moi se pose comme le mĂȘme et comme moi 32 ». 33 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 370. 34 Cf. E. LÉVINAS, DifïŹcile libertĂ©. Essais sur le judaĂŻsme, Paris, Albin Michel, 1963, p. 33. 35 Mon jugement, rendant justice Ă  LĂ©vinas, s’écarte du propos de JANICAUD, sous rĂ©serve de substituer ... 25NĂ©doncelle comprend donc LĂ©vinas de façon accommodante quand il Ă©crit La volontĂ© agissante qui rĂ©pond de façon persĂ©vĂ©rante Ă  l’impĂ©ratif qu’apporte le visage d’autrui, voilĂ  l’unique moyen, semble-t-il, de rencontrer Dieu 33 ». DĂ©terminĂ©e par une responsabilitĂ© inconditionnĂ©e pour autrui et pourtant conditionnĂ©e par une sĂ©paration du sujet, l’intersubjectivitĂ© Ă©thique, si elle demeure unique, ne constitue pas un moyen de rencontrer Dieu. Elle est cette rencontre mĂȘme, comme le conïŹrment les dĂ©clarations antĂ©rieures aussi bien que postĂ©rieures de LĂ©vinas l’éthique est la seule vision de Dieu et les attributs de Dieu seulement des impĂ©ratifs 34. Le phĂ©nomĂ©nologue a effectivement dĂ©placĂ© et inversĂ© l’intentionnalitĂ© de la conscience l’invisibilitĂ© du visage de l’Autre prescrit dĂ©sormais au sujet un dĂ©sintĂ©ressement absolu. Mais a-t-il ainsi substituĂ© la religion Ă  la philosophie ou plutĂŽt substituĂ© la philosophie Ă  la religion ? S’il y avait Ă  choisir, ce serait au bĂ©nĂ©ïŹce du second terme. LĂ©vinas ne conclut pas qu’on ne puisse penser l’intersubjectivitĂ© sans penser Dieu. C’est avec raison qu’il a refusĂ© de voir sa philosophie ĂȘtre qualiïŹĂ©e de religieuse ou de juive 35. En retour, la religion, particuliĂšrement dans la tradition juive, l’a Ă©veillĂ©, inspirĂ©, sollicitĂ© Ă  identiïŹer la philosophie premiĂšre Ă  une Ă©thique de l’altĂ©ritĂ©. La relation entre religion et philosophie, ou entre divinitĂ© et intersubjectivitĂ©, est restĂ©e mĂ©taphorique. b La rĂ©ciprocitĂ© en Dieu 36 Cf. JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 184. 37 Voir les deux ouvrages publiĂ©s sous le titre commun de Dialogiques en 1979 38 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 86-97 et 265-270. 26Pour Jacques, critique dĂ©terminĂ© de LĂ©vinas, regard et parole dĂ©ïŹnissent une relation de rĂ©ciprocitĂ©, respectivement selon la chair et le langage 36. Le fait humain normatif est la rĂ©ciprocitĂ© inhĂ©rente Ă  un discours en recherche d’intercomprĂ©hension. La rĂ©ciprocitĂ© peut apparaĂźtre insufïŹsante et mĂȘme dĂ©faillante. Elle n’en fait pas moins loi, la loi de la raison. Alors que Jacques s’est gardĂ© de toute rĂ©fĂ©rence religieuse dans les Ă©tudes logico-linguistiques appuyant sa philosophie du dialogue 37, il ne s’en est pas privĂ© au cours d’une recherche anthropologique plus Ă©tendue. DiffĂ©rence et subjectivitĂ© s’arrĂȘte en effet deux fois sur un paradigme » thĂ©ologique de l’intersubjectivitĂ© communicante avec la trinitĂ© des personnes divines et avec la messianitĂ© effective de JĂ©sus 38. Ce double paradigme manifeste une convenance » Ă©levĂ©e entre une anthropologie relationnelle fondĂ©e sur la rĂ©ciprocitĂ© et une thĂ©ologie de la communication de Dieu Ă  lui-mĂȘme et aux hommes. Il a Ă©veillĂ© au cours du temps la recherche anthropologique et il conïŹrme une prioritĂ© de la communication sur l’interpellation, comme du don sur la promesse. 39 Ibid., p. 94. 40 Ibid., p. 265. 41 Ibid. 42 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 213. 27AprĂšs avoir reprochĂ© Ă  la tradition augustinienne une conception trop peu relationnelle de la personne, puis avoir identiïŹĂ© la personne Ă  sa capacitĂ© de se retrouver dans l’échange des trois pronoms, Je – Tu – Il, au milieu de la formation communicationnelle d’un Nous, Jacques conclut Mais soyez sceptiques sur la TrinitĂ©, vous ne pouvez l’ĂȘtre pareillement sur la trinitaritĂ©. Et l’on a vu en quelle mesure on n’aurait pas tort de concevoir notre trinitaritĂ© Ă  l’image de la TrinitĂ© chrĂ©tienne 39 ». Il s’avance mĂȘme plus loin quand il passe de la doctrine trinitaire Ă  la doctrine christologique. L’idĂ©e philosophique ne saurait certes dĂ©cider de l’évĂ©nement religieux. L’usage du conditionnel reste de rigueur Le vrai Dieu, Ă©crit donc Jacques, serait Celui en qui la relation produit l’Être, en qui l’amour s’incarne, chez qui le logos, la relation se fait chair 40 ». Il ajoute pourtant L’expĂ©rience religieuse n’est que l’expĂ©rience humaine prise dans sa dimension constitutive 41 ». Le propos Ă©voque pour nous NĂ©doncelle afïŹrmant, en communautĂ© dĂ©clarĂ©e avec Blondel, que le surnaturel c’est vraiment la nature surĂ©levĂ©e et ce n’est rien de plus 42 ». Si l’expĂ©rience chrĂ©tienne, puisqu’il s’agit d’elle, n’est requise par Jacques ni pour entrer dans l’expĂ©rience humaine de la rĂ©ciprocitĂ©, ni pour la conduire Ă  son accomplissement, c’est en elle seule que la rĂ©ciprocitĂ© se rĂ©vĂšle Ă  la fois nous constituer vĂ©ritablement et nous prĂ©cĂ©der gratuitement. 43 La convenance est devenue chez HABERMAS conversion, soit-elle simplement partielle, de la religion ... 28MalgrĂ© les Ă©chos religieux rendus, en permanence ou par intermittence, dans les deux derniĂšres philosophies de l’intersubjectivitĂ©, nous ne saurions y distinguer des philosophies religieuses. S’il arrive que le judaĂŻsme de LĂ©vinas et le christianisme de Jacques s’expriment comme tels dans leur philosophie, ils n’y laissent ïŹnalement qu’un paradigme. L’altĂ©ritĂ© intersubjective et l’éthicitĂ© juive d’une part, la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective et la thĂ©ologalitĂ© chrĂ©tienne d’autre part, apparaissent en convenance mutuelle. Mais convenance ne signiïŹe ni osmose, ni exigence. Le destin de l’intersubjectivitĂ© n’est plus obligĂ© Ă  choisir entre une mĂ©connaissance ou une reconnaissance d’un absolu religieux 43. 44 La souffrance est appelĂ©e par LÉVINAS Ă  s’inverser en patience TotalitĂ© et InïŹni, p. 216-217, alo ... 45 Voir A. GESCHÉ, Dieu pour penser. I. Le mal, Paris, Éd. du Cerf, 1993, p. 120-126 et 161-180. Je me ... 29Avant de clore le premier volet de notre relecture, il y a lieu de ramener l’attention vers le mal. L’originalitĂ© de NĂ©doncelle s’y est appliquĂ©e sur deux aspects une intensitĂ© plus forte apportĂ©e au mal subi qu’au mal commis et un dĂ©placement de l’origine du mal vers sa ïŹn. Le mal est toujours souffrance et Dieu lutte contre le mal. Le caractĂšre fonciĂšrement Ă©thique des deux derniĂšres philosophies de l’intersubjectivitĂ© n’y ouvre aucun dĂ©veloppement Ă  cet endroit 44. En retour, le double thĂšme de NĂ©doncelle a trouvĂ© une rĂ©sonance dans la pensĂ©e contemporaine, Ă  l’articulation de la philosophie et de la thĂ©ologie. Parmi les travaux universitaires, on n’oubliera pas les Ă©crits de A. GeschĂ©, lequel a partagĂ© avec NĂ©doncelle, Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante, d’enseigner la thĂ©ologie fondamentale devenue hĂ©ritiĂšre affranchie de l’apologĂ©tique. Familier des renversements, le penseur louvaniste a cherchĂ©, d’un cĂŽtĂ© Ă  dĂ©placer le regard du coupable vers la victime, de l’autre cĂŽtĂ© Ă  passer du mal contre Dieu Ă  Dieu contre le mal 45. La question du mal ne devait plus ĂȘtre suspendue jusqu’à ce qu’il fĂ»t rĂ©pondu Ă  la question de Dieu. Cette seule rĂ©fĂ©rence sufïŹt Ă  suggĂ©rer que NĂ©doncelle a Ă©tĂ© un prĂ©curseur, certes laissĂ© dans l’oubli, d’un renouvellement de la problĂ©matique de la thĂ©odicĂ©e. 2. AprĂšs la philosophie personnaliste 30Si la question du divin a Ă©tĂ© assez gĂ©nĂ©ralement tenue Ă  l’écart de la philosophie au cours des derniĂšres dĂ©cennies, il en est allĂ© autrement pour la question de l’intersubjectivitĂ©, mais sans accord garanti avec La rĂ©ciprocitĂ© des consciences. L’ouvrage, au temps de sa parution, rĂ©vĂ©lait quelque dissonance avec la pensĂ©e en honneur dans les FacultĂ©s catholiques. Ici, la relation Ă  l’ĂȘtre y dominait la relation Ă  autrui, tandis que l’asymĂ©trie constitutive de la crĂ©ation et le souci d’une vie vertueuse, par surcroĂźt Ă©vangĂ©lique, concouraient Ă  limiter l’universalisation de la rĂ©ciprocitĂ© trinitaire. L’idĂ©al du bien et l’appel de JĂ©sus n’exigeaient-ils pas de donner sans avoir Ă  recevoir ? En outre, par son insistance sur la scission du personnel et du collectif, NĂ©doncelle s’est trouvĂ© Ă©loignĂ© d’une partie de la communautĂ© catholique, dĂšs l’aprĂšs-Guerre et plus encore aprĂšs le Concile. Notre enquĂȘte continuera cependant Ă  se laisser instruire uniquement par les philosophies dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©es, non pas en les suivant une Ă  une, dĂ©marche impossible, mais en formulant Ă  partir d’elles quelques interrogations commandĂ©es par notre examen de l’intersubjectivitĂ© chez NĂ©doncelle la rĂ©ciprocitĂ© fondatrice n’a-t-elle pas Ă  se garder Ă  distance de l’amour ? L’identitĂ© personnelle ne peut-elle pas se conïŹer plus gĂ©nĂ©reusement Ă  la fĂ©conditĂ© de la relation ? L’efïŹcience intersubjective passant par les mĂ©diations de la communication n’acquiert-elle pas en humanitĂ© un poids Ă©gal Ă  l’immĂ©diatetĂ© de la communion ? EnïŹn, l’ordre interpersonnel n’en vient-il pas Ă  se rĂ©aliser dans le social pour ne pas, justement, s’y aliĂ©ner ? Ces quatre interrogations nous feront donc retrouver, selon la mĂȘme sĂ©quence, les quatre thĂšmes placĂ©s sous le signe de l’immanence intersubjective la rĂ©ciprocitĂ©, la personne, la connaissance, la sociĂ©tĂ©. a Amour et rĂ©ciprocitĂ© 31Ouvrir la philosophie, voire l’appuyer, sur le rapport du sujet Ă  autrui s’est imposĂ© dĂ©sormais Ă  l’attention. On y retrouve rĂ©guliĂšrement une coĂŻncidence fondamentale entre relation Ă©thique et relation discursive. IntersubjectivitĂ© et interlocution renvoient initialement l’une Ă  l’autre. La relation demeure premiĂšre. Elle est action et parole. Or, notre lecture de NĂ©doncelle demande de comparer le principe de la rĂ©ciprocitĂ© de la relation avec l’altĂ©ritĂ© puis avec l’amour. L’altĂ©ritĂ©, comprise comme asymĂ©trie de la relation, peut se prĂ©senter elle-mĂȘme soit Ă  l’extĂ©rieur, soit Ă  l’intĂ©rieur de la rĂ©ciprocitĂ©. NĂ©doncelle a pris le second parti. Celui-ci a Ă©tĂ© repris, avec d’autres, par Jacques. 46 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 157. 47 Ibid., p. 263. 48 Ibid., p. 264. 49 Ibid., p. 105, 110 et 111 voir p. 101-112. 50 Ibid., p. 111. 51 MARION, ProlĂ©gomĂšnes Ă  la charitĂ©, p. 120 32AfïŹrmer que la rĂ©ciprocitĂ© est premiĂšre Ă  la fois dans l’expĂ©rience et pour la raison, qu’elle est seule Ă  assurer la primautĂ© de la relation, comme exigence Ă©thique et norme discursive, ce n’est pas ignorer l’altĂ©ritĂ© mais lui refuser d’ĂȘtre absolue. On tient pour abusive l’autoritĂ© accordĂ©e, durant plusieurs dĂ©cennies et sous un mode indiscutable, Ă  autrui, Ă  l’Autre, au Tout-Autre. OpposĂ© Ă  la dissymĂ©trie Ă  laquelle LĂ©vinas assignait la relation, l’Autre dĂ©terminant l’essence du langage autant que de la moralitĂ©, Jacques Ă©crit La subjectivitĂ© n’est ni pour soi, ni pour l’autre, elle est originairement capacitĂ© d’ĂȘtre et de se maintenir en relation 46 ». Le primat de la relation reste solidaire du primat de la rĂ©ciprocitĂ©. En effet, le pour-autrui se renverserait en un pour-soi. Le sujet qui s’aliĂšne en autrui aliĂšne en retour autrui Ă  lui-mĂȘme. L’asymĂ©trie garde cependant une fonction irrĂ©ductible Ă  l’intĂ©rieur de la rĂ©ciprocitĂ©, car la relation repose toujours elle-mĂȘme sur la responsabilitĂ© insubstituable de chacun de ses partenaires. Il est impossible pour le sujet, dĂ©clare le mĂȘme auteur, de se dĂ©charger de sa responsabilitĂ© d’exercice 47 ». Il poursuit En quoi je suis unique et irremplaçable, puisque seul en mesure de rĂ©pondre, seul Ă  pouvoir me dĂ©rober 48 ». Au terme d’une dĂ©marche trĂšs diffĂ©rente, l’insertion ici rĂ©alisĂ©e de la responsabilitĂ© dans et pour la rĂ©ciprocitĂ© ne rejoint-elle pas l’ambivalence attribuĂ©e par NĂ©doncelle Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ©, jugĂ©e aussi nĂ©cessaire qu’insufïŹsante Ă  la plĂ©nitude de la relation ? ÉloignĂ© de l’altĂ©ritĂ© radicale de LĂ©vinas, que la suite de l’Ɠuvre livrerait Ă  des formules inquiĂ©tantes, NĂ©doncelle a rapportĂ© spontanĂ©ment la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective Ă  une relation d’amour toute rĂ©ciprocitĂ© est essentiellement liĂ©e Ă  l’amour » AP 109. N’était-ce pas aller un peu vite ? Jacques paraĂźt toutefois franchir aussi allĂšgrement le pas entre la rĂ©ciprocitĂ© interlocutive et la rĂ©ciprocitĂ© amoureuse ou amicale. L’amour est la forme sensible d’une relation vĂ©cue », l’archĂ©type de la relation humaine », la relation faite sentiment 49 », la rĂ©ciprocitĂ© demeurant la seule forme capable de garantir la relation telle qu’elle se prĂ©sente dans le langage. Oui, l’amour donnĂ© et l’amour reçu sont en cela, prĂ©cise-t-il, comme la parole adressĂ©e et la parole reçue. Qui donne, qui reçoit ? On ne sait. Tant le donner est liĂ© ici au recevoir dans la rĂ©ciprocitĂ© 50 ». L’insĂ©parabilitĂ© des actes de donner et de recevoir a Ă©tĂ© un leitmotiv de NĂ©doncelle. Aurions-nous alors Ă  relever une vĂ©ritable continuitĂ© entre les deux philosophies ? Non, parce qu’un Ă©cart resurgit aussitĂŽt. Si l’amour conïŹrme Ă©galement le caractĂšre constitutif de la rĂ©ciprocitĂ© dans la relation intersubjective, l’un lui attribuait essentiellement une portĂ©e universelle, une ouverture Ă  la totalitĂ© des personnes cf. AP 79, alors que l’autre, proche d’une analyse gĂ©nĂ©ralement suivie, lui reconnaĂźt un caractĂšre privilĂ©giĂ©, comme l’exprime avec bonheur le terme de prĂ©dilection. L’amour, concluait Marion, dans une Ă©tude Ă©laborĂ©e dans les marges de la pensĂ©e de LĂ©vinas, c’est l’acte d’un regard qui se rend Ă  un autre regard en une commune insubstituabilitĂ© 51 ». Il n’est pas universel mais singulier, sauf en Dieu, est-il requis d’ajouter, mĂȘme si l’auteur citĂ© s’en abstient Ă  cet endroit. Si la rĂ©ciprocitĂ© ne s’identiïŹait pas immĂ©diatement Ă  l’amour chez NĂ©doncelle, elle y aspirait fortement, comme l’amour mĂȘme aspirait nĂ©cessairement Ă  l’absolu. La philosophie personnaliste se conïŹrmait ainsi indissociable d’une philosophie religieuse. b Personne et relation 52 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 186. 33Le caractĂšre fondateur de la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective Ă©tablit un pont entre les philosophies de M. NĂ©doncelle et de F. Jacques. La rĂ©ciprocitĂ© assure la primautĂ© de la relation, de droit comme de fait. Selon Jacques, la relation Ă  autrui est aussi irrĂ©ductible du point de vue logique qu’elle est immĂ©diate dans notre expĂ©rience 52 ». On prĂ©cisera toutefois qu’il s’agit, comme toujours, d’une relation interlocutive assimilĂ©e Ă  un dialogue imposant les obligations les plus contraignantes. Les deux philosophes peuvent aussi ĂȘtre rapprochĂ©s en vertu de l’importance qu’ils accordent Ă  la formation de l’individu humain en tant que personne. 53 Ibid., p. 260. 34Cependant, lorsqu’ils dĂ©fendent avec une force Ă©gale le caractĂšre communicable » de la personne, ils n’attribuent pas le mĂȘme sens Ă  la communicabilitĂ©. Selon NĂ©doncelle, la personne est constituĂ©e par la communion ou l’immanence des consciences, pour Jacques, Ă  travers la communication ou l’interaction des discours. Elle s’identiïŹe, chez le premier, dans une volontĂ© de promotion mutuelle, chez le second, par une recherche partagĂ©e du vrai. Elle advient ici au cours d’un Ă©change verbal interactif oĂč deux partenaires cherchent Ă  s’entendre. Un individu surgit en tant que personne en face d’un autre, dĂ©clare Jacques, dans la mesure oĂč il constitue avec lui une dyade d’interlocuteurs qui sont agents dans un procĂšs de co-rĂ©fĂ©rence 53 ». Les individus deviennent des personnes quand ils coopĂšrent, selon les impĂ©ratifs du dialogue, Ă  dĂ©terminer un troisiĂšme terme ce qu’ils disent et ce dont ils parlent. C’est pour constituer un Il que le Je et le Tu se rĂ©unissent en un Nous. Or, NĂ©doncelle diffĂšre le moment du Il, soit le passage de l’intersubjectivitĂ© Ă  l’objet, Ă  la chose, Ă  l’ĂȘtre. Le Nous ne forme pas une condition de l’objectivitĂ© du langage, au moins pas dans l’immĂ©diat. Il reste seulement ce qui est Ă  la fois prĂ©supposĂ© et posĂ© par le Je/Moi et le Tu/Toi. L’immanence du Nous, qui spĂ©ciïŹe l’altĂ©ritĂ© premiĂšre d’autrui, connaĂźt une seule transcendance, celle de Dieu. Un autre parti, qui placera la coopĂ©ration avant la communion, commencera au contraire par instituer le Nous en tĂ©moin de la transcendance d’un monde. 35La rĂ©ciprocitĂ© intersubjective, constitutive de l’identitĂ© personnelle, s’exprime constamment chez NĂ©doncelle en termes de causalitĂ© intersubjective » ou causalitĂ© rĂ©ciproque ». L’usage du terme de causalitĂ© dans l’ordre intersubjectif ou social apparaĂźt aujourd’hui Ă  Ă©viter et Ă  critiquer. Il sera vite soupçonnĂ© d’instrumentaliser la relation. À l’inverse, on l’a lu, notre auteur subordonne la causalitĂ© naturelle Ă  la causalitĂ© personnelle. Cette causalitĂ© est dite crĂ©ation de soi par l’autre et crĂ©ation de l’autre par soi, chacun Ă©tant pour l’autre Ă  la fois cause et effet. Or, l’usage prĂ©sent du mot crĂ©ation » ne semble pas purement mĂ©taphorique, puisque la causalitĂ© personnelle se laisse comprendre dans et par la causalitĂ© divine. Cet usage conïŹrme que l’intersubjectivitĂ© de La rĂ©ciprocitĂ© des consciences ne s’éloigne jamais d’une pensĂ©e religieuse. Il montre Ă©galement que l’efïŹcience est attribuĂ©e moins Ă  la relation elle-mĂȘme qu’à Ă  ses termes, moins Ă  la rĂ©ciprocitĂ© qu’à ses sujets. Le nous de l’amour est inactif, conclut NĂ©doncelle, en ce sens qu’il ne crĂ©e pas le moi et le toi, mais qu’il en exprime seulement l’état de rĂ©ciprocitĂ© » AP 44. Seul le Nous divin, en tant qu’il est personnel, est vraiment actif. En humanitĂ©, la personnalitĂ© et partant l’activitĂ© s’arrĂȘtent au Moi et au Toi. Mais repousser l’efïŹcacitĂ© de la relation n’est-il pas en limiter la prioritĂ© ? Jacques ne mĂ©connaĂźt pas que l’interlocution repose sur l’intersubjectivitĂ©, donc aussi sur la responsabilitĂ© inaliĂ©nable de chacun des partenaires. L’éthique commande le discours, sans inversion possible. En mĂȘme temps, Jacques reconnaĂźt au discours la charge de construire une communautĂ© Ă  la fois d’objectivitĂ© et de subjectivitĂ©. C’est en disant quelque chose de commun que les partenaires s’identiïŹent dans une communautĂ© de personnes. c Communion et communication 36Le troisiĂšme trait comparatif explicite le prĂ©cĂ©dent plus qu’il ne s’y ajoute. Il revient sur un effet spĂ©ciïŹque de l’intersubjectivitĂ© la connaissance. Si la communion, dans son immĂ©diatetĂ© interpersonnelle, ouvre Ă  une connaissance d’autrui, la communication, telle qu’elle est mĂ©diatisĂ©e par des univers de signes, ne permet-elle pas, et elle seule, une connaissance du monde ? Communion et communication ne s’excluent pas. Les preuves viennent d’en ĂȘtre prĂ©sentĂ©es. En retour, le problĂšme de la connaissance se pose en termes diffĂ©rents selon que le paradigme de la relation intersubjective se trouve offert dans la communion aimante des consciences ou dans la communication discursive des partenaires. Si la communion demeurait pour NĂ©doncelle le paradis perdu ou attendu » de la communicabilitĂ© des savoirs ou des discours, celle-ci ne dĂ©crit-elle pas dĂ©sormais l’échange dĂ©sacralisĂ© d’une intersubjectivitĂ© rĂ©conciliant thĂ©orie et pratique ? 54 Ibid., p. 367. 55 HABERMAS, Le discours philosophique de la modernitĂ©, p. 383. 56 Cf. ibid., p. 408. 37En construisant un modĂšle du dialogue ïŹnalisĂ© par l’établissement d’un consensus, d’un accord justiïŹĂ© sur le vrai, Jacques actualise la philosophie transcendantale initiĂ©e par Kant. Une intersubjectivitĂ© pratique, ayant pour forme normative la rĂ©ciprocitĂ©, devient la toute premiĂšre condition de possibilitĂ© de notre comprĂ©hension du monde, soit le fondement de la rationalitĂ©. Il y a une maniĂšre canonique de communiquer par signes sur le monde ; elle repose sur une interaction droite et heureuse des personnes, leur reconnaissance comme des semblables, sujets aux mĂȘmes droits et devoirs. Le dialogisme comme procĂšs de connaissance requiert le personnalisme comme procĂšs de reconnaissance. L’écart se rĂ©duit entre le souci des personnes et le discours sur les choses, Ă©crit donc Jacques. L’essence Ă©thique de la rationalitĂ© apparaĂźt 54 ». Un mouvement comparable, c’est-Ă -dire semblable et dissemblable, se dessine chez Habermas. La raison communicationnelle, Ă©crit ce dernier, s’afïŹrme dans la force de cohĂ©sion inhĂ©rente Ă  l’entente intersubjective et Ă  la reconnaissance rĂ©ciproque ; elle circonscrit par lĂ  mĂȘme l’univers d’une forme de vie communautaire 55 ». Bien qu’une visĂ©e de transformation sociale s’afïŹrme ici Ă  distance d’une simple visĂ©e de fondation transcendantale, c’est Ă  une rĂ©ciprocitĂ© interlocutive et intersubjective, Ă©tendue en effet au-delĂ  de la dyade, qu’il revient de supporter et lĂ©gitimer les processus de connaissance, de normativitĂ©, enïŹn d’individualisation 56. 57 NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice
, p. 32 je souligne. 38 L’altruisme de la connaissance, relevait NĂ©doncelle, est un fait surprenant et inĂ©luctable qui est au principe de la philosophie de la personne et en commande les dĂ©veloppements 57 ». La connaissance serait-elle donc fondĂ©e sur l’altruisme, soit en dĂ©ïŹnitive sur la rĂ©ciprocitĂ© des consciences ? La rĂ©ponse est nĂ©gative. NĂ©doncelle assoit la connaissance sur deux actes de donation qui demeurent hĂ©tĂ©rogĂšnes un donateur personnel, un don anonyme. On y retrouve l’écart entre l’ordre intersubjectif des Ă©tants et l’ordre cosmique de l’ĂȘtre. Aucun ne saurait avoir raison de l’autre ni s’en affranchir. La connaissance est avĂ©rĂ©e Ă  la fois, mais sĂ©parĂ©ment, gĂ©nĂ©reuse et gĂ©nĂ©rale. Elle a une Ă©paisseur ontologique, et elle est par dĂ©ïŹnition altruiste en quelque sorte, puisqu’elle est tournĂ©e vers l’autre, sinon toujours vers une autre conscience » AP 259. La dualitĂ© ainsi maintenue entre l’étant et l’ĂȘtre semble dĂ©fendre la philosophie contre l’obligation de choisir entre idĂ©alisme et rĂ©alisme, voire celle de rouvrir le dĂ©bat entre les deux thĂ©ories. L’altruisme de la connaissance n’apparaĂźt rĂ©pondre ni Ă  une interpellation ni Ă  une contrainte de la rĂ©alitĂ©. En retour, la rĂ©ciprocitĂ© des consciences ne participe pas aux connexions du monde. 58 Les rĂ©fĂ©rences majeures Ă  ces deux thĂšmes ont Ă©tĂ© apportĂ©es supra, note 11. 59 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 135. 60 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 82. 39L’écart prĂ©servĂ© entre l’étant et l’ĂȘtre rejaillit sur la dĂ©ïŹnition de plusieurs couples conceptuels dĂ©jĂ  identiïŹĂ©s au premier rang, communion et communication, dialogue et dialectique 58. Une explicitation s’impose. La communicabilitĂ© est rĂ©vĂ©lation de l’ĂȘtre, rĂ©itĂšre NĂ©doncelle ; la communion est rĂ©vĂ©lation de l’étant, qui est au-delĂ  de l’ĂȘtre 59 ». L’objectivitĂ© de la connaissance est affaire d’une transmission oĂč les personnes prennent une part plus dĂ©terminante que leur relation. La communion doit alors consentir Ă  transiter, donc Ă  sortir d’elle-mĂȘme, par et dans une communication de l’un Ă  l’autre La rĂ©ciprocitĂ© vĂ©cue des consciences, mĂȘme dans l’amour, est soumise au paradoxe de n’atteindre la communion qu’à travers la communication 60 ». Celle-ci se met au service de l’efïŹcience de l’ĂȘtre, celle-lĂ  au service de la ïŹnalitĂ© de l’étant. De mĂȘme, lĂ  oĂč le dialogue est libertĂ© et invention, la dialectique est nĂ©cessitĂ© et reproduction. S’il est vĂ©riïŹĂ© que les deux se prĂȘtent mutuellement secours, la dialectique reste irrĂ©ductible au dialogue. NĂ©doncelle peut Ă©voquer Ă  cet endroit une synergie », une co-crĂ©ation », une mutualitĂ© inventive » des personnes, mais la crĂ©ativitĂ© n’en apparaĂźt pas moins d’abord personnelle et sans prise effective sur les liens dialectiques. Finalement, le chemin du dialogue concerne davantage l’avenir de ses partenaires que le devenir de ses arguments. C’est un dialogue existentiel plutĂŽt que discursif, tandis que la dialectique, rĂ©partie entre le discours et l’ĂȘtre, ne cesse pas de faire valoir ses contraintes. L’échange entre les deux formations s’ordonne donc Ă  leur limitation rĂ©ciproque. Si l’une ne peut se passer de l’autre, elles ne se rĂ©unissent pas l’une Ă  l’autre. d Dyade et sociĂ©tĂ© 40En reprenant une citation prĂ©cĂ©dente de Jacques, on dira que, chez NĂ©doncelle, la distance s’accroĂźt entre le souci des personnes et le discours sur les choses ». Personnes et choses ne cessent pas de se chercher et de se manquer. Ne serait-ce pas lĂ  un nouvel indice de l’ombre portĂ©e d’une philosophie religieuse sur une philosophie de l’intersubjectivitĂ© ? Dieu mĂȘme ne se soucie-t-il pas plus des personnes que des choses ? On devrait en dĂ©couvrir un dernier indice dans l’abĂźme creusĂ© entre l’intersubjectivitĂ© personnelle et l’objectivitĂ© sociale. L’essentiel a Ă©tĂ© dit plus haut Ă  travers quelques citations d’une Ă©tude particuliĂšrement suggestive, dĂšs son titre L’indigence spirituelle du devenir collectif et de son histoire » cf. AP 216-234. Au-delĂ  du monologue et du dialogue commence le bruit de la foule. Le tiers est dĂ©jĂ  l’anonyme. Il y a discontinuitĂ© entre la dyade, communion des esprits, et la sociĂ©tĂ©, communautĂ© de l’espĂšce. La rĂ©ciprocitĂ© intersubjective s’interrompt aux frontiĂšres d’une relation Ă©troitement interpersonnelle. 61 HABERMAS, Le discours philosophique de la modernitĂ©, p. 430. 62 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 293. 41Une philosophie aussi exclusivement personnaliste apparaĂźt fort Ă©loignĂ©e d’une philosophie sociale qui fera d’une entente intersubjective rĂ©guliĂšre et heureuse un principe et un mouvement capables de produire une transformation de la sociĂ©tĂ© dans le sens de la solidaritĂ©. La force d’intĂ©gration sociale inhĂ©rente Ă  la solidaritĂ©, conclut ainsi Habermas, devrait pouvoir s’afïŹrmer Ă  l’encontre de la force d’intĂ©gration systĂ©mique dĂ©ployĂ©e par les media de rĂ©gulation que sont l’argent et le pouvoir 61 ». Les sociĂ©tĂ©s modernes se montrent assurĂ©ment soumises Ă  des systĂšmes, ïŹnanciers et administratifs, opĂ©rant une intĂ©gration des individus par la seule puissance de leur organisation interne. Cependant, elles peuvent et doivent ĂȘtre encore investies par de tout autres capacitĂ©s d’intĂ©gration, celles-ci issues de l’intersubjectivitĂ© engendrĂ©e par le langage ». Jacques reproche ici Ă  Habermas de confondre deux perspectives sociales l’une systĂ©mique, relative Ă  la structuration des collectivitĂ©s et de leur histoire ; l’autre relationnelle, attachĂ©e Ă  la formation dialogique des personnes. L’initiative reste Ă  la relation interlocutive, rĂ©plique Jacques, quand il s’agit de peser sur la clĂŽture du systĂšme, ou lorsqu’il s’agit de mĂ©nager la compatibilitĂ© de relations conïŹ‚ictuelles 62 ». Quelle que soit la portĂ©e de l’argument, le philosophe du dialogue s’emploie effectivement Ă  rĂ©server celui-ci Ă  une dyade Ă©trangĂšre Ă  toute distribution sociale du pouvoir. Cette dyade ne s’identiïŹe pourtant pas Ă  la dyade de NĂ©doncelle. D’une part, elle ne dĂ©sespĂšre pas du champ social, ne le renvoie pas Ă  l’indigence spirituelle. D’autre part, elle garde pour unique ambition d’offrir un fondement Ă©thique Ă  la rationalitĂ©. 42Ainsi s’achĂšve le propos de reprendre une philosophie consĂ©quente de l’intersubjectivitĂ© Ă  partir d’un nouvel horizon de pensĂ©e dessinĂ© par des analyses de la sociĂ©tĂ© et du langage mais aussi par des interprĂ©tations de la manifestation d’autrui dans la relation. Cette philosophie, qui s’est dite elle-mĂȘme personnaliste, a fondĂ© une immanence interpersonnelle et personnelle sur une transcendance suprapersonnelle et tripersonnelle. 43L’immanence en son fond indĂ©niable, identiïŹĂ©e Ă  la rĂ©ciprocitĂ© des consciences, s’est explicitĂ©e en termes d’amour et de communion. L’amour exprime l’unitĂ© d’un Moi et d’un Toi en un Nous. Il se refuse Ă  sĂ©parer donner et recevoir. La communion se distingue de la communication comme la personne de la nature, l’étant de l’ĂȘtre, la personnalitĂ© de l’anonymat, les relations immanentes des relations transitives. Si NĂ©doncelle a toujours rĂ©servĂ© la rĂ©ciprocitĂ© des relations Ă  l’échange entre deux consciences, il en est venu Ă  renforcer la singularitĂ© des personnes et, surtout, Ă  laisser place Ă  la connaissance de la nature Ă  cĂŽtĂ© de la connaissance des personnes, Ă©largissant les espaces de communication en deçà et par-delĂ  les relations de communion. Fondamentale, la rĂ©ciprocitĂ© humaine ne saurait se fonder ellemĂȘme. Si elle doit ĂȘtre fondĂ©e, elle ne peut l’ĂȘtre qu’en Dieu, assurĂ©ment origine et ïŹn de toutes choses mais accessible seulement comme origine et ïŹn de l’ordre des personnes. Alors que la communication de l’ĂȘtre n’ouvre qu’à une possibilitĂ© de Dieu, la communion des Ă©tants exige d’acquiescer Ă  sa nĂ©cessitĂ©. L’athĂ©isme a pour limite de ne pas reconnaĂźtre les attributs de Dieu dans les valeurs de la personne. Ces derniĂšres laissent pourtant les sujets dĂ©semparĂ©s devant les maux, oĂč leurs souffrances pĂšsent plus lourd que leurs fautes. AbandonnĂ©e ici par la nĂ©cessitĂ© et diffĂ©renciĂ©e en outre de l’interpellation religieuse, la rĂ©ïŹ‚exion philosophique tient encore pour probable une destinĂ©e ultime et divine de la personne. 44Cette impossibilitĂ© pour le personnalisme nĂ©doncellien de penser l’intersubjectivitĂ© en dehors d’une pensĂ©e de la divinitĂ© le met immĂ©diatement Ă  part de philosophies plus rĂ©centes de l’intersubjectivitĂ©. Quoi qu’on ait pu en dire, celles-ci ne se sont pas appuyĂ©es sur une afïŹrmation inconditionnelle de Dieu. Elles n’ont pas posĂ© en alternative mĂ©connaissance ou reconnaissance de Dieu. Elles ne se sont pas dĂ©veloppĂ©es en philosophie religieuse. Au lieu de soumettre l’intersubjectivitĂ© Ă  une exigence et une attente de Dieu, elles ont laissĂ© ou fait apparaĂźtre, pour le seul bĂ©nĂ©ïŹce philosophique, une certaine convenance ou rapport mĂ©taphorique entre philosophie et thĂ©ologie. On l’a montrĂ© en fonction de deux cas exemplaires. L’altĂ©ritĂ© intersubjective se rĂ©vĂšle chez LĂ©vinas en rĂ©sonance avec le retrait Ă©thique de Dieu dans le judaĂŻsme. La rĂ©ciprocitĂ© intersubjective chez Jacques se dĂ©couvre en accord avec la communication de Dieu Ă  lui-mĂȘme et aux hommes dans le christianisme. 63 DE BEER rĂ©capitule ainsi la philosophie de notre auteur Les personnes sont des Ă©tants qui commu ... 45L’unitĂ© rĂ©alisĂ©e par Jacques entre philosophie de l’intersubjectivitĂ© et philosophie de la personne invitait Ă  poursuivre avec lui la comparaison. Cette unitĂ© a toutefois Ă©tĂ© scellĂ©e non plus dans une philosophie de la conscience mais dans une philosophie du discours en tant que recherche commune du vrai. Bien qu’une philosophie assez diffĂ©rente de l’interlocution ait Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par Habermas, celle-ci devait permettre de rejoindre un sens de la solidaritĂ© et de l’efïŹcacitĂ© sociales. Revenant donc avec ce double regard sur l’immanence intersubjective chez NĂ©doncelle, il nous semble y avoir discernĂ© un quadruple Ă©cart qui dĂ©terminerait aussi une quadruple limite. a L’identiïŹcation de la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective avec l’amour interpersonnel n’y entraĂźne-telle pas un oubli des diffĂ©rences ? b Une attribution de la causalitĂ© ou de la crĂ©ativitĂ© aux personnes plutĂŽt qu’à leur relation mĂȘme ne conduit-elle pas Ă  un repli vers la singularitĂ©, au dĂ©triment de l’universalitĂ© comme de la communautĂ© ? c La dissociation maintenue entre communion et communication, relation rĂ©ciproque et relation transitive, ne condamne-t-elle pas la philosophie Ă  une dichotomie malheureuse entre le sujet et le monde ? d La rĂ©duction de la spiritualitĂ© humaine Ă  un face-Ă -face n’abandonne-t-elle pas la sociĂ©tĂ© et l’histoire au non-sens ? Ces quatre interrogations, aux rĂ©ponses trop probables, ne renvoient-elles pas ïŹnalement Ă  une seule et mĂȘme raison une trop Ă©troite proximitĂ©, dans la pensĂ©e, entre l’immanence humaine de la personne et sa transcendance divine 63 ? Elle entraverait une plus solide articulation – dans les limites du temps du discours, de l’espace de la sociĂ©tĂ© et de leur analyse philosophique – entre la rĂ©ciprocitĂ© intersubjective et ses activitĂ©s Ă  la fois thĂ©oriques et pratiques. 64 PUCELLE Ă©crira Il est surtout un psychologue pĂ©nĂ©trant qui met ses analyses patientes au proïŹt ... 65 Partant d’une large et profonde lecture synchronique de l’Ɠuvre de NĂ©doncelle, LABELLE a cons ... 46Bien que l’actualitĂ© d’une philosophie ne se confonde pas avec sa vĂ©ritĂ©, il convient de poser sans dĂ©tour une derniĂšre question que nous reste-t-il de Maurice NĂ©doncelle ? La rĂ©ponse apportĂ©e s’inscrira dans les limites d’une approche qui s’est maintenue volontairement formelle 64. Ce n’est pas rien d’avoir fondĂ© dans la rĂ©ciprocitĂ© une philosophie de la personne 65. Il y a encore lieu de la dĂ©fendre contre la fascination exercĂ©e par une altĂ©ritĂ© se donnant pour radicale. Celle-ci n’a guĂšre laissĂ© de repos Ă  la pensĂ©e chrĂ©tienne au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Or, aussi longtemps qu’une relation responsable n’est pas rĂ©ciproque, elle n’est pas non plus accomplie. En outre, s’il convient de diffĂ©rer le passage de l’immanence intersubjective Ă  la transcendance divine, il convient en retour de prĂ©server le dĂ©placement opĂ©rĂ© d’une thĂ©ologie de la nature ou de l’ĂȘtre vers une thĂ©ologie de la personne ou de l’existence. EnïŹn, La rĂ©ciprocitĂ© des consciences a renouvelĂ©, d’une maniĂšre assez dĂ©terminante, la question dite de la thĂ©odicĂ©e, en inversant les rapports entre le pĂ©chĂ© et la souffrance mais aussi entre le mal et Dieu. La cause de Dieu ne se gagne qu’à partir de la souffrance et contre la souffrance. Haut de page Notes 1 J. LACROIX retenait cette dĂ©signation en classant M. NĂ©doncelle parmi les philosophies de l’existence », placĂ©es entre les philosophies de la rĂ©ïŹ‚exion » et une sĂ©rie Ă©pistĂ©mologie, anthropologie, psychologie » Panorama de la philosophie contemporaine, Paris, 2e Ă©d. 1968, p. 115-121. Autres prĂ©sentations de l’Ɠuvre et de la philosophie de notre auteur J. PUCELLE, Maurice NĂ©doncelle » nĂ©crologie, Les Études Philosophiques, 1978, p. 116-123 ; COLL., La pensĂ©e philosophique et religieuse de Maurice NĂ©doncelle, Paris, TĂ©qui, 1981, 143 p. ; F. de BEER, art. NĂ©doncelle », Catholicisme, tome 9, Paris, Letouzey et AnĂ©, 1982, col. 1136-1138. 2 Quand un philosophe accueille et distille Ă  sa maniĂšre dans sa philosophie le message surnaturel comme principe du monde, Ă©crit M. NÉDONCELLE, il court une aventure Ă  la fois philosophique et chrĂ©tienne et il doit ĂȘtre jugĂ© d’aprĂšs la vertu intelligible de ses afïŹrmations. Personne ne peut lui refuser a priori sa chance ni s’offusquer de son titre. » Existe-t-il une philosophie chrĂ©tienne ?, Paris, Librairie ArthĂšme Fayard, 1956, p. 112. 3 La prĂ©sente initiative a Ă©tĂ© prise Ă  la suite d’une demande composer une notice et rĂ©unir quelques textes sur le rapport entre philosophie et thĂ©ologie chez M. NĂ©doncelle, pour une publication en cours de parution aux Éd. du Cerf Anthologie Philosophie-ThĂ©ologie. J’ajoute qu’il me plaĂźt de rendre un deuxiĂšme hommage Ă  un prĂ©dĂ©cesseur. 4 Une preuve Ă©loquente en est donnĂ©e par M. NÉDONCELLE, Philosophie de la religion », dans R. KLIBANSKY Ă©d., Contemporary Philosophy – La philosophie contemporaine, Firenze, La Nuova Italia Editrice, 1971, p. 170-213. 5 M. NÉDONCELLE, La rĂ©ciprocitĂ© des consciences. Essai sur la nature de la personne, Paris, Éd. Montaigne, 1942, 329 p. RC ; Vers une philosophie de l’amour et de la personne, Paris, Aubier-Montaigne, 1957, 272 p. AP. Les conclusions des deux ouvrages offrent une solide synthĂšse de la pensĂ©e personnaliste de notre auteur. On en aurait une autre synthĂšse dans Personne humaine et nature. Étude logique et mĂ©taphysique, Paris, Aubier-Montaigne, nelle Ă©d., 1963, p. 27-42. Une bibliographie de l’auteur est prĂ©sentĂ©e dans Explorations personnalistes, Paris, Aubier-Montaigne, 1970, p. 283-297. Les rĂ©fĂ©rences aux deux premiers ouvrages seront donnĂ©es dans le corps du texte sigle suivi de la pagination. 6 M. NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie. Le dĂ©ïŹ personnaliste, Louvain et Paris, Nauwelaerts et BĂ©atrice-Nauwelaerts, 1974, p. 5. De BEER y voit l’étape ultime de sa philosophie art. NĂ©doncelle », col. 1136. Le tournant avait Ă©tĂ© amorcĂ© avec Personne humaine et nature, sous une forme restĂ©e laborieuse, dont une premiĂšre version, publiĂ©e dĂšs 1943, devait constituer la seconde partie de la ThĂšse. 7 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 91. 8 Ibid., p. 134. 9 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 82. 10 Cf. M. NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice et dynamisme temporel des consciences, Paris, Bloud et Gay, 1977, p. 32. 11 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 81 je souligne. Voir ici p. 79-83 Dialectique et dialogue dans la rĂ©ciprocitĂ© des consciences » ; Ă  lier avec IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 131-144 CommunicabilitĂ© et communication des consciences ». 12 Ibid., p. 82. 13 Ibid. 14 M. NÉDONCELLE, Conscience et Logos. Horizons et mĂ©thodes d’une philosophie personnaliste, Paris, Éd. de l’Épi, 1961, p. 10. 15 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 54. Les p. 49-61 de cet ouvrage Les sources sensibles et axiologiques de l’afïŹrmation religieuse » sont dĂ©cisives pour le sujet en cours, ainsi que les p. 119-138 Un chemin philosophique vers Dieu » et 139-154 Le sens positif de l’athĂ©isme » de Conscience et Logos. 16 Ibid., p. 55. 17 Ibid., p. 57. 18 NÉDONCELLE, Conscience et Logos, p. 122. 19 Ibid., p. 149 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 59. 20 Ibid., p. 150. 21 Cf. NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice
, p. 28. 22 Cf. PUCELLE, Maurice NĂ©doncelle », p. 122. 23 Voir NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 365-374 L’intersubjectivitĂ© d’aprĂšs Martin Buber et Emmanuel LĂ©vinas ». AprĂšs avoir relevĂ© que LĂ©vinas reproche Ă  Buber, d’une part d’avoir identiïŹĂ© relation et rĂ©ciprocitĂ©, d’autre part d’avoir mĂ©connu la sĂ©paration du Je, l’étude retient chez lui l’asymĂ©trie de la relation Ă  autrui, en prĂ©sentant briĂšvement TotalitĂ© et InïŹni, avec ïŹdĂ©litĂ© et sympathie. 24 Voir E. LÉVINAS, Autrement qu’ĂȘtre ou au-delĂ  de l’essence, La Haye, Martinus Nijhoff, 1974, p. 142-147. 25 Voir E. LÉVINAS, TotalitĂ© et InïŹni. Essai sur l’extĂ©rioritĂ©, Martinus Nijhoff, 4e Ă©d. 1971, p. 229 s. section IV Au-delĂ  du visage », spĂ©c. p. 229-244 ; MARION, ProlĂ©gomĂšnes Ă  la charitĂ©, Paris, La DiffĂ©rence, 1986, p. 89-120 L’intentionnalitĂ© de l’amour, en hommage Ă  Emmanuel LĂ©vinas ». 26 Notre visĂ©e, qui suppose une opĂ©ration comparative, peut se satisfaire d’un seul titre pour chacun des deux auteurs J. HABERMAS, Le discours philosophique de la modernitĂ©. Douze confĂ©rences, 1985, trad. de l’allemand par Ch. Bouchindhomme et R. Rochlitz, Paris, Gallimard, 1988, spĂ©c. p. 348-433 ; F. JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©. Anthropologie d’un point de vue relationnel, Paris, Aubier-Montaigne, 1982 critique du privilĂšge de l’asymĂ©trie chez LĂ©vinas p. 164-182 ; critique de la prioritĂ© des interactions sociales chez Habermas p. 287-293. Pour une discussion entre les deux approches de l’intersubjectivitĂ© construite dans la communication, voir F. POCHÉ, Une politique de la fragilitĂ©. Éthique, dignitĂ© et luttes sociales, Paris, Éd. du Cerf, 2004, p. 25-60 ; Y. LABBÉ, La foi et la raison 2. La religion chrĂ©tienne dans l’échange symbole et dialogue, Paris, Éd. Salvator, 2007, p. 122-128. 27 D. JANICAUD, Le tournant thĂ©ologique de la phĂ©nomĂ©nologie française, Paris, Éd. de l’Éclat, 1990, p. 15. 28 NÉDONCELLE, Existe-t-il une philosophie chrĂ©tienne ?, p. 101. Voir IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 213-215 ThĂ©ologie et philosophie ou les mĂ©tamorphoses d’une servante ». 29 G. PETITDEMANGE renvoie aux origines lituaniennes de LĂ©vinas en parlant d’ un judaĂŻsme de la grandeur excessive de Dieu, ce judaĂŻsme pharisien et talmudiste de Vilnius » LĂ©vinas, phĂ©nomĂ©nologie et judaĂŻsme », Recherches de Science Religieuse, 85 1997, p. 227. 30 LÉVINAS, TotalitĂ© et InïŹni, p. 21. 31 Ibid., p. 10. 32 Ibid., p. 30. 33 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 370. 34 Cf. E. LÉVINAS, DifïŹcile libertĂ©. Essais sur le judaĂŻsme, Paris, Albin Michel, 1963, p. 33. 35 Mon jugement, rendant justice Ă  LĂ©vinas, s’écarte du propos de JANICAUD, sous rĂ©serve de substituer philosophie » Ă  phĂ©nomĂ©nologie » En fait, la phĂ©nomĂ©nologie a Ă©tĂ© prise en otage par une thĂ©ologie qui ne veut pas dire son nom. » Le tournant thĂ©ologique
, p. 31. F. POCHÉ a ouvert un livre sur quelques propos semblables LĂ©vinas, chemin ou obstacle pour la thĂ©ologie chrĂ©tienne ? L’hospitalitĂ© des intelligences, Paris, Éd. du Cerf, 2005, p. 15. Nombre de philosophes, dĂ©tachĂ©s personnellement de toute thĂ©ologie, en dĂ©busquent volontiers une partout consĂ©quence peut-ĂȘtre de la critique postmoderne de l’ontothĂ©ologie. 36 Cf. JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 184. 37 Voir les deux ouvrages publiĂ©s sous le titre commun de Dialogiques en 1979 et 1985 Paris, 38 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 86-97 et 265-270. 39 Ibid., p. 94. 40 Ibid., p. 265. 41 Ibid. 42 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 213. 43 La convenance est devenue chez HABERMAS conversion, soit-elle simplement partielle, de la religion Ă  la philosophie, la thĂ©orie de l’intersubjectivitĂ© communicationnelle donnant un statut philosophique Ă  ce thĂšme religieux d’une communautĂ© fondĂ©e sur l’alliance » Le discours philosophique de la modernitĂ©, p. 385. 44 La souffrance est appelĂ©e par LÉVINAS Ă  s’inverser en patience TotalitĂ© et InïŹni, p. 216-217, alors que JACQUES se concentre sur les dĂ©ïŹciences, dĂ©faillances et dĂ©fections de la rĂ©ciprocitĂ© relationnelle DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 270-271. 45 Voir A. GESCHÉ, Dieu pour penser. I. Le mal, Paris, Éd. du Cerf, 1993, p. 120-126 et 161-180. Je me permets de renvoyer Ă  un livre et un article oĂč je me suis laissĂ© inspirer, au moins de loin, par ces rĂ©fĂ©rences Dieu contre le mal. Un chemin de thĂ©ologie philosophique, Paris, Éd. du Cerf, 2003, p. 159 s. ; Souffrance humaine et TrinitĂ© divine », dans Annales de Philosophie, 27 2006, p. 29-48. L’excĂšs de Dieu rĂ©pond Ă  l’excĂšs du mal. 46 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 157. 47 Ibid., p. 263. 48 Ibid., p. 264. 49 Ibid., p. 105, 110 et 111 voir p. 101-112. 50 Ibid., p. 111. 51 MARION, ProlĂ©gomĂšnes Ă  la charitĂ©, p. 120 52 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 186. 53 Ibid., p. 260. 54 Ibid., p. 367. 55 HABERMAS, Le discours philosophique de la modernitĂ©, p. 383. 56 Cf. ibid., p. 408. 57 NÉDONCELLE, Sensation sĂ©paratrice
, p. 32 je souligne. 58 Les rĂ©fĂ©rences majeures Ă  ces deux thĂšmes ont Ă©tĂ© apportĂ©es supra, note 11. 59 NÉDONCELLE, IntersubjectivitĂ© et ontologie, p. 135. 60 NÉDONCELLE, Explorations personnalistes, p. 82. 61 HABERMAS, Le discours philosophique de la modernitĂ©, p. 430. 62 JACQUES, DiffĂ©rence et subjectivitĂ©, p. 293. 63 DE BEER rĂ©capitule ainsi la philosophie de notre auteur Les personnes sont des Ă©tants qui communiquent entre eux par l’ĂȘtre du monde, mais ils ne peuvent communier entre eux que dans l’Étant divin qui les fonde dans leur relation de rĂ©ciprocitĂ© » art. NĂ©doncelle », col. 1136. La communication ne demeure-t-elle pas, malgrĂ© tout, non seulement infĂ©rieure mais extĂ©rieure Ă  la communion, laquelle est Ă  la fois humaine, divine et humano-divine ? 64 PUCELLE Ă©crira Il est surtout un psychologue pĂ©nĂ©trant qui met ses analyses patientes au proïŹt d’un projet de phĂ©nomĂ©nologie original. » Maurice NĂ©doncelle », p. 123 Notre relecture n’a pas, Ă  l’évidence, suivi cette voie. 65 Partant d’une large et profonde lecture synchronique de l’Ɠuvre de NĂ©doncelle, LABELLE a construit un concept de rĂ©ciprocitĂ© Ă©ducative », ou mieux Ă©ducatrice », oĂč la rĂ©ciprocitĂ© des consciences dĂ©ïŹnit la condition et le fondement de l’éducation La rĂ©ciprocitĂ© Ă©ducative, Paris, 1996 Autrement dit, la fonction spĂ©ciïŹque de l’éducation est que chacun puisse retrouver et recrĂ©er le don de rĂ©ciprocitĂ© reçu » p. 183. Cette postĂ©ritĂ© de NĂ©doncelle apparaĂźt exceptionnelle, sans doute unique. Sa pensĂ©e marque un tournant dĂ©cisif dans l’histoire des conceptions philosophiques de l’homme », Ă©crit l’auteur ; elle constitue le fondement dĂ©cisif de la rĂ©ciprocitĂ© Ă©ducative » p. 163 et 191. Si NĂ©doncelle a Ă©laborĂ© la mĂ©taphysique requise par une thĂ©orie et une pratique de l’intersubjectivitĂ© Ă©ducatrice, cette mĂ©taphysique se trouve ici dĂ©liĂ©e de toute philosophie religieuse. L’ĂȘtre, distinguĂ© de l’étant et compris comme l’acte de communion des Ă©tants entre eux » p. 183, se sufïŹt dĂ©sormais Ă  luimĂȘme. Voir, du mĂȘme auteur La rĂ©ciprocitĂ© Ă©ducatrice des personnes, fondement de l’éducation des adultes », dans A. BINZ, R. MOLDO, ROY Ă©d., Former des adultes en Église. État des lieux, aspects thĂ©oriques et pratiques, Hommage Ă  Gilbert Adler, Saint-Maurice, Éd. Saint-Augustin, 2000, p. 93-101 p. 93-110.Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Yves LabbĂ©, Une relecture de Maurice NĂ©doncelle », Revue des sciences religieuses, 83/2 2009, 155-183.. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Yves LabbĂ©, Une relecture de Maurice NĂ©doncelle », Revue des sciences religieuses [En ligne], 83/2 2009, document mis en ligne le 11 septembre 2014, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Yves LabbĂ© FacultĂ© de thĂ©ologie catholiqueUniversitĂ© de Strasbourg Articles du mĂȘme auteur Paris, Éd. du Cerf, Cogitatio Fidei, 2007, 429 p. Article Paru dans Revue des sciences religieuses, 82/2 2008 Article Paru dans Revue des sciences religieuses, 82/2 2008 Bergson et les sciences d'aujourd'hui Paris, L'Harmattan, 2005, 169 p.; Scientifiquement incorrect ou les dĂ©rives idĂ©ologiques de la science, Paris, Salvator, 2006, 154 p. Paru dans Revue des sciences religieuses, 81/1 2007 Un dĂ©bat dans la thĂ©ologie catholique française Paru dans Revue des sciences religieuses, 85/1 2011 Paris, Les Belles Lettres, 2006, 469 pages Paru dans Revue des sciences religieuses, 85/1 2011 ConfĂ©rences de l’École doctorale en thĂ©ologie 2002-2004, Louvain-la-Neuve, Publications de la FacultĂ© de ThĂ©ologie, 169 p. Paru dans Revue des sciences religieuses, 80/3 2006 Tous les textes... Haut de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
Thisis "L'AMOUR EST L'ACCOMPLISSEMENT DE LA LOI - DIMANCHE SOIR 06-05-2018" by AssemblĂ©e Sion Tabernacle on Vimeo, the home for high La loi de Dieu se compose de dix commandements. C'est dans la Bible — Exode SEG Alors Dieu prononça toutes Ses paroles, disant "Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. [1] Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. [2] Tu ne te feras point d'image taillĂ©e, ni de reprĂ©sentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquitĂ© des pĂšres sur les enfants jusqu'Ă  la troisiĂšme et la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration de ceux qui me haĂŻssent, et qui fais misĂ©ricorde jusqu'en mille gĂ©nĂ©rations Ă  ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. [3] Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra Son nom en vain. [4] Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septiĂšme jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bĂ©tail, ni l'Ă©tranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et Il s'est reposĂ© le septiĂšme jour c'est pourquoi l'Éternel a bĂ©ni le jour du repos et l'a sanctifiĂ©. [5] Honore ton pĂšre et ta mĂšre, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. [6] Tu ne tueras point. [7] Tu ne commettras point d'adultĂšre. [8] Tu ne dĂ©roberas point. [9] Tu ne porteras point de faux tĂ©moignage contre ton prochain. [10] Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son Ăąne, ni aucune chose qui appartienne Ă  ton prochain." » Quel est le principe fondamental de la loi de Dieu ? La rĂ©ponse est dans la Bible — Romains SEG L'amour ne fait point de mal au prochain l'amour est donc l'accomplissement de la loi. » La loi de Dieu tient toute dans l'amour. C'est dans la Bible — Matthieu SEG JĂ©sus rĂ©pondit "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton Ăąme, et de toute ta pensĂ©e. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme. De ces deux commandements dĂ©pendent toute la loi et les prophĂštes." » Par JĂ©sus, notre relation envers la loi de Dieu se trouve clarifiĂ©e. C'est dans la Bible — Matthieu SEG Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophĂštes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vĂ©ritĂ©, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaĂźtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'Ă  ce que tout soit arrivĂ©. » La loi de Dieu est lĂ  pour nous guider, pas pour nous offrir la justification. C'est dans la Bible — Galates SEG ... sachant que ce n'est pas par les œuvres de la loi que l'homme est justifiĂ©, mais par la foi en JĂ©sus-Christ, nous aussi nous avons cru en JĂ©sus-Christ, afin d'ĂȘtre justifiĂ©s par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiĂ©e par les œuvres de la loi. » Notre devoir est d'obĂ©ir Ă  la loi de Dieu. C'est dans la Bible — EcclĂ©siastes SEG Crains Dieu et observe Ses commandements. C'est lĂ  ce que doit faire tout homme. » Quel rapport y a-t-il entre la loi et le pĂ©chĂ© ? La rĂ©ponse est dans la Bible — I Jean SEG Quiconque pĂšche transgresse la loi, et le pĂ©chĂ© est la transgression de la loi. » Est-il nĂ©cessaire d'observer tous les commandements ? La rĂ©ponse est dans la Bible — Jacques SEG Car quiconque observe toute la loi, mais pĂšche contre un seul commandement, devient coupable de tous. En effet, celui qui a dit "Tu ne commettras point d'adultĂšre," a dit aussi "Tu ne tueras point". Or, si tu ne commets point d'adultĂšre, mais que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi. » Peut-on connaĂźtre Dieu sans observer les commandements ? La rĂ©ponse est dans la Bible — I Jean SEG Celui qui dit "Je l'ai connu," et qui ne garde pas Ses commandements, est un menteur, et la vĂ©ritĂ© n'est point en lui. Mais celui qui garde Sa parole, l'amour de Dieu est vĂ©ritablement parfait en lui par lĂ  nous savons que nous sommes en Lui. Celui qui dit qu'il demeure en Lui doit marcher aussi comme Il a marchĂ© lui-mĂȘme. » Quel est le but de la loi ? La rĂ©ponse est dans la Bible — Romains SEG ... c'est par la loi que vient la connaissance du pĂ©chĂ©. » Suffit-il d'observer la loi pour ĂȘtre sauvĂ© ? La rĂ©ponse est dans la Bible — Romains SEG OĂč donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l'homme est justifiĂ© par la foi, sans les œuvres de la loi. Ou bien Dieu est-Il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l'est-Il pas aussi des paĂŻens ? Oui, Il l'est aussi des paĂŻens, puisqu'il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis, et par la foi les incirconcis. AnĂ©antissons-nous donc la loi par la foi ? Loin de lĂ  ! Au contraire, nous confirmons la loi. »
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l amour est l accomplissement de la loi