Que ça fait plaisir de se retrouver devant ce genre de grosse rĂ©crĂ©ation, complĂštement assumĂ©e en tant que divertissement d'oĂč transpire une rĂ©elle envie de rendre hommage Ă un genre bien particulier. Avec Shaun of the dead, du titre jusqu'au noyau qui propulse le film, tout est rĂ©uni pour porter haut dans nos coeurs ces films de zomblards qui ont su se faire une place comme genre Ă part entiĂšre. Bon nombre de rĂ©fĂ©rences qui propulsent l'histoire sont des clins d'oeil directs Ă l'oeuvre la plus cĂ©lĂšbre en matiĂšre de morts sur pattes, Ă savoir l'excellente trilogie des morts vivants du maĂźtre Romero. Sans que la connaissance de cette derniĂšre soit indispensable pour apprĂ©cier le film, elle permet Ă l'initiĂ© de s'amuser encore plus. Pour ma part, je me suis fendu la poire comme rarement devant cette comĂ©die horrifique qui est Ă mon sens ce qui ce fait de mieux Ă l'heure actuelle. On y sent en effet une inspiration sans bornes, autant qu'on devine sans mal le travail d'imprĂ©gnation Ă laquelle s'est livrĂ© Edgar Wright pour Ă©crire son script, tant il contient l'essence du genre, tout en s'en dĂ©tachant pour devenir un objet original et singulier qui porte sa propre marque. C'est bien lĂ toute la puissance du film, cette capacitĂ© Ă se rendre unique tout en s'accaparant les gimmick ultra connus d'un genre qui a depuis longtemps Ă©tĂ© pompĂ© jusqu'Ă la moelle par des faiseurs plus ou moins habiles. Shaun of the dead nous fait donc la belle surprise de n'ĂȘtre jamais Ă court de ressources pour propulser son histoire, mais il fait Ă©galement bien plus. Edgar Wright possĂšde un rĂ©el savoir faire en matiĂšre de mise en scĂšne, et le met Ă l'Ă©preuve tout au long de son film. Les sĂ©quences s'enchaĂźnent avec fluiditĂ© et les effets visuels ne font jamais cheap, ce qui n'est pas chose facile lorsqu'il faut faire dĂ©vorer Ă un zombie un humain encore vivant. Dans Shaun of the dead, tout parait naturel car ce rĂ©alisme qui se paye le luxe de ne jamais ĂȘtre gore est couplĂ© Ă un Ă©lan comique omniprĂ©sent, les deux combinĂ©s font des Ă©tincelles. En plus de nous inspirer beaucoup de respect, elles permettent surtout Ă Edgar Wright de ne pas uniquement rester dans la farce pure, ce qui Ă©lĂšve vĂ©ritablement son film. Pour parfaire le tableau, Shaun of the dead est portĂ© par des comĂ©diens talentueux qui ont la ganache parfaite pour nous faire marrer. Le duo Frost/Pegg marche du tonnerre, leurs seules tronches suffisent Ă nous faire glousser. Toute la troupe qui les accompagne semble prendre autant de plaisir que les deux principaux intĂ©ressĂ©s, ce qui se ressent beaucoup Ă l'Ă©cran. Le film baigne en effet dans une vague de bonne humeur communicative qui contribue Ă cette dĂ©contraction apaisante qui habite le cadre. Peu d'ombres au tableau Ă relever en fin de bobine. Et si elles sont bien prĂ©sentes, on est bien incapable de les citer sans paraĂźtre bien ingrat envers ce pur moment d'amusement qui nous a Ă©tĂ© offert. Un film rĂ©ussi, aussi bien formellement que dans ses intentions, ce qui est suffisamment rare pour ĂȘtre apprĂ©ciĂ© Ă sa juste valeur. La dĂ©couverte de cet hommage assumĂ© a Ă©tĂ© tardive dans mon cas, mais l'attente valait le coup. Shaun of the dead se place en effet sans dĂ©lai dans cette short list de feel good movie qui peuplent mes rĂ©fĂ©rences.
Shaunof The Dead Film dâEdgar Wright (GB/Fr, 2004) Film d'horreur (1h39) - 2005 - Grande-Bretagne. RĂ©alisĂ© par Edgar Wright. avec Simon Pegg, Kate Ashfield, Nick Frost, Dylan Moran. Critique
Dans un avenir pas si lointain, une poignĂ©e de survivants barricadĂ©s dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de lâancien monde⊠Des zombies, qui dĂ©sormais pensent et communiquent, sâorganisent pour prendre dâassaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamĂ© chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants dâun genre nouveau⊠Sorti en 2005, Land Of The Dead signe le retour fracassant au cinĂ©ma de ce bon vieux George qui, il faut bien lâavouer, connut sa petite traversĂ©e du dĂ©sert artistique entre 1992 et 2005 avec seulement un film en presque quinze ans Bruiser⊠Il revient donc sur sa lĂ©gendaire saga des morts-vivants quâil avait laissĂ©e en suspens exactement vingt ans auparavant avec Day Of The Dead 1985 pour en produire la suite directe qui cette fois clora dĂ©finitivement le quadriptyque Of The Dead entamĂ© en 1968 avec le chef-dâĆuvre incontestĂ© Night Of The Living Dead. On pouvait lĂ©gitimement craindre le pire concernant ce soudain retour aux sources, mais Romero nâa pas son pareil pour nous surprendre ainsi livre t-il avec Land Of The Dead une Ćuvre extrĂȘmement sombre dâune puissance de frappe ahurissante, sorte de croisement hybride entre lâunivers post-apocalyptique de Mad Max de George Miller ou de New York 1997 de John Carpenter et la lignĂ©e de mangas fin-du-mondistes des annĂ©es 90 tels que Ken Le Survivant de Tetsuo Hara et Buronson ou encore lâexcellent Gunnm de Yukito Kishiro. Land Of The Dead revendique sa filiation avec les trois prĂ©cĂ©dents volets de la saga dĂšs son gĂ©nĂ©rique dâintroduction dont les premiĂšres images ont la particularitĂ© de nous en mettre plein la vue. Par lâintermĂ©diaire dâun montage trĂšs esthĂ©tisĂ© dâextraits dâĂ©missions radio ou tĂ©lĂ©visĂ©es, le dĂ©but du film nous situe dâemblĂ©e dans un contexte fin-du-mondiste dĂ©sespĂ©rĂ© il sâest apparemment dĂ©roulĂ© un certain temps depuis que les morts se sont mis Ă marcher et Ă attaquer les vivants dans Night Of The Living Dead, et la situation est loin de sâĂȘtre arrangĂ©e depuis⊠Il se dĂ©gage de ce gĂ©nĂ©rique vĂ©ritablement impressionnant une aura dâune noirceur Ă faire froid dans le dos ; le caractĂšre morbide des propos tenus couplĂ© Ă une musique angoissante et Ă des images bien glauques des visages de zombies grimaçants annonçant dâentrĂ©e de jeu que le film ne compte pas faire dans la dentelle ; et câest tant mieux. Mais attardons-nous davantage sur cette vision dantesque dâun univers ravagĂ© par une espĂšce sur le point de sâĂ©teindre, en proie Ă la folie et au chaos⊠Land Of The Dead se prĂ©sente en rĂ©alitĂ© comme une uchronie dystopique mettant en scĂšne une population de plus en plus rĂ©duite qui sâefforce de survivre dans une sorte de ghetto oĂč meurtres et pillages vont bon train. En plus de devoir quotidiennement affronter une horde de zombies affamĂ©s de chair vivante et chaque jour un peu plus nombreux, les survivants doivent avant tout lutter contre eux-mĂȘmes, contre leur penchant naturel Ă sombrer dans la dĂ©cadence en lâabsence de tout cadre sĂ©curisĂ©. Câest donc en quelque sorte la lie de lâhumanitĂ© que nous prĂ©sente Romero dans Le Territoire des Morts, Ă lâinstar des films de Miller et Carpenter prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©s une espĂšce corrompue par le vice, perdue entre les jeux, lâalcool, la drogue et le sexe facile qui tente de sâorganiser au mieux pour ralentir le processus dâextinction qui la menace depuis un temps indĂ©terminĂ©. Une humanitĂ© en pleine rĂ©gression aussi, comme le suggĂšre le concept de lâarĂšne aux zombies » dans laquelle est jetĂ©e la so sexy Slack Asia Argento, fille du rĂ©alisateur et vieil ami de Romero, Dario Argento qui nâest pas sans rappeler les arĂšnes aux lions ou aux gladiateurs de lâĂpoque Ancienne. Et lorsque la camĂ©ra sâattarde quelque peu sur les visages au comble du bonheur de vieilles dames en manteaux de fourrure qui applaudissent et trĂ©pignent dâimpatience Ă lâidĂ©e de voir la jeune femme se faire dĂ©vorer vivante, on se heurte de plein fouet au message alarmiste que cherche Ă vĂ©hiculer Romero. Câest en grande partie grĂące Ă ce genre dâimages-chocs mais tout en subtilitĂ© que le cinĂ©aste a forgĂ© sa rĂ©putation dâartiste engagĂ© » au discours virulent mĂȘme si lâintĂ©ressĂ© sâen dĂ©fend. Dans ce monde en complĂšte perdition, un rĂȘve subsiste cependant lâespoir de pouvoir un jour sâinstaller au cĆur du luxueux gratte-ciel Fiddlerâs Green, espace utopique rĂ©servĂ© aux riches et aux puissants et dirigĂ© dâune main de fer par Kaufman le regrettĂ© Dennis Hopper, dont la prestance unique bouffe littĂ©ralement tout lâĂ©cran. Pour illustrer le clivage existant entre ces deux couches de population que tout oppose, les images associĂ©es Ă la dĂ©charge » oĂč Ă©voluent Riley The Mentalist Simon Baker et Cholo PhĂ©nomĂšnes John Leguizamo demeurent toutes ternes et sombres, dans les tons froids de bleu et de gris ; tandis que celles associĂ©es Ă Fiddlerâs Green sont au contraires lumineuses et chatoyantes. Par ailleurs, on peut aisĂ©ment ressentir lâempreinte post-11 septembre 2001 qui imprĂšgne lâĆuvre toute entiĂšre, dĂ©jĂ par la figure de la menace terroriste que reprĂ©sente Cholo, mais aussi et surtout par lâintermĂ©diaire du comportement de Kaufman On ne nĂ©gocie pas avec les terroristes ! », avatar hyperbolique ou pas dâun George W. Bush qui Ă cette Ă©poque venait tout juste dâĂȘtre Ă©lu pour un second mandat. Cholo incarne quant Ă lui la cristallisation de la profonde dĂ©sillusion des amĂ©ricains concernant The American Dream » ; sa tristesse et sa dĂ©ception lorsquâil rĂ©alise que malgrĂ© tous ses efforts il ne pourra jamais jouer dans la cour des grands sont telles, quâil ne sâen remettra pas et dĂ©cidera dâemployer les grands moyens pour parvenir Ă ses fins. En dĂ©pit de son pessimisme ambiant, Land Of The Dead lance nĂ©anmoins des messages dâespoir en reprĂ©sentant une humanitĂ© qui cherche malgrĂ© tout Ă sâĂ©lever grĂące aux rĂȘves quâelle nourrit et aux ressources quâelle est capable dâemployer pour les concrĂ©tiser. Mais abordons Ă prĂ©sent un sujet un plus fun, les zombies ! Pour ma part, et mĂȘme si cela reste plus que ponctuel, je regrette un peu lâemploi des CGI pour le maquillage des morts-vivants et les scĂšnes gore vous lâaurez compris depuis le temps, je ne suis pas fan des effets spĂ©ciaux numĂ©riques, mais je dois nĂ©anmoins reconnaitre que le talent de Greg Nicotero, Ă©minent disciple du maĂźtre du trucage Tom Savini, a encore rĂ©alisĂ© des merveilles⊠MĂȘme si Ă mes yeux le travail de Savini sur Day Of The Dead reste LA rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de films de zombie, celui de Nicotero sur Land Of The Dead reste absolument remarquable sur tous les points. Par ailleurs, le film va plutĂŽt loin dans le gore câest dâailleurs Ă©trange quâil nâait Ă©copĂ© que dâune interdiction aux moins de 12 ans en France⊠et rĂ©ussit mĂȘme Ă sâapproprier les tendances actuelles de la mode pour innover dans ses mises Ă mort toujours plus originales et dĂ©gueulasses miam, le piercing au nombrilâŠ. Romero se rĂ©gale donc Ă nous en mettre plein la gueule sans complexe Ă grands coups de dĂ©capitations Ă mains nues, de dĂ©membrements, dâĂ©viscĂ©rations et dâĂ©gorgements excessivement sanglants qui confĂšrent Ă son film cette dimension ultra-agressive pour les yeux quâon lui connait si bien. Le sang gicle de tous les cĂŽtĂ©s, des cadavres jonchent le sol par milliers, les doigts et les dents des zombies arrachent, explorent et dĂ©chiquĂštent des kilos de lambeaux de chair et des kilomĂštres de viscĂšres humaines sans interruption. A ce stade du film, les vivants ne sont plus quâun tas de bidoche sanguinolente Ă la merci des morts-vivants, une sorte de gigantesque fast-food humain service Ă volontĂ© 24/7 ». Le design des zombies est quant Ă lui plus particuliĂšrement bien rĂ©ussi, certains dâentre eux comme Big Daddy » Eugene Clark, vraiment trĂšs impressionnant, proclamĂ© leader des morts-vivants car exceptionnellement intelligent, sont vraiment du plus bel effet⊠Comme dans Day Of The Dead, lâoncle George semble sâĂȘtre bien amusĂ© Ă mettre en situation des zombies condamnĂ©s Ă rĂ©pĂ©ter jusquâĂ la nuit des temps des gestes qui ont conditionnĂ© leur existence passĂ©e les zombies-musiciens ; le zombie-boucher, le zombie-clown â peut-ĂȘtre en clin dâĆil Ă Day Of The Dead, justement ? et certaines scĂšnes ne sont pas dĂ©nuĂ©es dâun certain sens de lâhumour noir. En dĂ©finitive, les maquillages constituent une trĂšs belle rĂ©ussite mais, encore une fois, lâutilisation bien que parcimonieuse de CGI vite dĂ©passĂ©s aurait largement pu ĂȘtre Ă©vitĂ©e Ă mon sens. Ce qui est Ă©galement fort intĂ©ressant dans Land Of Dead, câest le concept dâune potentielle Ă©volution comportementale des zombies dĂ©jĂ soulevĂ© dans Day Of The Dead, ici poursuivi et poussĂ© Ă son paroxysme avec un sens du dĂ©tail trĂšs rigoureux. Non seulement les zombies ont appris Ă se mĂ©fier des fleurs cĂ©lestes » feux dâartifice destinĂ©s Ă dĂ©tourner leur attention, mais ils deviennent Ă©galement capables de communiquer entre eux et dâaccomplir certaines actions de base comme se servir dâun fusil mitrailleur, ou encore des tĂąches qui avaient leur importance dans la vie quâils menaient avant leur contamination. Les zombies constituent donc non plus un ensemble dispersĂ© mais une communautĂ© soudĂ©e, unie par lâinstinct dâappartenance au groupe et le dĂ©sir de se placer sur un pied dâĂ©galitĂ© par rapport aux vivants. Car câest bel et bien de cela dont il sâagit en rĂ©alitĂ© plus encore que dans les prĂ©cĂ©dents volets de la saga, Romero estompe les frontiĂšres qui sĂ©parent les morts des vivants, jusquâĂ les confondre carrĂ©ment Ils sont nous. Nous sommes eux. » ; Ils cherchent un endroit oĂč aller⊠Tout comme nous. ». Le parallĂšle entre ces deux espĂšces Ă la fois si diffĂ©rentes et si proches est permanent, de sorte que lâon ne puisse vĂ©ritablement pencher pour lâun ou lâautre des deux camps. Le sentiment dâempathie envers les zombies est ainsi quasi-inĂ©vitable, notamment lors de moments spĂ©cifiques durant lesquels Romero dĂ©nonce la cruautĂ© intrinsĂšquement humaine des vivants Ă lâĂ©gard des morts les zombies utilisĂ©s comme des cibles mouvantes par des tireurs chevronnĂ©s, idĂ©e que lâon trouvait dĂ©jĂ dans Night Of The Living Dead et que le cinĂ©aste rĂ©utilisera ensuite dans Diary et Survival Of The Dead. DĂ©nuĂ© de tout manichĂ©isme simpliste et handicapant, Land Of The Dead dĂ©ploie ainsi tout son potentiel de rĂ©flexion en privilĂ©giant une certaine ambiguĂŻtĂ© morale au piĂšge des facilitĂ©s scĂ©naristiques. Pour finir, il me semble amusant de prĂ©ciser que lâoncle George a eu la bonne idĂ©e dâoffrir une petite apparition au rĂ©alisateur Edgar Wright et Ă lâacteur-scĂ©nariste Simon Pegg pour les remercier » de leur hommage rendu avec le film Shaun Of The Dead. Nous les retrouvons donc dans les rĂŽles de deux zombies enchaĂźnĂ©s, aux cĂŽtĂ©s de qui les habitants ont la possibilitĂ© de se faire prendre en photo en simulant la terreur⊠Idem pour le cascadeur-maquilleur Tom Savini, qui apparait sous les traits dâun zombie Ă grosses moustaches et en perfecto de cuir noir faisant un carnage Ă la machette, en rĂ©fĂ©rence Ă son rĂŽle de biker fou dans Dawn Of The Dead. Bien que relativement brĂšves et pas nĂ©cessairement Ă©videntes surtout pour les crĂ©ateurs de Shaun Of The Dead, ces scĂšnes restent nĂ©anmoins fort agrĂ©ables pour les fans de films de zombies qui y verront lĂ une intertextualitĂ© tout ce quâil y a de plus rafraĂźchissant. Land Of The Dead peut donc Ă juste titre ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une rĂ©ussite totale qui, si elle ne parvient pas pour autant Ă sâĂ©lever au niveau dâexcellence des trois chefs-dâĆuvre constitutifs de la saga Of The Dead dâoĂč la note de 4/5, parvient sans problĂšme Ă pleinement atteindre ses objectifs tout en clĂŽturant la quadrilogie en beautĂ©. Un film incontournable Ă voir ou Ă revoir sans modĂ©ration pour mesurer toute lâenvergure du gigantesque talent de conteur de George A. Romero. Fan dâhorreur post-apocalyptique, ce film est fait pour vous ! Par Emmanuelle Ignacchiti Dans un avenir pas si lointain, une poignĂ©e de survivants barricadĂ©s dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de lâancien monde⊠Des zombies, qui dĂ©sormais pensent et communiquent, sâorganisent pour prendre dâassaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamĂ© chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants dâun genre nouveau⊠Sorti en 2005, Land Of The Dead signe le retour fracassant au cinĂ©ma de ce bon vieux George qui, il faut bien lâavouer, connut sa petite traversĂ©e du dĂ©sert artistique entre 1992 et 2005 avec seulement un film en presque quinze ans Bruiser⊠Il revient donc sur sa lĂ©gendaire saga des morts-vivants quâil avait laissĂ©e en suspens exactement vingt ans auparavant avec Day Of The Dead 1985 pour en produire la suite directe qui cette fois clora dĂ©finitivement le quadriptyque Of The Dead entamĂ© en 1968 avec le chef-dâĆuvre incontestĂ© Night Of The Living Dead. On pouvait lĂ©gitimement craindre le pire concernant ce soudain retour aux sources, mais Romero nâa pas son pareil pour nous surprendre ainsi livre t-il avec Land Of The Dead une Ćuvre extrĂȘmement sombre dâune puissance de frappe ahurissante, sorte de croisement hybride entre lâunivers post-apocalyptique de Mad Max de George Miller ou de New York 1997 de John Carpenter et la lignĂ©e de mangas fin-du-mondistes des annĂ©es 90 tels que Ken Le Survivant de Tetsuo Hara et Buronson ou encore lâexcellent Gunnm de Yukito Kishiro. Land Of The Dead revendique sa filiation avec les trois prĂ©cĂ©dents volets de la saga dĂšs son gĂ©nĂ©rique dâintroduction dont les premiĂšres images ont la particularitĂ© de nous en mettre plein la vue. Par lâintermĂ©diaire dâun montage trĂšs esthĂ©tisĂ© dâextraits dâĂ©missions radio ou tĂ©lĂ©visĂ©es, le dĂ©but du film nous situe dâemblĂ©e dans un contexte fin-du-mondiste dĂ©sespĂ©rĂ© il sâest apparemment dĂ©roulĂ© un certain temps depuis que les morts se sont mis Ă marcher et Ă attaquer les vivants dans Night Of The Living Dead, et la situation est loin de sâĂȘtre arrangĂ©e depuis⊠Il se dĂ©gage de ce gĂ©nĂ©rique vĂ©ritablement impressionnant une aura dâune noirceur Ă faire froid dans le dos ; le caractĂšre morbide des propos tenus couplĂ© Ă une musique angoissante et Ă des images bien glauques des visages de zombies grimaçants annonçant dâentrĂ©e de jeu que le film ne compte pas faire dans la dentelle ; et câest tant mieux. Mais attardons-nous davantage sur cette vision dantesque dâun univers ravagĂ© par une espĂšce sur le point de sâĂ©teindre, en proie Ă la folie et au chaos⊠Land Of The Dead se prĂ©sente en rĂ©alitĂ© comme une uchronie dystopique mettant en scĂšne une population de plus en plus rĂ©duite qui sâefforce de survivre dans une sorte de ghetto oĂč meurtres et pillages vont bon train. En plus de devoir quotidiennement affronter une horde de zombies affamĂ©s de chair vivante et chaque jour un peu plus nombreux, les survivants doivent avant tout lutter contre eux-mĂȘmes, contre leur penchant naturel Ă sombrer dans la dĂ©cadence en lâabsence de tout cadre sĂ©curisĂ©. Câest donc en quelque sorte la lie de lâhumanitĂ© que nous prĂ©sente Romero dans Le Territoire des Morts, Ă lâinstar des films de Miller et Carpenter prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©s une espĂšce corrompue par le vice, perdue entre les jeux, lâalcool, la drogue et le sexe facile qui tente de sâorganiser au mieux pour ralentir le processus dâextinction qui la menace depuis un temps indĂ©terminĂ©. Une humanitĂ© en pleine rĂ©gression aussi, comme le suggĂšre le concept de lâarĂšne aux zombies » dans laquelle est jetĂ©e la so sexy Slack Asia Argento, fille du rĂ©alisateur et vieil ami de Romero Dario Argento qui nâest pas sans rappeler les arĂšnes aux lions ou aux gladiateurs de lâĂpoque Ancienne. Et lorsque la camĂ©ra sâattarde quelque peu sur les visages au comble du bonheur de vieilles dames en manteaux de fourrure qui applaudissent et trĂ©pignent dâimpatience Ă lâidĂ©e de voir la jeune femme se faire dĂ©vorer vivante, on se heurte de plein fouet au message alarmiste que cherche Ă vĂ©hiculer Romero. Câest en grande partie grĂące Ă ce genre dâimages-chocs mais tout en subtilitĂ© que le cinĂ©aste a forgĂ© sa rĂ©putation dâartiste engagĂ© » au discours virulent mĂȘme si lâintĂ©ressĂ© sâen dĂ©fend. Dans ce monde en complĂšte perdition, un rĂȘve subsiste cependant lâespoir de pouvoir un jour sâinstaller au cĆur du luxueux gratte-ciel Fiddlerâs Green, espace utopique rĂ©servĂ© aux riches et aux puissants et dirigĂ© dâune main de fer par Kaufman le regrettĂ© Dennis Hopper, dont la prestance unique bouffe littĂ©ralement tout lâĂ©cran. Pour illustrer le clivage existant entre ces deux couches de population que tout oppose, les images associĂ©es Ă la dĂ©charge » oĂč Ă©voluent Riley The Mentalist Simon Baker et Cholo PhĂ©nomĂšnes John Leguizamo demeurent toutes ternes et sombres, dans les tons froids de bleu et de gris ; tandis que celles associĂ©es Ă Fiddlerâs Green sont au contraires lumineuses et chatoyantes. Par ailleurs, on peut aisĂ©ment ressentir lâempreinte post-11 septembre 2001 qui imprĂšgne lâĆuvre toute entiĂšre, dĂ©jĂ par la figure de la menace terroriste que reprĂ©sente Cholo, mais aussi et surtout par lâintermĂ©diaire du comportement de Kaufman On ne nĂ©gocie pas avec les terroristes ! », avatar hyperbolique ou pas dâun George W. Bush qui Ă cette Ă©poque venait tout juste dâĂȘtre Ă©lu pour un second mandat. Cholo incarne quant Ă lui la cristallisation de la profonde dĂ©sillusion des amĂ©ricains concernant The American Dream ; sa tristesse et sa dĂ©ception lorsquâil rĂ©alise que malgrĂ© tous ses efforts il ne pourra jamais jouer dans la cour des grands sont telles, quâil ne sâen remettra pas et dĂ©cidera dâemployer les grands moyens pour parvenir Ă ses fins. En dĂ©pit de son pessimisme ambiant, Land Of The Dead lance nĂ©anmoins des messages dâespoir en reprĂ©sentant une humanitĂ© qui cherche malgrĂ© tout Ă sâĂ©lever grĂące aux rĂȘves quâelle nourrit et aux ressources quâelle est capable dâemployer pour les concrĂ©tiser. Mais abordons Ă prĂ©sent un sujet un plus fun, les zombies ! Pour ma part, et mĂȘme si cela reste plus que ponctuel, je regrette un peu lâemploi des CGI pour le maquillage des morts-vivants et les scĂšnes gore vous lâaurez compris depuis le temps, je ne suis pas fan des effets spĂ©ciaux numĂ©riques, mais je dois nĂ©anmoins reconnaitre que le talent de Greg Nicotero, Ă©minent disciple du maĂźtre du trucage Tom Savini, a encore rĂ©alisĂ© des merveillesâŠMĂȘme si Ă mes yeux le travail de Savini sur Day Of The Dead reste LA rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de films de zombie, celui de Nicotero sur Land Of The Dead reste absolument remarquable sur tous les points. Par ailleurs, le film va plutĂŽt loin dans le gore câest dâailleurs Ă©trange quâil nâait Ă©copĂ© que dâune interdiction aux moins de 12 ans en France⊠et rĂ©ussit mĂȘme Ă sâapproprier les tendances actuelles de la mode pour innover dans ses mises Ă mort toujours plus originales et dĂ©gueulasses miam, le piercing au nombrilâŠ. Romero se rĂ©gale donc Ă nous en mettre plein la gueule sans complexe Ă grands coups de dĂ©capitations Ă mains nues, de dĂ©membrements, dâĂ©viscĂ©rations et dâĂ©gorgements excessivement sanglants qui confĂšrent Ă son film cette dimension ultra-agressive pour les yeux quâon lui connait si bien. Le sang gicle de tous les cĂŽtĂ©s, des cadavres jonchent le sol par milliers, les doigts et les dents des zombies arrachent, explorent et dĂ©chiquĂštent des kilos de lambeaux de chair et des kilomĂštres de viscĂšres humaines sans interruption. A ce stade du film, les vivants ne sont plus quâun tas de bidoche sanguinolente Ă la merci des morts-vivants, une sorte de gigantesque fast-food humain service Ă volontĂ© 24/7 ». Le design des zombies est quant Ă lui plus particuliĂšrement bien rĂ©ussi, certains dâentre eux comme Big Daddy » Eugene Clark, vraiment trĂšs impressionnant, proclamĂ© leader des morts-vivants car exceptionnellement intelligent, sont vraiment du plus bel effet⊠Comme dans Day Of The Dead, lâoncle George semble sâĂȘtre bien amusĂ© Ă mettre en situation des zombies condamnĂ©s Ă rĂ©pĂ©ter jusquâĂ la nuit des temps des gestes qui ont conditionnĂ© leur existence passĂ©e les zombies-musiciens ; le zombie-boucher, le zombie-clown â peut-ĂȘtre en clin dâĆil Ă Day Of The Dead, justement ? et certaines scĂšnes ne sont pas dĂ©nuĂ©es dâun certain sens de lâhumour noir. En dĂ©finitive, les maquillages constituent une trĂšs belle rĂ©ussite mais, encore une fois, lâutilisation bien que parcimonieuse de CGI vite dĂ©passĂ©s aurait largement pu ĂȘtre Ă©vitĂ©e Ă mon sens. Ce qui est Ă©galement fort intĂ©ressant dans Land Of Dead, câest le concept dâune potentielle Ă©volution comportementale des zombies dĂ©jĂ soulevĂ© dans Day Of The Dead, ici poursuivi et poussĂ© Ă son paroxysme avec un sens du dĂ©tail trĂšs rigoureux. Non seulement les zombies ont appris Ă se mĂ©fier des fleurs cĂ©lestes » feux dâartifice destinĂ©s Ă dĂ©tourner leur attention, mais ils deviennent Ă©galement capables de communiquer entre eux et dâaccomplir certaines actions de base comme se servir dâun fusil mitrailleur, ou encore des tĂąches qui avaient leur importance dans la vie quâils menaient avant leur contamination. Les zombies constituent donc non plus un ensemble dispersĂ© mais une communautĂ© soudĂ©e, unie par lâinstinct dâappartenance au groupe et le dĂ©sir de se placer sur un pied dâĂ©galitĂ© par rapport aux vivants. Car câest bel et bien de cela dont il sâagit en rĂ©alitĂ© plus encore que dans les prĂ©cĂ©dents volets de la saga, Romero estompe les frontiĂšres qui sĂ©parent les morts des vivants, jusquâĂ les confondre carrĂ©ment Ils sont nous. Nous sommes eux. » ; Ils cherchent un endroit oĂč aller⊠Tout comme nous. ». Le parallĂšle entre ces deux espĂšces Ă la fois si diffĂ©rentes et si proches est permanent, de sorte que lâon ne puisse vĂ©ritablement pencher pour lâun ou lâautre des deux camps. Le sentiment dâempathie envers les zombies est ainsi quasi-inĂ©vitable, notamment lors de moments spĂ©cifiques durant lesquels Romero dĂ©nonce la cruautĂ© intrinsĂšquement humaine des vivants Ă lâĂ©gard des morts les zombies utilisĂ©s comme des cibles mouvantes par des tireurs chevronnĂ©s, idĂ©e que lâon trouvait dĂ©jĂ dans Night Of The Living Dead et que le cinĂ©aste rĂ©utilisera ensuite dans Diary et Survival Of The Dead. DĂ©nuĂ© de tout manichĂ©isme simpliste et handicapant, Land Of The Dead dĂ©ploie ainsi tout son potentiel de rĂ©flexion en privilĂ©giant une certaine ambiguĂŻtĂ© morale au piĂšge des facilitĂ©s scĂ©naristiques. Pour finir, il me semble amusant de prĂ©ciser que lâoncle George a eu la bonne idĂ©e dâoffrir une petite apparition au rĂ©alisateur Edgar Wright et Ă lâacteur-scĂ©nariste Simon Pegg pour les remercier de leur hommage rendu avec le film Shaun Of The Dead. Nous les retrouvons donc dans les rĂŽles de deux zombies enchaĂźnĂ©s, aux cĂŽtĂ©s de qui les habitants ont la possibilitĂ© de se faire prendre en photo en simulant la terreur⊠Idem pour le cascadeur-maquilleur Tom Savini, qui apparait sous les traits dâun zombie Ă grosses moustaches et en perfecto de cuir noir faisant un carnage Ă la machette, en rĂ©fĂ©rence Ă son rĂŽle de biker fou dans Dawn Of The Dead. Bien que relativement brĂšves et pas nĂ©cessairement Ă©videntes surtout pour les crĂ©ateurs de Shaun Of The Dead, ces scĂšnes restent nĂ©anmoins fort agrĂ©ables pour les fans de films de zombies qui y verront lĂ une intertextualitĂ© tout ce quâil y a de plus rafraĂźchissant. Land Of The Dead peut donc Ă juste titre ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une rĂ©ussite totale qui, si elle ne parvient pas pour autant Ă sâĂ©lever au niveau dâexcellence des trois chefs-dâĆuvre constitutifs de la saga Of The Dead dâoĂč la note de 4/5, parvient sans problĂšme Ă pleinement atteindre ses objectifs tout en clĂŽturant la quadrilogie en beautĂ©. Un film incontournable Ă voir ou Ă revoir sans modĂ©ration pour mesurer toute lâenvergure du gigantesque talent de conteur de George A. Romero. Fan dâhorreur post-apocalyptique, ce film est fait pour vous ! Par Emmanuelle Ignacchiti
Getready for a gut-busting, bone-mashing good time in the hilarious horror comedy, Shaun of the Dead. There comes a day in every man's life when he has to get off the couch and kill some zombies. When flesh-eating zombies are on the hunt for a bite to eat, it's up to slacker Shaun (Simon Pegg) and his best pal (Nick Frost) to save their friends and family from
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