Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Votre livre s'ouvre sur la scĂšne suivante vous assistez, avec le premier ministre, Ă l'intervention du prĂ©sident de la RĂ©publique, le 14 juillet 2001. On sent, dans le paragraphe qui suit, votre colĂšre contre le contenu de cette intervention. Ce livre est-il nĂ© de votre exaspĂ©ration envers Jacques Chirac ? - Non. Je ne suis pas de tempĂ©rament colĂ©reux et je ne me dĂ©partis jamais du respect que je dois Ă la personne et Ă la fonction. J'envisageais depuis longtemps de consigner des rĂ©flexions et des souvenirs. DĂ©jĂ quelques semaines auparavant, je m'Ă©tais convaincu de faire part de mon expĂ©rience Ă un moment oĂč elle pouvait ĂȘtre utile au dĂ©bat public, donc nĂ©cessairement avant d'avoir quittĂ© l'HĂŽtel Matignon. Cette scĂšne d'ouverture, entrĂ©e en matiĂšre concrĂšte sur un moment fort de notre vie politique qui fait prĂ©valoir ouvertement l'affrontement sur la conciliation, s'est ensuite imposĂ©e Ă moi comme un Ă©clairage cru d'un des thĂšmes de rĂ©flexion essentiels du livre, le caractĂšre artificiel d'une cohabitation vĂ©cue dans la contradiction d'ordinaire tranquille dans sa version officielle comme elle doit l'ĂȘtre vis-Ă -vis de l'extĂ©rieur, tendue et Ă beaucoup d'Ă©gards perturbante comme elle est en rĂ©alitĂ©. - Pourquoi avoir choisi le je», inhabituel chez un haut fonctionnaire, a fortiori dans la fonction que vous occupez ? - J'ai pensĂ© qu'Ă partir du moment oĂč je choisissais de mĂȘler certains rĂ©cits qui illustrent la mĂ©thode du gouvernement, sa pratique politique, et des considĂ©rations que j'avais ressenties personnellement, il me semblait juste de les revendiquer pour telles. J'ajoute qu'Ă la diffĂ©rence d'un livre de souvenirs conçu pour l'historien, j'ai vĂ©cu cet ouvrage comme un livre Ă l'intention du citoyen d'aujourd'hui, auquel, au-delĂ de mes fonctions, je propose mon tĂ©moignage. - C'est aussi, de votre part, une revendication d'autonomie Ă l'Ă©gard de Lionel Jospin ? - Je n'ai pas besoin de revendiquer mon autonomie intellectuelle vis-Ă -vis du premier ministre, car il sait qu'elle est entiĂšre. L'indĂ©pendance d'esprit est la condition d'une relation saine, authentique et confiante. Ce n'est pas par rapport Ă lui que j'ai Ă©crit ce livre. Mais il est vrai que j'ai pensĂ© Ă lui, dans la mesure oĂč je pouvais exprimer certaines choses qu'il aurait pu lui paraĂźtre difficile ou inopportun d'exposer au mĂȘme moment et dans les mĂȘmes termes. - A-t-il Ă©tĂ© le premier confident et le premier lecteur de ce livre ? - Lorsque j'ai souhaitĂ© concrĂ©tiser cette idĂ©e, je lui en ai parlĂ©. Bien entendu, s'il s'y Ă©tait opposĂ©, je n'aurais pas poursuivi. Je l'ai soumis Ă sa lecture, mais il n'a pas Ă©tĂ© le premier. - L'ElysĂ©e a-t-il Ă©tĂ© averti de votre dĂ©cision et de la parution imminente de votre livre ? - Personne n'en a Ă©tĂ© informĂ©, sinon le premier ministre. - Votre critique de la cohabitation doit-elle ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme le premier acte public de la candidature de M. Jospin ? - Par sa nature, ce livre ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme tel. Il concrĂ©tise de ma part, et de ma part seulement, un Ă©tat d'esprit. La fonction de directeur de cabinet du premier ministre a Ă©tĂ© occupĂ©e par des personnalitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes. Elle l'est aujourd'hui par quelqu'un qui se revendique d'abord comme un serviteur de l'Etat. Mais elle comporte des aspects trĂšs politiques, elle entremĂȘle le politique et l'administratif ; elle ne peut se vivre que sur le mode des conseils et des apprĂ©ciations de nature politique, mĂȘme si elle porte aussi sur des rĂ©alitĂ©s administratives. Personne ne saurait douter de l'engagement personnel du directeur du cabinet du premier ministre. C'est prĂ©cisĂ©ment ce rĂŽle qui me permet de m'exprimer aujourd'hui avec une libertĂ© de ton que ne m'autoriseraient pas d'autres fonctions. » Je me sens d'ailleurs en concordance avec une Ă©thique de la fonction publique que j'ai notamment puisĂ©e dans un livre, qui a marquĂ© ma formation, Ă©crit en 1976 par François Bloch-LainĂ©, et dont le titre mĂȘme est une affirmation d'identitĂ© et de responsabilitĂ© Profession fonctionnaire. Si l'obligation de rĂ©serve des fonctionnaires, Ă©crivait-il, Ă©tait une obligation de mutisme, de non-rĂ©action, alors la partie ne serait pas Ă©gale dans la RĂ©publique, parmi ceux qui la servent Ă des titres divers. Je ne parle pas de l'avantage des hommes politiques qui peuvent parler beaucoup. Cette inĂ©galitĂ©-lĂ est peu contestable. Je parle de l'avantage de certaines personnes non Ă©lues et qui se taisent. La partie, donc, serait trop belle pour les hommes, certes discrets, mais autrement abusifs, qui, nantis des moyens Ă eux confiĂ©s par la collectivitĂ©, ne discutent rien pour n'avoir pas d'ennuis... » - Il n'est pas de pire situation pour notre pays qu'un pouvoir exĂ©cutif divisĂ© contre lui-mĂȘme», Ă©crivez-vous. Venant d'un acteur essentiel de la cohabitation depuis quatre ans, on pourra trouver ce jugement tardif... - Au dĂ©part de cette expĂ©rience politique particuliĂšre, j'avais espĂ©rĂ© que la cohabitation que les circonstances avaient imposĂ©e pourrait ĂȘtre l'occasion de compromis utiles pour le pays ; et que certaines rĂ©formes, plus difficiles soit pour la gauche, soit pour la droite, pourraient ĂȘtre acquises en raison, prĂ©cisĂ©ment, du pluralisme obligĂ© de l'exĂ©cutif. Loin de moi d'ailleurs l'idĂ©e de sous-estimer l'ampleur de l'action rĂ©formatrice du gouvernement. Il a rĂ©ussi Ă faire des rĂ©formes trĂšs profondes, institutionnelles et sociales, de la paritĂ© aux 35 heures, du quinquennat aux emplois-jeunes, du pacs Ă la couverture maladie universelle, qui auront fait progresser notre sociĂ©tĂ© malgrĂ© cette situation de cohabitation. Il a fait preuve de volontarisme comme d'une conception exigeante de l'Etat. Et l'Ă©quipe qui m'entoure Ă Matignon peut Ă©prouver quelque fiertĂ© du travail accompli. » Mais parce que je suis au centre de ce systĂšme, j'ai souffert personnellement de la concomitance factice d'une unitĂ© de façade sans cesse minĂ©e, taraudĂ©e, et d'oppositions qui ne me paraissaient pas toujours en conformitĂ© avec les intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©raux du pays. Parce que je me suis beaucoup consacrĂ© Ă ce que je considĂšre comme le service de notre pays, de l'Etat, au-delĂ du gouvernement lui-mĂȘme, l'impression que la France incarnĂ©e dans son exĂ©cutif risquait toujours d'ĂȘtre divisĂ©e contre elle-mĂȘme m'est apparue trĂšs pĂ©nible. - Votre regard sur la cohabitation n'a-t-il pas changĂ© simplement parce que celle-ci est aujourd'hui plus Ă©quilibrĂ©e qu'en 1997 ? - Non, je crois qu'il y a deux facteurs d'explication Ă l'acuitĂ© croissante de cette prise de conscience. L'un est objectif personne ne pouvait ĂȘtre assurĂ© que cette cohabitation durerait cinq ans ; et donc on ne se posait pas, d'emblĂ©e, la question d'une cohabitation au long cours. Notre propension Ă©tait plutĂŽt de rĂ©aliser, dans l'ordre, mais avec un rythme soutenu, les rĂ©formes les plus profondes, dans une pĂ©riode qui restait indĂ©terminĂ©e. L'autre facteur d'explication est plus personnel j'approche du terme de ce chemin extrĂȘmement ardu et tendu, et il me semble que le rĂŽle que j'ai Ă©tĂ© appelĂ© Ă jouer ne serait pas complet s'il restait, dans son contenu, secret. - NĂ©anmoins, en le publiant en octobre 2001 et pas en octobre 2002, vous appelez vos concitoyens Ă ne pas rééditer la cohabitation par leur vote. - Si ce livre se veut aussi - au risque de l'immodestie - un avertissement, c'est parce que je voudrais faire sentir, en effet, Ă mes concitoyens ce que comporte de dĂ©sĂ©quilibres et de risques potentiels une situation qui a Ă©tĂ© gĂ©rĂ©e, somme toute, dans l'honneur et dans la dignitĂ©, lorsqu'il s'agissait des intĂ©rĂȘts primordiaux du pays, mais qui, dans d'autres circonstances, avec d'autres personnalitĂ©s, pourrait connaĂźtre des alĂ©as autrement graves. Donc, si je l'ai Ă©crit, en effet, avant les Ă©chĂ©ances politiques, c'est sans doute pour ne pas avoir Ă me reprocher de ne pas l'avoir dit Ă temps. - Vous n'exonĂ©rez pas votre propre camp l'ElysĂ©e et Matignon, dites-vous, s'investissent parfois dans des rivalitĂ©s et des dĂ©tails accessoires... - Je ne crois pas que mon livre puisse ĂȘtre lu comme une critique de l'attitude d'esprit de Matignon puisque prĂ©cisĂ©ment il insiste sur la collĂ©gialitĂ©, la transparence, la simplicitĂ© et la rigueur avec lesquelles ont Ă©tĂ© gĂ©rĂ©es, sous l'Ă©gide du premier ministre, les affaires de l'Etat. Je souligne d'ailleurs que Matignon n'a jamais Ă©tĂ© Ă l'initiative des polĂ©miques et des controverses. Je dĂ©cris en action une Ă©quipe gouvernementale dont une des forces essentielles tient Ă la qualitĂ© d'ensemble remarquable de ses femmes et de ses hommes. Au-delĂ , je crois que la cohabitation, dans ce qu'elle a de dangereux, de pernicieux, de risquĂ©, est le fruit d'une situation institutionnelle d'autant plus contraignante que son terme n'est pas fixĂ©. Lorsqu'une pĂ©riode est bien dĂ©terminĂ©e Ă l'avance, avec ses sĂ©quences consacrĂ©es Ă la rĂ©forme en profondeur, et d'autres dominĂ©es par le combat politique, alors, le temps de ce combat peut ĂȘtre cantonnĂ©. Dans la pĂ©riode de cohabitation que nous avons vĂ©cue, il pouvait survenir Ă chaque moment. On pouvait se dire Ă tout instant que, profitant de ce qui aurait pu ĂȘtre une phase d'affaiblissement, d'impopularitĂ© relative du gouvernement, le prĂ©sident serait tentĂ© tout naturellement, par une nouvelle dissolution, de rĂ©tablir Ă son avantage une situation qu'il avait compromise. - Vous Ă©crivez aussi Ce qui est admis par les Français n'est pas nĂ©cessairement bon pour la France.» Comment convaincre les Français qu'ils ont tort d'aimer la cohabitation ? - D'abord, il faut se dire que le jugement du corps Ă©lectoral est le bon. C'est une rĂšgle dans la dĂ©mocratie, et il y aurait de la prĂ©somption, et mĂȘme du dĂ©voiement, Ă l'oublier. Je crois en la vertu de l'apprĂ©ciation politique, du dĂ©bat sur nos institutions. Je suis assez frappĂ© du fait que ce dĂ©bat n'est pas trĂšs nourri, depuis quelques annĂ©es, alors qu'en rĂ©alitĂ©, bien des questions qui vont se poser au dĂ©but du nouveau quinquennat, quelle que soit la personne qui en aura la charge, seront des problĂšmes institutionnels. Ce que j'ai tentĂ©, c'est une amorce de pĂ©dagogie de la rĂ©flexion politique et institutionnelle. - Ce que vous dĂ©plorez, au fond, n'est-ce pas surtout le dĂ©clin de la puissance publique que favorise la cohabitation ? - Je montre au contraire que le rĂŽle de l'Etat est trĂšs concrĂštement et fortement ressenti par nos concitoyens, loin d'un discours nĂ©o-libĂ©ral qui fut Ă la mode. Reste qu'il est des rĂ©formes profondes de l'Etat qui sont rendues particuliĂšrement difficiles par l'existence mĂȘme de la cohabitation. Je mentionne des exemples de portĂ©es trĂšs diffĂ©rentes. Je parle notamment des fonds spĂ©ciaux, du cumul des mandats, des retraites ou de la justice. Une rĂ©forme, dans nos sociĂ©tĂ©s qui sont si complexes et fragiles Ă la fois, nĂ©cessite un processus long, cohĂ©rent, sĂ»r et continu dans sa dĂ©marche. Aussi, les contradictions dans le discours public, qui sont le lot de la cohabitation, rendent-elles l'oeuvre de rĂ©forme plus incertaine. D'autant que le prĂ©sident et le SĂ©nat peuvent user de verrous juridiques. - Vous Ă©voquez plusieurs fois vos relations avec Jean-Pierre ChevĂšnement. Elles semblent vous avoir laissĂ© des blessures. - L'essentiel n'est pas ce qui relĂšve des blessures personnelles, mais de l'attitude et de la responsabilitĂ© politiques qui, de fait, traduisent aussi une conception de la RĂ©publique. Certes, je m'exprime sans fard, comme je l'ai fait vis-Ă -vis de lui en tĂȘte Ă tĂȘte. Je pense que la vie politique est faite, pour beaucoup, de relations personnelles, de confiance accordĂ©e, de solidaritĂ© partagĂ©e malgrĂ© les Ă©preuves, et que celles-ci ont achoppĂ© Ă certains moments cruciaux. - La Corse restera-t-elle votre principale Ă©preuve ? - D'autres, peut-ĂȘtre plus redoutables, nous attendent encore. Mais la Corse a en effet Ă©tĂ©, pour moi, la principale Ă©preuve, parce que c'est la seule fois oĂč la calomnie s'est exercĂ©e Ă mon dĂ©triment. Mais celle-ci ne m'a pas entamĂ© pour deux raisons la premiĂšre, c'est que nous savions n'avoir commis aucun manquement, et que je n'avais donc ni interrogation, ni doute lancinant ; la seconde, c'est que j'avais observĂ©, bien avant de prendre mes fonctions, Ă quel point ce genre de risque leur Ă©tait inhĂ©rent ; au bout de quatre ans et demi, j'ai mĂȘme l'impression d'avoir Ă©tĂ© relativement Ă©pargnĂ© par les mises en cause personnelles. - Votre portrait de Dominique de Villepin, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ElysĂ©e, est sans acrimonie. Une complicitĂ© s'est-elle nouĂ©e entre vous ? - La cohabitation fonctionne sans heurt dans nos relations parce que nous les circonscrivons, d'un commun accord, Ă un cadre limitĂ©, tout d'exĂ©cution, et que nous faisons remonter les problĂšmes conflictuels aux niveaux oĂč ils doivent ĂȘtre traitĂ©s, c'est-Ă -dire ceux du prĂ©sident de la RĂ©publique et du premier ministre. Nous n'avons pas cĂ©dĂ© Ă la tentation de personnaliser et de passionner les conflits qui nĂ©cessairement traversent l'exĂ©cutif. Mais je ne crois pas que l'on puisse parler de complicitĂ©. - Est-ce que les rĂ©vĂ©lations sur le passĂ© trotskiste de M. Jospin vous ont surpris, peinĂ© ou blessĂ© ? Vous ne les Ă©voquez pas dans votre livre. - Je ne l'ai pas fait parce que le passĂ© personnel de Lionel Jospin n'Ă©tait pas au centre de mon propos. Je dirai que je n'ai pas Ă©tĂ© vraiment surpris, parce que je pouvais subodorer que ce passĂ© avait une consistance. Je n'ai nullement Ă©tĂ© choquĂ© ou blessĂ©. D'abord, parce que je ne trouve rien d'indigne dans une expĂ©rience rĂ©volue d'extrĂȘme gauche telle que celle-ci s'est rĂ©vĂ©lĂ©e ; ensuite, parce que je n'ai jamais senti dans la personnalitĂ© de Lionel Jospin de porte-Ă -faux, de dĂ©sĂ©quilibre. Il m'est apparu, Ă la lumiĂšre de son parcours - d'ailleurs essentiellement marquĂ© par son engagement au sein du Parti socialiste - tel qu'il est aujourd'hui construit, structurĂ©, en fonction des Ă©changes, des interrogations et des rĂ©flexions politiques auxquels il a pris part. Je trouve au contraire qu'il y a quelque chose de rassurant dans le fait qu'un homme politique de sa trempe soit arrivĂ© en dĂ©finitive Ă des positions que l'on sent profondĂ©ment siennes, prĂ©cisĂ©ment aprĂšs beaucoup d'annĂ©es de recherche et d'engagement militant. - Vous dites que ce livre ne s'inscrit pas dans un cadre Ă©lectoral, mais il se termine par un appel Ă la candidature de M. Jospin... - Je ne cacherai nullement que j'espĂšre de tout coeur que Lionel Jospin sera candidat... - L'avez-vous convaincu ? Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. 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Frontanti-Macron contre front rĂ©publicain, dernier jour de campagne dans une France divisĂ©e PubliĂ© le 22/04/2022 Ă 11h59 par Tangi SalaĂŒn et Elizabeth Pineau
La dĂ©cision passe mal. AprĂšs le vote dâune dĂ©libĂ©ration autorisant le port du burkini dans les piscines de Grenoble, le maire Ă©cologiste de la ville, Ăric Piolle, se retrouve face Ă une levĂ©e de boucliers. Les rĂ©actions virulentes se multiplient bien au-delĂ de lâextrĂȘme droite, venant de nombreux partis politiques de droite mais aussi de gauche.â ANALYSE. Le burkini vu de lâislam, entre indiffĂ©rence et perplexitĂ©Le prĂ©sident Les RĂ©publicains LR de la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncĂ© la suspension des subventions rĂ©gionales Ă la ville grenobloise. Une rĂ©action justifiĂ©e par ce quâil estime ĂȘtre un acte relevant du sĂ©paratisme » et Ă un signe de soumission de la femme, un symbole de lâislam politique ».MĂȘme son de cloche chez Ăric Ciotti, dĂ©putĂ© de lâaile droite du parti, fustigeant un vote de la honte ». Ou chez Bruno Retailleau, prĂ©sident du groupe LR au SĂ©nat Ăric Piolle acte dĂ©finitivement sa rupture avec la laĂŻcitĂ© et les valeurs de notre RĂ©publique. »LâextrĂȘme droite vent deboutLa dĂ©cision grenobloise suscite aussi un vent de critiques dans les rangs de la majoritĂ© prĂ©sidentielle. Le ministre de lâintĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, a condamnĂ© le projet de la municipalitĂ© et demandĂ© au prĂ©fet de sây opposer. En tant quâĂ©lu de la nation, il devrait se remettre en question, car jâai lâimpression quâil ne se rend pas compte du mal quâil est en train de faire Ă nos valeurs rĂ©publicaines », a pour sa part dĂ©noncĂ© Prisca ThĂ©venot, lâune des porte-parole de surprise, lâextrĂȘme droite a violemment rĂ©agi Ă lâinitiative dâĂric Piolle. Ăric Zemmour a ainsi qualifiĂ© la dĂ©cision de politique » et le maire de ville dâislamo-gauchiste qui veut dĂ©truire ce quâil reste de la vieille France en se servant de lâislam ». Le vice-prĂ©sident du parti ReconquĂȘte !, Guillaume Peltier, a annoncĂ© quâil dĂ©posait une proposition de loi pour interdire le burkini Ă lâĂ©chelle nationale.â Ă LIRE. Ouverture dâune enquĂȘte sur des fichiers dâAlliance citoyenne, association pro-burkiniSon initiative pourrait ĂȘtre soutenue par le Rassemblement national Ă en croire Marine Le Pen. En autorisant le burkini Ă la piscine municipale de Grenoble, Ăric Piolle veut soumettre la RĂ©publique aux pressions islamistes. Il dĂ©montre le vrai visage, anti-rĂ©publicain, de la Nupes. Les dĂ©putĂ©s RN dĂ©fendront lâinterdiction du burkini dans les piscines et plages publiques », a-t-elle attaquĂ© sur gauche divisĂ©eLa question embarrasse la nouvelle alliance de gauche aux lĂ©gislatives, empĂȘtrĂ©e dans une polĂ©mique dont elle se serait bien passĂ©e et qui met Ă lâĂ©preuve son unitĂ©. La plupart des poids lourds de La France insoumise se sont montrĂ©s solidaires du maire Ă©cologiste sous le feu des critiques. Ăa nâa rien Ă voir avec un dĂ©bat de laĂŻcitĂ© » mais dâhygiĂšne », a estimĂ© Alexis CorbiĂšre. Dâun point de vue de libertĂ© publique, je ne peux quâaccepter quâon puisse se promener avec une kippa sur la tĂȘte ou avec un foulard. Quelles que soient nos opinions Ă titre personnel », a-t-il ajoutĂ©.â ENTRETIEN. Ăric Piolle Interdire le burkini dans une piscine municipale est une discrimination »CĂŽtĂ© Ă©cologiste, la candidate malheureuse Ă la primaire du parti Sandrine Rousseau a bottĂ© en touche, refusant de parler de burkini, prĂ©fĂ©rant lâappellation de maillot de bain couvrant ». Lâimportant câest vraiment que les femmes aient accĂšs aux crĂ©neaux de piscine, a-t-elle affirmĂ©. Câest la loi, le service public ne peut pas ĂȘtre diffĂ©rent selon les religions. »Dâautres forces politiques Ă gauche se sont en revanche ouvertement positionnĂ©es contre le burkini. Fabien Roussel, le patron du PCF, nâa pas cachĂ© son opposition regrettant sur Europe 1 quâĂric Piolle en fasse une affaire nationale et lâinstrumentalise âŠ. Je suis contre le fait quâune piscine, un service public favorise une revendication religieuse ».La sĂ©natrice socialiste Laurence Rossignol a elle aussi accusĂ© le maire de Grenoble de polluer la campagne » des lĂ©gislatives, voyant dans lâautorisation du burkini une victoire des intĂ©gristes ». Le PS reste toutefois divisĂ© sur la question, Ă lâimage de la maire PS de Rennes Nathalie AppĂ©rĂ©, qui a elle-mĂȘme autorisĂ© le vĂȘtement dans les piscines de sa ville.
Frontanti-Macron contre front républicain, dernier jour de campagne dans une France divisée. 22/04/2022 | 12:11 "Macron ou la France". "Marine Le Pen, elle est proche du peuple pour les
Il y a tout pile un an, lâAtlas du Français de nos RĂ©gions Ă©ditions Armand Colin Ă©tait disponible dans toutes les bonnes librairies. Pour fĂȘter cet anniversaire, jâai eu envie de rĂ©diger un billet que les internautes rĂ©clamaient depuis longtemps, qui porte sur les dĂ©nominations du rĂ©cipient, en verre, en mĂ©tal ou en terre cuite, que lâon utilise pour servir de lâeau Ă table. Dans lâune des prĂ©cĂ©dentes Ă©ditions du sondage Quel français rĂ©gional parlez-vous? » la 7e de la sĂ©rie principale, jâavais introduit la question suivante En famille ou Ă la cantine de lâĂ©cole, comment appelez-vous le rĂ©cipient ayant pour fonction de servir de lâeau? » Quel français rĂ©gional parlez-vous? Câest le nom dâune sĂ©rie de sondages linguistiques, auxquels nous invitons les lecteurs de ce blog Ă participer. Les cartes qui y sont prĂ©sentĂ©es sont en effet rĂ©alisĂ©es Ă partir de sondages. Plus les internautes sont nombreux Ă participer, plus les rĂ©sultats sont fiables. Pour nous aider, câest trĂšs simple il suffit dâĂȘtre connectĂ© Ă Internet, et de parler français. Pour le reste, câest gratuit et anonyme. Vous avez grandi en France, en Suisse ou en Belgique, cliquez ici; si vous ĂȘtes originaire du Canada francophone, câest par lĂ . La question Ă©tait accompagnĂ©e de lâimage dâun pot en verre, et suivie de la liste de choix de rĂ©ponses ci-aprĂšs un broc un broc dâeau [prononcĂ© brodo] un broc dâeau [prononcĂ© broKdo] un broc Ă eau une carafe une cruche un pichet un pot dâeau autre prĂ©cisez Sur la base des codes postaux des localitĂ©s dans lesquelles les participants au sondage plus de ont indiquĂ© avoir passĂ© la plus grande partie de leur jeunesse, nous avons comptabilisĂ©, pour chaque arrondissement de France et de Belgique, de mĂȘme que pour chaque district de Suisse romande, le pourcentage de chacune des rĂ©ponses possibles. Nous avons ensuite utilisĂ© des mĂ©thodes dâinterpolation spatiale pour obtenir une surface lisse et continue du territoire. Lire aussi >> Variations sur les dĂ©nominations du kebab Quelques dĂ©finitions Les rĂ©sultats nous ont pour ainsi dire surpris on ne sâattendait pas Ă observer des aires dâemploi si compactes et si bien dĂ©limitĂ©es, compte tenu du fait que les mots proposĂ©s appartiennent tous au français commun ». Dans le TLFi, aucune des variantes en prĂ©sence nâest marquĂ©e comme rĂ©gionale ». Les linguistes appellent rĂ©gionalismes de frĂ©quence ces expressions qui appartiennent au français commun que tout le monde connaĂźt, et que tous les dictionnaires mentionnent sans marque diatopique, mais dont la frĂ©quence dâemploi est plus Ă©levĂ©e dans certaines rĂ©gions. Les dĂ©finitions quâon en trouve sont, cela dit, toutes assez proches un pichet est un rĂ©cipient de petite taille, de terre ou de mĂ©tal, de forme galbĂ©e avec un collet Ă©troit oĂč sâattache une anse, utilisĂ© pour servir une boisson »; Ă lâentrĂ©e broc, la dĂ©finition change Ă peine rĂ©cipient Ă anse, de taille variable, le plus souvent en mĂ©tal, avec un bec Ă©vasĂ©, utilisĂ© pour la boisson ou pour transporter des liquides ». La dĂ©finition de cruche nâest guĂšre diffĂ©rente non plus vase Ă large panse, Ă anse et Ă bec, destinĂ© Ă contenir des liquides ». Si le rĂ©cipient a un col Ă©troit et ne possĂšde pas dâanse, on lâappelle carafe bouteille en verre ou en cristal Ă base large et col Ă©troit que lâon remplit dâeau, de vin ou de liqueurs ». Enfin, le mot pot est le plus sous-spĂ©cifiĂ© de tous les termes en prĂ©sence rĂ©cipient Ă usage domestique, de forme, de matiĂšre et de capacitĂ© variables, servant Ă contenir diverses substances, trĂšs souvent des liquides et des ingrĂ©dients plus ou moins solides ». pichet Dans notre sondage, les internautes utilisant le mot pichet sont clairement majoritaires cette rĂ©ponse a Ă©tĂ© cochĂ©e plus de fois. Sur le plan gĂ©ographique, ils sâagit de participants surtout originaires de la moitiĂ© ouest de la France, bien que le mot soit Ă©galement employĂ© dans le Nord-Pas-de-Calais. Fig. 1 VitalitĂ© et aire dâextension du mot pichet dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. La rĂ©partition que lâon observe sur notre carte est cohĂ©rente avec lâĂ©tymologie du mot, que lâon trouve utilisĂ© originellement dans les dialectes de Normandie, du Centre et de lâOuest de la France FEW. Ă lâopposĂ©, on observe sur un petit quart nord-est, qui englobe la Belgique, de mĂȘme que dans le dĂ©partement de la Seine-Maritime, une majoritĂ© de participants ayant indiquĂ© employer le mot cruche pour dĂ©signer ce rĂ©cipient. Fig. 2 VitalitĂ© et aire dâextension du mot cruche dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. LâĂ©tymologie germanique du mot cruche, dĂ©jĂ attestĂ© en ancien français TLFi, ne nous aide pas vraiment Ă comprendre les raisons dâĂȘtre dâune telle aire. broc, broc dâeau, broc Ă eau Sur cette troisiĂšme carte, nous avons regroupĂ© les variantes impliquant le mot broc, Ă savoir broc, broc Ă eau et broc dâeau prononcĂ© [brodo]. Fig. 3 VitalitĂ© et aire dâextension des variantes broc, broc Ă eau et broc dâeau prononcĂ© [brodo] dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. On peut voir que lâaire de broc est coincĂ©e, dans la partie septentrionale de la France, entre lâaire de pichet et celle de cruche. Elle forme comme une espĂšce de tache dâhuile autour de lâĂle-de-France, remontant jusquâĂ la Somme et redescendant jusquâau Puy-de-DĂŽme en passant par le Cher. Pour filer la mĂ©taphore, on pourrait mĂȘme dire quâune goutte sâest Ă©chappĂ©e de cette tache dans le Var. pot dâeau vs pot Ă eau Les deux cartes ci-dessous permettent de rendre compte de la vitalitĂ© et de lâaire dâextension des variantes pot et pot dâeau Ă gauche, et pot Ă eau prononcĂ© [potĂąo] Ă droite. La forme pot Ă eau ne figurait pas dans les choix de rĂ©ponses, mais elle a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e tellement de fois dans la case autre prĂ©cisez » quâil nous a Ă©tĂ© permis dâen donner une reprĂ©sentation sous forme de carte Fig. 4 VitalitĂ© et aire dâextension des variantes pot et pot-dâeau Ă gauche, et du tour pot-Ă -eau prononcĂ© [potĂąo] Ă droite, dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. On peut voir que les variantes pot et pot dâeau sont surtout employĂ©es dans une rĂ©gion dont le cĆur est Lyon, et dont les frontiĂšres recoupent, Ă quelques kilomĂštres prĂšs, lâaire dialectale du francoprovençal ce qui ne veut pas dire pour autant que le mot vienne de cette famille de parlers. Lire aussi >> Survivances des parlers francoprovençaux en français, Ă©pisode 1 les animaux Quant Ă la forme pot Ă eau, câest dans une rĂ©gion moins large, autour des villes de Privas en ArdĂšche et Valence dans la DrĂŽme, que lâon a le plus de chances de lâentendre. carafe Enfin, notre sixiĂšme carte rend compte de la vitalitĂ© de la forme carafe. On peut voir que le mot est connu partout les zones vertes sont les zones oĂč les pourcentages sont les plus faibles, mais ils ne sont jamais nuls. Fig. 5 VitalitĂ© et aire dâextension du mot carafe dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. Si lâon y regarde de plus prĂšs, on devine aisĂ©ment que câest dans le sud de la Gascogne et dans les la partie la plus occidentale du Languedoc que le mot carafe cumule des pourcentages approchant les 100%, ce qui suggĂšre que dans cette rĂ©gion, contrairement au reste du territoire, on nâutilise guĂšre dâautres mots pour dĂ©signer le rĂ©cipient de table quâon utilise pour servir de lâeau. Si on devait conclure En guise de synthĂšse, nous avons rĂ©alisĂ© la carte suivante Fig. 6 Les principales dĂ©nominations du rĂ©cipient destinĂ© Ă contenir de lâeau Ă table dâaprĂšs les enquĂȘtes Français de nos RĂ©gions 7e Ă©dition en français. Les traits Ă©pais dĂ©limitent les frontiĂšres entre la France et la Belgique dâune part, entre la France et la Suisse dâautre part. Cette derniĂšre carte doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e avec prudence, et Ă la lumiĂšre de ce qui prĂ©cĂšde on a vu que, presque partout, dâautres variantes Ă©taient utilisĂ©es. De fait, la carte rend simplement compte des rĂ©gions oĂč lâon a observĂ© les pourcentages les plus Ă©levĂ©s pour chaque item proposĂ© dans le questionnaire. Les donnĂ©es dialectales de lâALF rĂ©coltĂ©es par E. Edmont et Ă©ditĂ©es par J. GilliĂ©ron ne permettent pas de documenter la situation dans les dialectes galloromans parlĂ©s vers la fin du XIXe s. Le questionnaire comprenait les mots pot » carte 1065 et cruche » carte 1526. Le sens exact du mot pot » nâa pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© dans lâenquĂȘte dialectale ; quant au mot cruche », il est fortement polysĂ©mique, comme le rĂ©vĂšlent les rĂ©ponses des tĂ©moins qui donnent des noms diffĂ©rents Ă lâobjet selon quâil soit en bois ou en terre, avec ou sans bec, avec une ou deux anses, etc.. Il aurait fallu que la question porte sur les dĂ©nominations du pot dâeau que lâon utilise Ă table pour que les donnĂ©es soient comparables. Sur le plan diachronique, notre derniĂšre carte laisse penser que certaines des aires aujourdâhui sĂ©parĂ©es ne lâont pas toujours Ă©tĂ©. Lâaire de cruche dans le dĂ©partement de la Seine-Maritime a dĂ» ĂȘtre naguĂšre connectĂ©e Ă celle du nord-ouest, comme lâaire de broc dâeau qui a du naguĂšre ĂȘtre continue. Ce billet vous a plu? Alors nâhĂ©sitez pas Ă le partager sur les rĂ©seaux sociaux profitez-en aussi pour vous abonner Ă notre page Facebook si vous ne voulez manquer aucune info en rapport avec le projet; on est aussi sur Instagram et Twitter. NâhĂ©sitez pas non plus Ă participer Ă lâune de nos enquĂȘtes sur le français rĂ©gional. Ăa ne prend que dix minutes Ă tout casser, ça se fait depuis chez soi sur son ordinateur, son tĂ©lĂ©phone ou sa tablette, anonymement, et ça nous aide beaucoup! Les cartes que nous prĂ©sentons ne peuvent ĂȘtre fiables que si elles se basent sur les rĂ©ponses de milliers de participants.
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Par Didier Beauregard, journaliste et essayiste ⊠PolĂ©mia a publiĂ© de nombreux articles dâanalyses de la prĂ©sidentielle. FidĂšle Ă la rĂ©putation de notre fondation et Ă son nom, nous publions auprĂšs de nos lecteurs des textes qui reflĂštent parfois des lignes diffĂ©rentes. Câest lâessence mĂȘme du dĂ©bat, valeur ancestrale de la civilisation europĂ©enne. Nous avons ainsi publiĂ© plusieurs textes analysant favorablement la campagne dâĂric Zemmour et portant un regard positif sur les capacitĂ©s de ReconquĂȘte Ă engranger les victoires dans les annĂ©es qui viennent. Par exemple ici ou lĂ . Câest dans cet esprit de confrontations des idĂ©es que nous publions le texte que nous a fait parvenir un de nos contributeurs. Dans un appel vibrant Ă lâunion de la droite, Didier Beauregard Ă©gratigne tous les candidats. Car, aprĂšs tout, qui aime bien chĂątie bien ! PolĂ©mia PassĂ© le deuxiĂšme tour des prĂ©sidentielles, lâĂ©preuve des lĂ©gislatives sannonce redoutable pour la droite de rupture si elle va au combat divisĂ©e contre elle-mĂȘme, minĂ©e par un affrontement dĂ©vastateur des egos et des dĂ©testations ! », voilĂ ce que nous Ă©crivions dans notre derniĂšre chronique dans ces mĂȘmes colonnes. Si le pire nâest jamais sĂ»r, dit-on, il semble devoir sâimposer comme lâhorizon indĂ©passable de la droite française, en lâabsence dâunion des forces des droites nationales, incapables de se rassembler dans un moment historique dĂ©cisif. Au-delĂ des aspects idĂ©ologiques qui fractionnent la droite, impuissante, contrairement Ă la gauche, Ă nommer un ennemi commun pour mener un combat commun, il faut bien constater aussi que les personnalitĂ©s leaders ne sont pas au niveau des enjeux quâelles sont censĂ©es affronter. La guerre des egos, qui fonde lâordinaire de toutes les familles politiques, est aggravĂ©e par des choix stratĂ©giques divergents qui reposent largement sur de fausses perceptions de la rĂ©alitĂ© politique et sociale du pays. Câest ce que nous nous proposons dâanalyser dans cet article. La recomposition de la droite doit parachever la recomposition politique en cours Les Ă©lecteurs pour lâunion des droites La palme de la contrevĂ©ritĂ©, dans le triste feuilleton des occasions manquĂ©es dont nous sommes les tĂ©moins, revient Ă Marine Le Pen, quand elle affirme, avec le plus grand aplomb, quâelle refuse lâalliance avec ReconquĂȘte pour ne pas trahir ses Ă©lecteurs ! Une inversion de la rĂ©alitĂ© ; alors quâun rĂ©cent sondage montrait que 75% des Ă©lecteurs RN sont favorables Ă cette alliance, soutenue par 70% des Ă©lecteurs de droite, dont 43% de ceux de LR ! Marine Le Pen se pique de ne pas cĂ©der Ă la politique politicienne des alliances opportunistes, quand son attitude tendrait Ă montrer que son souci premier est de conserver le monopole de la fonction contestatrice et tribunitienne qui permet Ă lâentreprise familiale de prospĂ©rer, en dĂ©pit des Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s qui ne laissent envisager aucune perspective sĂ©rieuse de victoire. Il est lĂ©gitime de se poser la question de savoir si, prendre le pouvoir, est bien la finalitĂ© politique de la chef du Rassemblement National, qui porte si mal son nom ? On ne peut construire un grand parti national, en fonctionnant sur un noyau trĂšs restreint dâindividus, unis par des liens familiaux et dâobĂ©issance clanique, en excluant toute diversitĂ© idĂ©ologique. Un grand parti doit savoir unir des sensibilitĂ©s idĂ©ologiques diffĂ©rentes et favoriser lâexpression de personnalitĂ©s fortes et diverses, aptes Ă Ă©largir son espace Ă©lectoral. Un chef de parti doit ĂȘtre un chef dâorchestre qui met en cohĂ©rence autour de lui les diffĂ©rents courants de pensĂ©e qui peuvent partager un combat commun. La droite, une fois de plus, est victime de son culte archaĂŻque du chef monolithique. A contrario, la gauche trouve sa force dans la diversitĂ© des courants et la guerre idĂ©ologique interne qui lâanime, Ă©tant assurĂ©e que la dĂ©testation dâun ennemi commun, nommĂ© et diabolisĂ©, lui permettra de se retrouver unie dans les moments dĂ©cisifs. Le modĂšle du genre est lâUnion de la gauche portĂ©e par François Mitterrand qui a permis Ă ce dernier dâaccĂ©der au pouvoir aprĂšs dix ans dâune guerre incessante avec son partenaire communiste. A un niveau nettement infĂ©rieur, MĂ©lenchon vient de nous rejouer, avec succĂšs, la tragicomĂ©die de lâunion des gauches, qui permet Ă ces derniĂšres dâoccuper le devant de la scĂšne malgrĂ© leur dĂ©pĂ©rissement global. Lâabsence dâune culture de la controverse et de la confrontation idĂ©ologique sâest manifestĂ©e de maniĂšre particuliĂšrement visible dans le rĂ©cent dĂ©bat du 2e tour, oĂč la candidate RN a subi les attaques de son adversaire, avec une incapacitĂ© criante de contrebattre ses arguments. Lâerreur de Zemmour Si les talents dâĂric Zemmour pour le dĂ©bat et la controverse idĂ©ologique ne sont plus Ă dĂ©montrer, ses choix stratĂ©giques et ses postures ont laissĂ© apparaitre quelques failles qui ont Ă©tĂ©, hors effet Ukraine, dĂ©terminantes dans sa contreperformance. Il nâa pas su rĂ©sister Ă la tentation de la polĂ©mique avec sa rivale du RN, alors que, dâĂ©vidence, il avait tout Ă perdre Ă sâengager dans cette voie. Un leader politique qui se prĂ©sente au suffrage du peuple doit savoir maĂźtriser son sentiment de supĂ©rioritĂ©. Mais, plus fondamentalement, son choix stratĂ©gique, essentiellement centrĂ© sur la question identitaire et sĂ©curitaire, sâest rĂ©vĂ©lĂ© erronĂ©. Si prĂšs de 70% des français partagent, plus ou moins, ses analyses sur les dangers de lâimmigration et la prĂ©sence massive de lâislam dans notre pays, il est naĂŻf de penser quâils choisiront pour autant lâhomme politique qui se saisie de ces inquiĂ©tudes. Le FN a longtemps partagĂ© cette illusion quand ses partisans affirmaient que Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que les français pensent tout bas, espĂ©rant ainsi le ralliement de la masse. La sociologie politique est forcĂ©ment plus complexe et traduit des approches et des attentes contradictoires, voire incohĂ©rentes. Pour preuve, si 70% de nos concitoyens sâinquiĂštent de lâimmigration de masse, plus de 60% dâentre eux ont votĂ© pour des partis rĂ©solument immigrationniste, dont 58% pour Macron au second tour. Le citoyen Ă©lecteur est un ĂȘtre fragmentĂ© et compartimentĂ©, dont la main droite ignore souvent ce que fait la main gauche. Eric Zemmour candidat Ă la prĂ©sidentielle vers le renouveau de la droite ? Zemmour, paradoxalement, a partagĂ© le mĂȘme type dâerreur que Giscard dâEstaing, quand confondant le centre sociologique et le centre idĂ©ologique de la France des annĂ©es 70, il prĂ©tendait rĂ©unir au centre 2 français sur 3 autour du centre sociologique de la large classe moyenne, alors que lâĂ©poque Ă©tait marquĂ©e par une culture idĂ©ologique dâaffrontement binaire droite/gauche quâil a refusĂ© dâassumer. Zemmour commet lâerreur inverse, en pensant que le constat culturel dâune crainte partagĂ©e de lâimmigration de masse puisse constituer, par effet mĂ©canique, une nouvelle sociologie politique autour de lâimmigration et de ses enjeux civilisationnels. La profondeur du conditionnement des esprits ne permet pas ce sursaut quantitatif et qualitatif et, surtout, la problĂ©matique de lâimmigration, mĂȘme trĂšs Ă©largie, ne permet pas dâenglober la diversitĂ© des attentes des Ă©lecteurs. Pouvoir dâachat vs identitĂ© et sĂ©curitĂ©, un faux dĂ©bat ! Nous abordons lĂ un sujet crucial, source de divisions et dâincomprĂ©hensions dans le camp national, dont nous devons prĂ©ciser lâenjeu celui de lâarticulation entre les questions sociĂ©tales et civilisationnelles et les problĂ©matiques socio-Ă©conomiques ; dâoĂč tout le dĂ©bat entre le pouvoir dâachat et le rĂ©galien qui a marquĂ© la campagne prĂ©sidentielle. Seul Zemmour a rĂ©solument assumĂ© lâoption identitaire, quand tous les autres candidats ont choisi, chacun pour des raisons Ă©videntes, de privilĂ©gier la thĂ©matique du pouvoir dâachat Marine Le Pen pour consolider son image sociale auprĂšs de lâĂ©lectorat populaire, la gauche, parce quâelle est immigrationniste par essence, et Macron, outre ses choix idĂ©ologiques pro-immigration quâil ne pouvait franchement revendiquer, qui Ă©tait particuliĂšrement vulnĂ©rable sur le sujet identitĂ©/ sĂ©curitĂ©. Disons-le nettement, cette construction dâopposition binaire entre le civilisationnel et lâĂ©conomique est particuliĂšrement pernicieuse et doit ĂȘtre rejetĂ©e totalement comme source privilĂ©giĂ©e de manipulation de lâopinion. De fait, les deux problĂ©matiques Ă©voluent dans des espaces diffĂ©rents qui ne peuvent se comparer mais, qui loin de sâopposer, se rĂ©pondent. Les immigrationnistes, la gauche en tĂȘte, exhibant les rĂ©sultats des Ă©tudes dâopinion, ne ratent pas une occasion de relativiser, voir nier, la question migratoire et sĂ©curitaire, en montrant que le pouvoir dâachat est la premiĂšre question qui prĂ©occupe et mobilise les français ; argument facile, martelĂ© pour escamoter la question identitaire. En termes de psycho-sociologie cette affirmation nâa pas de sens, car la premiĂšre position, le pouvoir dâachat, nâannule pas la deuxiĂšme le sĂ©curitaire/ identitaire, mais la renforce. Le pouvoir dâachat est un problĂšme Ă©crasant qui conditionne la qualitĂ© quotidienne de lâexistence de ceux qui sont socialement fragilisĂ©s, il est une fatalitĂ© de tous les jours qui sâimpose comme un enjeu vital, nul ne peut sâarrĂȘter de manger, de se loger ou de se dĂ©placer. Lâidentitaire, mĂȘme oppressant, est du domaine du ressenti, du bien ĂȘtre existentiel, on peut en souffrir profondĂ©ment et sâen distancier au quotidien. Quant au sĂ©curitaire, largement liĂ© Ă lâidentitaire dans lâesprit du français ordinaire, il est, sauf cas particuliĂšrement dramatiques, vĂ©cu comme une fatalitĂ© avec laquelle il faut apprendre Ă composer. Elle crĂ©e un climat lourd dâangoisse et de mal-ĂȘtre, mais les populations indigĂšnes, aisĂ©es ou populaires, ont appris, au fil des dĂ©cennies, Ă gĂ©rer le risque. Ces populations dans leur mode de vie quotidien restreignent et sâadaptent Ă leur espace public, en fonction des considĂ©rations sĂ©curitaires. La recomposition de la gĂ©ographie de lâhabitat, avec ses centres ville boboĂŻsĂ©s, et ses zones pĂ©riphĂ©riques pavillonnaires, est largement le fruit de cette adaptation aux bouleversements humains gĂ©nĂ©rĂ©s par lâimmigration, combinĂ©s avec la dimension Ă©conomique des prix de lâimmobilier urbain. Et câest bien lĂ que la question sociale et identitaire se recoupent, car la masse des classes moyennes et populaires sait que la paupĂ©risation renvoie ou maintient le petit blanc » dans les zones dĂ©francisĂ©es », oĂč il se trouvera en tant que maillon le plus vulnĂ©rable de son environnement social. A contrario, des revenus corrects permettent de rejoindre les zones pavillonnaires ou urbaines, oĂč la propriĂ©tĂ© immobiliĂšre assure un minimum de sĂ©curitĂ© et de cohĂ©rence identitaire ; un enjeu capital pour la scolarisation des enfants, notamment. Il est donc absurde, rĂ©pĂ©tons-le, dâopposer pouvoir dâachat et identitĂ©/sĂ©curitĂ© ; ce sont les deux faces dâune mĂȘme mĂ©daille qui ne sont pas hiĂ©rarchisĂ©es avec le mĂȘme niveau dâurgence et de contrainte lâune sâimpose comme une prioritĂ© lancinante du quotidien, lâautre comme une peur larvĂ©e Ă laquelle on sâadapte tant bien que mal, tant quâelle ne vous frappe pas directement. Il est logique que lâangoisse de la dĂ©tresse sociale qui dĂ©truit la vie quotidienne lâemporte sur la crainte sĂ©curitaire dans les prĂ©occupations des français, sans que cela ne relativise en rien lâimportance de cette derniĂšre qui lui est Ă©troitement liĂ©e. Emmanuel Macron, acteur clĂ© de la recomposition de la droite ? Il est donc illusoire de mener campagne avec lâintention rĂ©elle dâarriver au pouvoir, sans avoir prĂ©alablement pris la peine dâassoir une crĂ©dibilitĂ© Ă©conomique qui rassure un Ă©lectorat potentiel. Lâenjeu matĂ©riel du quotidien pĂšse prioritairement sur les choix politiques, dâautant que la propagande du systĂšme peut durablement tricher sur la perception des français sur les enjeux migratoires et sĂ©curitaires, une part non nĂ©gligeable de la population vit encore dans des zones plus ou moins prĂ©servĂ©es, mais tout un chacun est confrontĂ© Ă lâincontournable principe de rĂ©alitĂ© de son pouvoir dâachat ; je peux, ou je ne peux pas avoir ce dont jâai besoin ! Au-delĂ de la naturelle divergence des positions, cette crĂ©dibilitĂ© passe dâabord par la reconnaissance de lâimportance de lâenjeu Ă©conomique et social, afin de conforter lâĂ©lecteur sur la prise en compte de ses attentes. Elle passe aussi par le soutien que peuvent apporter des acteurs de lâĂ©conomie, entrepreneurs ou autres, et un corpus thĂ©orique qui puisse ĂȘtre lĂ©gitimĂ© par des personnalitĂ©s reconnues pour leur savoir, des acadĂ©miques, notamment. Les diffĂ©rentes familles de la droite nationale nâont jamais rĂ©ussi Ă acquĂ©rir cette lĂ©gitimitĂ© Ă©conomique, alors que, dans les pays anglo-saxons, elle a Ă©tĂ© Ă la base des succĂšs du camp conservateur, comme en leurs temps, Thatcher, Reagan, ou mĂȘme Trump. Il faut engager une alliance des droites sur la base dâune plateforme programmatique prioritairement construite autour des enjeux Ă©conomiques, si lâon considĂšre, a fortiori, que le constat sur lâidentitaire et le sĂ©curitaire est dĂ©jĂ trĂšs largement partagĂ© par lâensemble des forces qui se rĂ©clament de la droite. Lâillusion de Marine MalgrĂ© tous ses efforts pour se normaliser », Marine Le Pen nâa jamais rĂ©ussi Ă obtenir un label de crĂ©dibilitĂ© en termes Ă©conomique. Pire encore, lâĂ©largissement des thĂšmes sĂ©curitaires et identitaires dans la conscience collective, a obligĂ© les adversaires du RN Ă concentrer leurs attaques sur sa dangerositĂ© Ă©conomique qui, selon eux, isolerait et ruinerait la France en quelques mois. Il faut savoir que Les Echos, journal de lâidĂ©ologie dominante des milieux Ă©conomiques, a Ă©tĂ©, durant les prĂ©sidentielles, un des titres les plus virulents contre la candidate du RN. Marine Le Pen est enfermĂ©e dans une contradiction quâelle nâarrive pas Ă surmonter entre son dĂ©sir dâĂȘtre acceptĂ©e au sein du systĂšme et sa volontĂ© dâafficher une dimension sociale qui peut sĂ©duire une certaine » gauche populaire », au-delĂ de lâopposition droite/gauche. En consĂ©quence, elle se mĂ©lenchonise » aux yeux du systĂšme et de la droite patrimoniale, sans gains rĂ©els du cĂŽtĂ© de la gauche. Son analyse est sociologiquement fausse, et ses rĂ©serves de voix potentielles ne sont pas du cĂŽtĂ© de LFI, comme lâa prouvĂ© le 2e tour des prĂ©sidentielles. La gauche de culture populaire et patriote a depuis longtemps quittĂ© les rangs de la gauche officielle et, selon une logique quasi physique, plus lâĂ©lectorat de gauche sâamoindrit, plus il se concentre sur son noyau dur, idĂ©ologiquement fermĂ© et culturellement et sociologiquement incompatible avec la sensibilitĂ© populiste » RN. Il en va de mĂȘme pour ce qui reste de lâĂ©lectorat LR, mĂ©caniquement de plus en plus ĂągĂ© et bourgeois, et donc, de moins en moins susceptible de rejoindre la droite contestatrice. Comme nous lâĂ©crivions dans ces mĂȘmes colonnes, quâimporte que le RN ne se rĂ©clame ni de droite, ni de gauche, le dĂ©terminisme historique et sociologique le place inĂ©luctablement Ă la droite de lâĂ©chiquier politique, lĂ oĂč ses adversaires le positionnent ». En toute logique, la seule voie rĂ©aliste pour le RN dâarriver au pouvoir est dâĂȘtre la plaque tournante dâune alliance des droites de rupture, susceptible de rĂ©unir dâemblĂ©e plus de 40% de lâĂ©lectorat national. LR ou lâart de la destruction programmĂ©e Sâil nây a plus vraiment grand-chose Ă attendre pour la droite de rupture du cĂŽtĂ© de lâĂ©lectorat LR rĂ©siduel, il existe, en revanche, un Ă©lectorat important dâancien Ă©lecteurs de la droite classique » qui ne savent plus vraiment vers qui se tourner. Cet Ă©lectorat reprĂ©sente entre le tiers et la moitiĂ© des Ă©lecteurs de Sarkozy en 2012 et de Fillon en 2017, soit quelque 10% de lâĂ©lectorat global ; câest lĂ , pour des raisons sociologiques et idĂ©ologiques faciles Ă comprendre, que se trouvent les plus importantes rĂ©serves de voies pour une droite offensive. Encore faut-il convaincre cet Ă©lectorat, plutĂŽt bourgeois et conservateur, dâune capacitĂ© Ă gouverner pour quâil bascule largement dans un vote antisystĂšme. Cet Ă©lectorat, toutefois, est toujours susceptible de retourner vers sa famille dâorigine, sâil trouve des leaders quâil juge combatifs et assument leur engagement Ă droite un choix anti PĂ©cresse, en quelque sorte. Nous retrouvons ainsi la problĂ©matique de la qualitĂ© dĂ©ficiente des tĂȘtes dâaffiche des partis. Bruno MĂ©gret La droite doit en finir avec le politiquement correct » Il est proprement stupĂ©fiant que depuis 40 ans, la droite se soit enfermĂ©e dans le ghetto Ă©lectoral du front rĂ©publicain », qui tourne quasiment systĂ©matiquement Ă son dĂ©savantage, sans quâaucune personnalitĂ© majeure de la droite se soit rebellĂ©e contre ce diktat qui assoit la puissance idĂ©ologique de la gauche. Ce principe a distordu la rĂ©alitĂ© politique du pays, au point que la droite institutionnelle a fini par perdre tous ses repĂšres pour se condamner elle-mĂȘme. Tout Ă©tait prĂ©visible et Ă©crit dâavance ; on ne peut combattre durablement deux ennemis Ă la fois au nom de la lutte contre lâextrĂȘme droite », la droite a lĂ©gitimĂ© la domination morale » que la gauche prĂ©tend exercer. AprĂšs le dĂ©sastre de la candidature PĂ©cresse, aboutissement logique de la distorsion stratĂ©gique de la droite, lâavenir de LR est plus quâincertain. Il est encore Ă©tonnant de voir que rien ne bouge, rien ne semble annoncer un revirement stratĂ©gique. Aucun des dirigeants censĂ©s assumer une image de droite forte, nâapparait capable de franchir le Rubicon de la farce tragique du cordon sanitaire rĂ©publicain ». Le paradoxe est que, malgrĂ© lâĂ©tat avancĂ© de dĂ©composition de la droite, un leader solide et dĂ©terminĂ© pourrait probablement encore rafler la mise dâun grand rassemblement des droites, tant les français restent fondamentalement lĂ©gitimistes au regard de ce quâils estiment ĂȘtre la capacitĂ© Ă gouverner. La droite attend toujours son Mitterrand qui brise enfin le tabou de lâalliance interdite, alors que le temps lui est comptĂ© ; en deçà dâun certain seuil il nây a plus de retour possible ! La droite hors les murs » ⊠ou hors-jeu » ? Le vivier Ă©lectoral de la droite est riche et diversifiĂ©, mais aussi Ă©parpillĂ©. Des personnalitĂ©s, hors des deux partis dominants il faut encore attendre pour savoir si ReconquĂȘte confirme sa percĂ©e, sont capables de mobiliser quelques fractions de lâĂ©lectorat national. On pense prioritairement, Ă Dupont Aignan et Philippot, mais aussi, dans une moindre mesure, Ă Asselineau, et, pourquoi pas mĂȘme, Ă Jean Lasalle. Prises dans leur ensemble, ces personnalitĂ©s reprĂ©sentent un espace Ă©lectoral qui Ă©volue autour des 5% ; ce qui est loin dâĂȘtre nĂ©gligeable dans le cadre dâune stratĂ©gie dâalliance, alors que, Ă©parpillĂ©, ce vote ne pĂšse pratiquement rien. La conclusion sâimpose dâelle-mĂȘme si ces personnalitĂ©s peuvent garder un positionnement personnel utile dans le dĂ©bat public- on lâa vu avec le combat de Philippot contre les dĂ©rives covidistes » â il est clair que, isolĂ©es, elles ne peuvent exister Ă©lectoralement. Ces forces, modestes mais combatives sur des thĂ©matiques ciblĂ©es, ont donc tout intĂ©rĂȘt Ă adhĂ©rer Ă une stratĂ©gie dâalliance qui leur permettrait dâexister politiquement, sauf Ă privilĂ©gier un isolement narcissique qui flatte leur ego, dans lâattente du grand choc qui transcendera leur destin. On a toujours le droit de rĂȘver ! Mais la droite hors les murs, câest dâabord la masse des Ă©lecteurs déçus et sceptiques qui se rĂ©fugient dans lâabstention. Aucun candidat, en dĂ©pit des vĆux pieux rĂ©guliĂšrement exprimĂ©s, ne rĂ©ussit Ă les mobiliser, malgrĂ© leur conscience politique souvent dĂ©veloppĂ©e. Il est clair que lâoffre ne correspond pas Ă leurs attentes, et le regard des abstentionnistes est gĂ©nĂ©ralement sĂ©vĂšre sur les personnalitĂ©s politiques de droite, jugĂ©es incapables de porter une vĂ©ritable alternative politique. La dĂ©sunion des droites ne peut quâaggraver ce sentiment, alors que, nous en sommes convaincus, un projet commun sur les bases de quelques grands objectifs partagĂ©s pourrait amorcer une vĂ©ritable dynamique de conquĂȘte du pouvoir. La division des droites, aujourdâhui, laisse le rĂŽle de premier opposant au rĂ©gime Macroniste Ă une gauche mĂ©lenchonisĂ©e » ; ce qui est proprement absurde vu lâĂ©tat gĂ©nĂ©ral des partis de gauche. Face Ă Macron, oĂč est donc passĂ©e la Droite ? LâUnion est un combat Alors, la droite est-elle dĂ©finitivement trop divisĂ©e idĂ©ologiquement et humainement pour pouvoir un jour espĂ©rer bĂątir une alliance qui renverse la donne politique des quatre derniĂšres dĂ©cennies ? En tout Ă©tat de cause, il est vain de vouloir crĂ©er un consensus idĂ©ologique qui nâexiste pas. La conflictualitĂ© et la controverse sont les fruits naturels de la diversitĂ© qui fonde une alliance. LâUnion est un combat », martelait la gauche au temps du Programme commun. Selon une vieille loi de lâhistoire, on sâallie dâabord contre un ennemi commun. Le constat dâun socle de valeurs communes le respect des libertĂ©s essentielles, la transmission culturelle, le patriotisme⊠et le mĂȘme sentiment dâurgence partagĂ© face Ă des dangers identifiĂ©s, devraient permettre de poser les bases dâun consensus de fond, Ă partir duquel pourrait ĂȘtre dĂ©finies les grandes lignes dâun cadre Ă©conomique et institutionnel rĂ©novĂ©; chaque force politique gardant son autonomie dâaction et de proposition Ă lâintĂ©rieur de ce cadre, avec lâengagement dâaccords unitaires Ă chaque Ă©chĂ©ance Ă©lectorale. Sans capacitĂ©s dâalliance lâavenir politique des droites, en tant que force dirigeante, est compromis, et leurs Ă©lecteurs perçoivent clairement cet enjeu. Si le rĂŽle des personnalitĂ©s leaders est essentiel pour porter un projet vers la victoire, il faut alors que le choix des Ă©lecteurs prenne prioritairement en compte la capacitĂ© dâun ou une dirigeante Ă rassembler au-delĂ de sa famille naturelle et des limites de sa personne. Nous sommes Ă un moment historique, oĂč lâabsence ou la prĂ©sence dâune ou plusieurs personnalitĂ© s Ă la hauteur des enjeux historiques que nous affrontons peuvent changer le destin dâun peuple. Didier Beauregard 08/06/2022 Ă propos Articles rĂ©cents Journaliste et essayiste.
ï»żMatthieu12 25 Comme JĂ©sus connaissait leurs pensĂ©es, il leur dit: Tout royaume divisĂ© contre lui-mĂȘme est dĂ©vastĂ©, et toute ville ou maison divisĂ©e contre elle-mĂȘme ne peut subsister. 26 Si Satan chasse Satan, il est divisĂ© contre lui-mĂȘme; comment donc son royaume subsistera-t-il? 27 Et si moi, je chasse les dĂ©mons par BĂ©elzĂ©bul, vos fils, par qui les chassent
Lâimportant est de ne jamais cesser de sâinterroger. La curiositĂ© a sa propre raison dâexister. On ne peut pas sâempĂȘcher dâĂȘtre en admiration quand on contemple les mystĂšres de lâĂ©ternitĂ©, de la vie, de la merveilleuse structure de la rĂ©alitĂ©. Il suffit simplement dâessayer de comprendre un peu ce mystĂšre chaque jour. Ne perdez jamais votre sainte curiositĂ©. », Albert
HIaQSCb. 136 222 174 168 371 3 276 163 393
la france divisĂ©e contre elle mĂȘme